Rechercher
Rechercher

Culture - Initiative

Métro, c’est beau mais y’a du boulot

Hamra n’est plus « happening ». Hamra est carrément « booming ». Restos, cafés et pubs de tous genres y éclosent avec une rapidité affolante.

Hicham Jaber en MC déjanté. (Hassan Assal)

Dernier-né dans cette mythique rue rouge, un établissement intitulé « Métro al-Madina* », présenté comme une aire de divertissement, une sorte de cabaret multidisciplinaire mettant en vedette des talents artistiques divers, des sketches satiriques, des stand-up comedy et de l’improvisation. Des genres musicaux très variés peuvent aussi y trouver leur expression : du jazz aux musiques du monde, en passant par le cha3bi ou la pop et le rock.
Ce théâtre au deuxième sous-sol du théâtre al-Madina (mais possédant désormais une entrée indépendante), jadis connu sous le nom de Théâtre de poche-Saroulla, devenu en 2006 la salle du « Metropolis Art Cinema », a été récemment réaménagé en salle de cabaret, tout en gardant quelques strapontins et fauteuils d’origine. Avec, en prime, un très bel espace d’attente aménagé comme l’intérieur d’un métro et où siège un beau bar à boissons et à salades.
On applaudit très fort cette initiative visant à offrir un « amusement » au public libanais, d’une part, et à servir de tremplin aux jeunes (ou moins jeunes) artistes, d’autre part. L’on se réjouit d’autant plus en apprenant que c’est Hicham Jaber, le metteur en scène, acteur et dramaturge aux mille et une neurones disjonctées, qui en prend les rennes. On l’imagine facilement en Master of Ceremony clown parmi les pitres, grand escogriffe capable du meilleur comme du... pitre.
Un lieu pour rire et oublier les soucis du quotidien ? Où l’on boit et dîne dans une ambiance décontractée et chaleureuse ? Avec promesse de plumes, de strass et de paillettes ? Yaaaay, que le spectacle commence...
Apparaît donc Hicham Jaber, chemise à jabot en paillettes argentées, assortie à d’improbables chaussures à bouts pointus, boucles noires et moustaches, vague clone de Chouchou voulant imiter la théâtralité flamboyante d’un Freddy Mercury, sans trop y parvenir, bien entendu. Il est l’hurluberlu maître de cérémonie, le fil conducteur de la soirée, capable de la plus grande déférence comme de la plus amusante irrévérence. Mais voilà, ses premières incartades ont enragé plus d’un, en cette soirée inaugurale où étaient invités la presse, les sponsors et les amis. MC de cabaret « trash », de cabaret un peu barré, un peu burlesque, il s’en prend directement aux journalistes, leur reprochant de déformer ses propos, et aux photographes, qui l’aveuglent de leurs flashs. Au grand dam de quelques collègues qui s’éclipsent aussitôt. Les autres, possédant sans doute un seuil de tolérance plus élevé, assistent avec un certain amusement aux déboires à venir. Un chanteur de variétés libanaises, un comique déguisé en ressortissant du Golfe zoophile ( ), une violoniste et un accordéoniste venant de Roumanie, des danseurs brésiliens, des musiciens libanais... Le métro a toujours été considéré comme un moyen de transport populaire. Ce métro-là ne déroge pas à la règle. Mais les spectacles présentés ce soir-là manquent de panache, d’étincelles. Le tout est un peu brouillon, par ailleurs. Dommage.
Entracte. Prenons la température à quelques sièges avoisinants. « Je trouve cela pas mal, affirme une jeune femme. Voyons ce qu’il a à nous offrir. » Derrière, quelques « passagers » sont déjà moins enthousiastes. On demeure assez perplexe sur le choix des revues. Faut-il y voir du second degré ? En sortant, on a l’impression d’avoir mangé un plat indigeste.
Hicham Jaber a-t-il raté son premier métro ? Espérons qu’il saura rattraper les suivants. Ou alors, c’est nous qui avons un métro de retard.
Au fameux slogan postsoixante huitard métro-boulot-dodo, proposons un tout plus local : métro, c’est beau, mais y’a du boulot.

*Immeuble Saroulla, Hamra. Tél. : 01/ 753021.
Dernier-né dans cette mythique rue rouge, un établissement intitulé « Métro al-Madina* », présenté comme une aire de divertissement, une sorte de cabaret multidisciplinaire mettant en vedette des talents artistiques divers, des sketches satiriques, des stand-up comedy et de l’improvisation. Des genres musicaux très variés peuvent aussi y trouver leur expression : du jazz aux...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut