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Culture - Festival al-Bustan

Olivia Gorra, une sacrée diva...

Humour, talent et remarquable présence scénique avec Olivia Gorra, une soprano mexicaine (d’origine libanaise) qui secoue, telle une « pétroleuse », les conventions lyriques et en fait une prestation à la fois amusante et attachante.

Une sacrée et pétillante diva qui a subjugué l’auditoire. Photo Farès Jammal

Une riche palette d’émotions grâce à une sacrée et pétillante diva qui a subjugué l’auditoire. Pour lui donner la réplique, à la clef d’une désarçonnante interprétation, l’Orchestre symphonique de Tbilissi placé sous la direction de Gianluca Marciano.
Mélange inédit de bel canto italien et d’airs des pays latinos pour une performance enrobée d’un humour ravageur, au tempo mené tambour battant. Une performance hors des sentiers battus et qui fait date dans les annales des soirées lyriques du Bustan par son aspect espiègle et ludique, sans absolument manquer à l’art d’un chant parfaitement maîtrisé. Avec des aiguës qui volent, certes, haut et sûrs, mais des notes graves et basses au timbre moins ample et enveloppant.
Après l’ouverture orchestrale, tout en mesures dramatiques et déchirantes, de l’«Intermezzo sinfonico» de Madame Butterfly de Puccini, voilà l’arrivée, par la porte principale du théâtre, d’Olivia Gorra. Arrivée froufroutante, dans l’allée centrale, dans une robe longue gris perle piquée de brillants, couverte d’une écharpe en gaze transparente de la même couleur, pour des épaules nues. Applaudissements du public, jeu de cheveux «auburns» dénoués sur les épaules et la cantatrice entame son concert avec l’émouvant O mio babbino caro de Gianno Schicchi de Puccini où, très sagement, une fille implore la bénédiction de son père pour convoler en justes noces avec l’élu de son cœur. Suit une aria d’Adrienne Lecouvreur de Francesco Cilea et voilà qu’Olivia Gorra, à l’attitude scénique guère guindée ou compassée, passe d’un bout à l’autre de la scène et noue un lien décontracté et complice avec le public et le maestro!
Clins d’œil, gestes espiègles, sourires enjôleurs, mimiques époustouflantes pour un tour de chant démystifiant la solennité et la gravité de la tenue de scène lyrique. Avec un art consommé de tous les paradoxes d’une comédienne et une aisance gestuelle à couper le souffle. Olivia Gorra «sert» l’art lyrique avec un infini respect de l’art de chanter, tout en s’amusant des lignes mélodiques et des situations graves qu’elle rend comme s’il s’agissait d’une facétie d’une légèreté de plume. Un vrai renversement.
De la Rondine de Puccini à ce «Sempre libera» de la Traviata de Verdi, la soprano est inénarrable de drôlerie. Avec l’apport, juste pour quelques phrases, du ténor Dario Schmunk, en amoureux, un peu «bad boy» vêtu de noir... Hilarants sont ces chromatismes et vocalises sur notes aiguës et passionnées avec une jambe pliée et des talons qui balayent l’air d’une Violetta ici foncièrement frivole et volage, loin de la phtisie et des hoquets de douleur de la Dame aux Camélias. Attitude comique, traits moqueurs, douce irrévérence certes, mais un chant impeccablement juste. Un vrai talent et tour de force que de mettre ces distances pour une vivifiante parodie...
Après l’entracte, place aux rythmes et aux couleurs latinos. Soleil, sensualité et exubérance. Ouverture tout en trémolos et espagnolades pour la part orchestrale de La revoltosa preludio de Ruperto Chapi. Jupes relevées jusqu’aux genoux, talons aiguilles (escarpins brodés rutilants de pierreries!) battant la mesure, hanche ondulante, mains en vol de colombe, la cantatrice est à nouveau en spectacle pour donner vie et voix aux Carceleras de Chapi. Une sémillante zarzuela de Serrano, le célébrissime Besame mucho pour l’ultime baiser et le ton de la loufoquerie vire au petit drame avec cet émouvant Te quiero Dijiste de Maria Grever dédié à tous les enfants – et pour sa fille, son talon d’Achille – qu’on voit bien peu... Et les larmes versées (pour de vrai, ce n’était pas de la simulation), avec ce «te quiero» jailli du cœur et des tripes, ont soulevé une tempête d’enthousiasme et de sympathie pour l’artiste qui s’essuyait les yeux et le nez avec le mouchoir tendu par un ambassadeur assis au premier rang.
Et le «show must go on»... avec un opus (Contigo en la distancia) de Portillo de la Luz pour finir avec une valse Dime que si d’Alfonso Esparza Oteo. Toujours avec le comportement informel de la surprenante diva, escarpins à la main et pieds nus, flânant en délicieuse et insolente féminité parmi les auditeurs.
Une diva à la stature sculpturale qui cherche ses aïeux libanais dans la salle et qui, en retour, est gracieusement invitée à Zahlé...
Explosion de rire, de joie et d’applaudissements pour une prestation au-dessus de tout éloge. Avec une cantatrice du calibre d’Olivia Gorra (qui livre les clefs de sa chambre d’hôtel au maestro en rigolant sur scène devant son pupitre, qui s’assied sur les genoux d’un violoncelliste éberlué, qui remercie publiquement, en toute humilité, Myrna Bustany en lui demandant de se lever pour mieux l’applaudir, qui mâte les auditeurs en effleurant des tempes grises ou des jeunesses aux cheveux d’ébène, qui distribue des bises à tire-larigot aux musiciens et aux dames), le public est rondement mené en barque prêt à aller, avec elle, à l’autre bout du monde.
Du charme? C’est évident, mais bien plus, sans oublier un sacré talent...
Une riche palette d’émotions grâce à une sacrée et pétillante diva qui a subjugué l’auditoire. Pour lui donner la réplique, à la clef d’une désarçonnante interprétation, l’Orchestre symphonique de Tbilissi placé sous la direction de Gianluca Marciano.Mélange inédit de bel canto italien et d’airs des pays latinos pour une performance enrobée d’un humour ravageur, au...
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Elle nous a conquis! superbe et inoubliable soiree.

Rbeiz Joanna

10 h 20, le 08 mars 2012

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Commentaires (1)

  • Elle nous a conquis! superbe et inoubliable soiree.

    Rbeiz Joanna

    10 h 20, le 08 mars 2012

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