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Économie - Fraude

Rome vent debout contre le fléau de l’évasion fiscale

L’Italie, empêtrée dans la crise de la dette, a décidé de s’attaquer à l’évasion fiscale, un fléau qui prive l’État de dizaines de milliards d’euros et auquel le gouvernement, relayé par des citoyens sur les réseaux sociaux, a décidé de s’attaquer frontalement.
En 2011, les services des impôts ont récupéré environ 11 milliards d’euros auprès de contribuables indélicats, mais c’est seulement la partie visible de l’iceberg : on estime entre 120 et 150 milliards d’euros par an le manque à gagner pour le fisc. Un chiffre inacceptable alors que le pays a dû enchaîner, l’an dernier, au prix de gros sacrifices une succession de plans d’austérité pour un total de 80 milliards d’euros.
Après des années de laxisme et d’amnisties fiscales sous Berlusconi (« Si on me demande 50 %, je me sens moralement autorisé à frauder le fisc », se vantait-il en 2004), son successeur Mario Monti a opéré un changement de cap radical pour défendre les « honnêtes contribuables ». « Dans ce pays, nous devons promouvoir et créer un sens plus profond de citoyenneté », a-t-il dit mercredi. « Il est inacceptable que les travailleurs fassent des sacrifices alors qu’une part importante de la richesse échappe aux taxes, accroissant ainsi la pression fiscale » sur les « honnêtes contribuables », avait-il aussi affirmé samedi alors que le fisc multiplie les opérations contre les fraudeurs.
Le 30 décembre, lors d’un raid à Cortina d’Ampezzo (Nord), une station de ski très chic surnommée la « Perle des Dolomites », quelque 80 inspecteurs du fisc ont contrôlé restaurants, bars et magasins de luxe, ainsi que les propriétaires de grosses voitures. Ces contrôles surprise ont obligé les commerçants de la station à délivrer des tickets de caisse, faisant apparaître une hausse énorme (de 40 à 400 % ! ) de leur chiffre d’affaires par rapport à l’année précédente. Sur les 133 grosses cylindrées contrôlées, 42 propriétaires avaient déclaré des revenus de moins de 30 000 euros bruts par an en 2009 et 2010, et 16 moins de 50 000 euros... D’autres opérations ont suivi, notamment à Portofino, le Saint-Tropez italien de la côte ligure, avec les mêmes résultats.
Mais le gouvernement n’est pas le seul à avoir changé de casaque : une proportion non négligeable d’Italiens semble avoir pris conscience du problème et a décidé de se mobiliser, notamment à travers Internet et les réseaux sociaux. En Italie, il est monnaie courante que des commerçants et des professions libérales (dentistes, médecins...) proposent à leurs clients et patients deux tarifs, avec ou sans facture, le premier plus cher que le second bien évidemment. Un véritable sport national contre lequel Edoardo Sera, un ingénieur informatique de 27 ans, a lancé avec des amis tous âgés de moins de trente ans un site (tassa.li) où il est possible de télécharger gratuitement une application i-Phone ou Android pour signaler sur son portable tout magasin ne donnant pas de ticket de caisse ou facture. Les informations, qui restent anonymes pour ne pas tomber dans la délation, sont automatiquement transmises à un serveur qui dresse une « carte de l’évasion fiscale ». « Nous avons décidé de contribuer à faire monter le niveau d’intégrité afin de faire comprendre que si tout le monde payait les taxes, on arriverait rapidement à une baisse des impôts pour tous », explique Edoardo.
Approche plus agressive sur le groupe Facebook « Amis des tickets de caisse et des factures » ou encore le site evasori.info : ici, les noms et adresses des fraudeurs apparaissent noir sur blanc. Un autre site (nonevado.it, littéralement jenefraudepas.it) énumère au contraire les boulangers, dentistes, bars et artisans qui émettent toujours des tickets de caisse et factures. « Combats l’évasion en achetant seulement auprès d’entreprises et de professionnels honnêtes. Cherche-les sur notre site et aide-nous à en trouver d’autres ! » claironne nonevado.it sur sa page d’accueil. Tout un programme.
(Source : AFP)
L’Italie, empêtrée dans la crise de la dette, a décidé de s’attaquer à l’évasion fiscale, un fléau qui prive l’État de dizaines de milliards d’euros et auquel le gouvernement, relayé par des citoyens sur les réseaux sociaux, a décidé de s’attaquer frontalement.En 2011, les services des impôts ont récupéré environ 11 milliards d’euros auprès de contribuables...

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