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Culture - Concert

La part des anges entre flûte et harpe

Pour la fête du roi, jour solennel du 15 novembre, l’ambassade de Belgique au Liban a offert un concert de harpe (Cécile Marichal) et de flûte (Nabil Mroué) à l’église Saint-Joseph (USJ). Pluie battante pour un programme éclectique et d’une douceur parfois angélique entre murmures du vent et rideau de notes transparentes dans l’art de pincer les cordes.

Cécile Marichal à la harpe et Nabil Mroué à la flûte ont captivé un public averti. (Photo Ibrahim Tawil)

Petite entorse à la ponctualité avec un petit quart d’heure de retard sur l’horaire annoncé. Non qu’il y ait eu ruade sur le portillon, avec une salle quand même relativement bien remplie, mais une pluie démentielle s’est abattue encombrant les rues de Beyrouth.
Entre tonnerre, éclair et averse pour accompagnement, la harpe et la flûte ont déployé leur soyeuse combinaison à travers des pages de Chopin, Haendel, Debussy, Absil, Ibert, Ghadimi, Bizet, Ravel et Piazzolla.
Cheveux courts, robe longue satinée bordeaux avec boléro noir pour la harpiste et costume sombre pour le flûtiste qui saluent en toute déférence l’auditoire devant l’autel illuminé.
En ouverture, fluide et rêveuse narration de Chopin pour une Variation sur un thème de Rossini où les deux musiciens conjuguent leur talent pour faire la part des tourmentes du prince du clavier et des savoureuses humeurs du plus charmant des gourmets.
Georg Friedrich Haendel prend le relais avec un Concerto pour harpe en si bémol majeur. Rigueur et précision pour une musique, apogée de l’ère baroque, qui a toutes les allures d’un rêve cristallin. Avec Debussy, la flûte a toutes les invocations testamentaires du dieu Pan avant de mourir. On parle bien entendu de ce court (trois minutes!) mais dense solo de flûte que tous les mélomanes ont reconnu: Syrinx.
Plus enjouée, sinueuse et évanescente est cette Arabesque n°1, toujours de Claude Debussy, où harpe et flûte croisent altérations sonores et tonalités mélodiques suaves.
Dans le même sillage de légèreté et d’évasion, avec une imperceptible touche de langueur, est cette Sicilienne d’Absil.
Alerte, vif, clair, élégant, presque enjoué dans ses «espagnolades» prestement enlevées, est cet Entracte de Jacques Ibert (en fait pas d’entracte pour ce concert donné d’une seule traite!).
Accents modernes avec le Prélude pour flûte et harpe de V. Ghadimi (époux de la harpiste Cécile Marichal) pour une narration sans stridence ni tension. Phrases venues d’un autre temps et d’autres horizons, mais qui savent parler au cœur et à l’émotion. Avec des coulées fines de notes où les cordes de la harpe ont une singulière et radieuse éloquence. Juste comme cette phrase de Sagan: «Un peu de soleil dans l’eau froide.»
De l’amour et du soleil, de la passion et du mélodrame avec Bizet pour deux extraits de Carmen et l’Arlésienne. Superbes accords de la harpe pour les trémolos de cet Entracte de la rebelle cigarière gitane, tandis que la flûte assume avec un lyrisme soutenu une mélodie impalpable. Grâce et douceur pour ce délicat Menuet où luit, en une contagieuse jovialité, toute la bonhomie d’Alphonse Daudet.
Pas sensuels et chaloupés pour ce Habanera de Ravel où les trilles ont des provocations furtives et la mélodie, à la fois serpentine et délurée, jette en toute amplitude ses multiples embranchements. Dans le même sillage d’un morceau à atmosphère est ce Café 1930 d’Astor Piazzolla où la harpe et la flûte remplacent les percussions et le bandonéon pour les mesures d’un tango qui a toutes les vapeurs de Buenos Aires. Subtile narration qui ramène l’auditeur, en toute liberté et avec un soupçon d’insolence, vers les rives de Mar Del Plata.
Salve d’applaudissements pour une excellente prestation et un bis gracieusement accordé. Une «espagnolade» tout en panache, fanfreluche et effet d’éventail avec Jacques Ibert.
Nouvelle ovation d’un public encore sous l’anesthésie du charme, tandis qu’au dehors la pluie et l’orage ne cessent de faire rage.
Petite entorse à la ponctualité avec un petit quart d’heure de retard sur l’horaire annoncé. Non qu’il y ait eu ruade sur le portillon, avec une salle quand même relativement bien remplie, mais une pluie démentielle s’est abattue encombrant les rues de Beyrouth. Entre tonnerre, éclair et averse pour accompagnement, la harpe et la flûte ont déployé leur soyeuse combinaison à...
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