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Culture

Caroline Hervé-Montel analyse les liens entre « Renaissance littéraire et conscience nationale »

Le processus d’élaboration de la conscience nationale libanaise dans la littérature francophone, l’émergence des premiers romans en français au Liban et en Égypte (1908-1933) sous l’impulsion de la Nahda et leur contribution à la construction d’un imaginaire national sont les principaux axes du passionnant ouvrage de Caroline Hervé-Montel, « Renaissance littéraire et conscience nationale ».*

Un ouvrage paru aux éditions Geuthner et lauréat du prix Diane Potier-Boes de l’Académie française (2013). Ce rapport entre roman et identité nationale est un terrain qui restait à défricher. L’auteure, agrégée de lettres modernes, docteur en littérature française de Paris III-Sorbonne et enseignante dans un établissement de la mission laïque française à Beyrouth, s’y emploie avec pertinence et rigueur scientifique, dans cette somme de 600 pages fort bien argumentée.
Hervé-Montel analyse le roman francophone libanais, marqué par la thématique tradition-modernité, la prise de conscience de l’individu face au groupe, une réflexion sur l’histoire et aussi sur la place sociale de la femme. Elle décortique sa contribution à l’élaboration d’une mythologie nationale. Ainsi en est-il de Antar, la célèbre pièce de Checri Ghanem jouée à l’Odéon, ou de la redécouverte de la Phénicie et du destin de ses héros antiques, dans Hélissa, princesse tyrienne fondatrice de Carthage, par Jacques Tabet, ou encore de l’exaltation du passé arabe, par Éveline Bustros, dans La Main d’Allah. L’influence de Maurice Barrès, définie comme «l’alliance du nationalisme et du régionalisme», la recherche des racines et l’exaltation de l’énergie nationale, est prégnante dans la littérature libanaise de cette époque, tout comme celle, plus internationaliste, de Romain Rolland dans la littérature francophone égyptienne.
Enfin la place de l’exil est largement soulignée, thème récurrent mais aussi mouvement littéraire né de et dans l’exil, le Mahjar, avec Khalil Gibran en figure de proue et la première autobiographie publiée au Machrek, Les Ailes brisées (1912). L’exil, écrit Hervé-Montel, est «une caractéristique paradoxale de l’identité libanaise», autant que le rapport au sol, au village, à la montagne.
Décrivant «l’affinité sentimentale» entre les Libanais et la langue française, l’auteure souligne que la francophonie au Liban est une question passionnelle parce qu’elle a été un enjeu fondamental dans la construction et le maintien de l’intégrité de la nation libanaise. La place du français au Liban coïncide avec un choix de société, et donc avec une forme d’expression politique de cette société. La vocation d’un pays carrefour de culture, imaginée par ses élites francophones, naît ainsi. Les écrits du père Sélim Abou à ce sujet sont amplement cités par l’auteure.

* Caroline Hervé-Montel signera son livre aujourd’hui, mercredi 6 novembre, à 18 heures, au stand des éditions Geuthner.
Un ouvrage paru aux éditions Geuthner et lauréat du prix Diane Potier-Boes de l’Académie française (2013). Ce rapport entre roman et identité nationale est un terrain qui restait à défricher. L’auteure, agrégée de lettres modernes, docteur en littérature française de Paris III-Sorbonne et enseignante dans un établissement de la mission laïque française à Beyrouth, s’y emploie...

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