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Culture - Signature

Quand le pédiatre Carlo Akatchérian parle de l’enfance...

« Je les ai tant aimés »* (136 pages, édition Antoine) de Carlo Akatchérian, un livre sur l’enfance, présenté par un pédiatre humaniste. Émotion, tendresse et attachement sont au rendez-vous des mots, mais aussi combat pour la vie et témoignage sur les souffrances.*

Un ouvrage touchant et pudique sur quarante ans de service pédiatrique dans un Beyrouth délirant. Une leçon de vie servie avec talent, sensibilité et une remarquable justesse de ton.
Rompu au métier de guérir et d’ausculter les nouveau-nés, nourrissons et très jeunes enfants, Carlo Akatchérian parle de son riche vécu de médecin. Mais aussi, par-delà tout rapport clinique, de ce qui le lie au monde de l’enfance. Cela va de Stéphane et Karim à Myrna, en passant par Hrag, Ali, Hassan, Ziad, Jihad, Manal, Fatmé. Autant de prénoms, et bien d’autres sans nul doute, illustrant des étapes marquantes d’une carrière placée sous serment d’Hippocrate qui prend en charge un être dès le premier cri.
En préface de l’ouvrage, ces quelques lignes percutantes du Pr Géraud Lasfargues (de l’Académie nationale de médecine de France): «Pour soigner un enfant, il faut beaucoup d’humilité, d’intuition, d’écoute mais surtout je dirais d’affection; une affectivité qui comprenne et sache s’émerveiller, bref du cœur.»
Et du cœur, le Pr Carlo Akatchérian en a. Merveilleuses et tendres chroniques que ces pages frémissantes de vie, légèrement saupoudrées d’humour, comme pour prendre ses distances avec la fatalité, imbibées d’une certaine poésie. Pages où, par-delà le respect des autres, sens accompli du devoir, compréhension et dévouement, resplendit l’image radieuse et émouvante d’une ribambelle d’enfants. Chaque page apporte ici une note différente. Un drame, une amitié, un sourire, un regard, une attente, une complicité, un mot inattendu, un geste bouleversant, une réflexion surprenante. Mais aussi, il ne faut jamais l’oublier, il y a toujours une plaie qu’on panse, une cicatrice qu’on cautérise, un diagnostique qu’on redoute. Autant de moments, entre larmes et rires, entre insouciance et douleurs, où les souvenirs sont inoubliables car ce sont des instants regorgeant d’intensité, de gravité, d’espoir et d’enrichissement pour bâtir un avenir... Et que la mémoire garde précieusement.
Après le premier ouvrage à succès Hayrig, reconstitution de la biographie de son père rescapé du génocide arménien, publié il y a déjà quelque temps, Carlo Akatchérian semble avoir pris goût à la bonne littérature, celle qui se dit avec élégance et défend les bonnes causes. Ce nouvel opus s’inscrit dans ce sillage.
Les premières pages sont empreintes, en toute subtilité, d’un lyrisme doublé de réflexion sur la naissance des enfants. Moment attendu et attendrissant où mère, père et enfant sont confrontés à la plus valorisante aventure d’une traversée humaine. Et l’on glisse, en douceur, vers les premiers jeux et s’enclenche, dans un dosage parfait, cette série de portraits où enfants, parents et parfois société et corps médical sont croqués avec vivacité, affection et intelligence. Car rien n’échappe au regard de Carlo Akatchérian. Aussi bien l’aspect lumineux des êtres tout autant que les travers dus à l’ignorance, l’embourgeoisement excessif ou la misère, sans jamais toutefois perdre de vue le sens de la dignité.
Par-delà un style fluide et clair, des citations riches et fines (Montherlant, Balzac, Diderot, Tuéni, Chédid, Dostoïevski), sans jamais recourir au jargon des formules médicales, l’auteur touche par la transparence de son dire et par la simplicité de ses propos. Même quand il marque, sans virulence ni animosité, des points. Points concernant les agissements d’adultes ignorants, prisonniers des traditions, mais aussi certaines méconnaissances médicales. Tout cela constitue une critique constructive et saine.
Voilà un livre qui ne vous tombe jamais des mains. Au contraire, il y a là un souffle palpitant comme une jeune vie qu’on découvre, avec quelque ébahissement, en se penchant sur un berceau.

* Carlo Akatchérian signe son livre le 2 novembre, au stand de la librairie Antoine, à partir de 17 heures.
Un ouvrage touchant et pudique sur quarante ans de service pédiatrique dans un Beyrouth délirant. Une leçon de vie servie avec talent, sensibilité et une remarquable justesse de ton.Rompu au métier de guérir et d’ausculter les nouveau-nés, nourrissons et très jeunes enfants, Carlo Akatchérian parle de son riche vécu de médecin. Mais aussi, par-delà tout rapport clinique, de ce qui...
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