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Économie - Relations bilatérales

L’Allemagne s’offusque de critiques américaines sur ses excédents

Le ton accusateur du rapport du Trésor américain était, encore hier, en travers de la gorge des observateurs allemands.

La politique économique allemande va probablement changer, car les conservateurs d’Angela Merkel devraient gouverner avec le SPD social-démocrate. Photo AFP/John MacDougall

La critique américaine inhabituellement virulente des excédents commerciaux allemands est venue toucher une corde sensible cette semaine, dans un contexte de relations germano-américaines tendues et alors qu’un nouveau gouvernement est en négociation à Berlin.
Le Trésor américain a fustigé mercredi dans son rapport semestriel « la croissance anémique de la demande intérieure » de la première économie européenne et « sa dépendance envers les exportations », sources d’un « déséquilibre » surtout en Europe. En un mot : la politique économique allemande est néfaste à l’économie mondiale. Le ministère allemand de l’Économie a jugé la critique « incompréhensible », dans une réaction écrite.
Sur le fond, le reproche n’est pas nouveau, et pas le seul fait des Américains. La Française Christine Lagarde, alors ministre, avait déjà mis au pilori début 2010 les excédents commerciaux allemands. Cette année en avril, le secrétaire américain au Trésor, Jack Lew, a fait le voyage à Berlin pour demander un soutien à la demande intérieure allemande.
Mais le ton accusateur du rapport du Trésor restait hier en travers de la gorge des observateurs allemands. De même que le fait de se retrouver, comme le soulignait
l’édition en ligne du Spiegel, « dans le même sac que les suspects habituels de la politique monétaire, Chine, Japon et Corée du Sud », eux aussi en ligne de mire du texte.
La critique est d’autant plus mal perçue que les Américains ne sont pas en odeur de sainteté en Allemagne, où l’on égrène jour après jour des révélations sur le dispositif d’espionnage américain à grande échelle.

 « N’importe quoi »
Les commentaires du public reflétaient cet agacement : « tout simplement insupportable » jugeait l’internaute « frummler » sur le site du magazine Der Spiegel ;
l’Amérique « ferait mieux de faire d’abord le ménage chez elle », pour « myxim ». Pour Holger Schmieding, économiste de la banque Berenberg, la critique américaine est « n’importe quoi ». Il faisait valoir que les exportations allemandes pointaient au premier semestre 10 % sous leur niveau de 2008, et que la demande intérieure était en hausse.
Et le ministère de l’Économie expliquait que « les dernières prévisions montrent que les investissements repartent en Allemagne et que les dépenses de consommation grimpent ».
Il n’en reste pas moins qu’aux yeux de beaucoup d’autres Européens, ménages et entreprises allemands ne consomment pas assez pour soutenir la demande de produits étrangers. En cause : des salaires plus bas qu’ailleurs et une politique budgétaire toute entière tournée vers l’élimination des déficits.
Selon l’hebdomadaire Die Zeit, la Commission européenne s’apprête à lancer une procédure contre l’Allemagne, au nom d’une règle relativement nouvelle qui plafonne les excédents des comptes courants ramenés au produit intérieur brut (PIB).

Un salaire minimum en vue
Une porte-parole de la Commission a toutefois jugé que l’hypothèse d’une sanction avancée par le journal n’avait « pas de sens » à ce stade. « La Commission prend en compte la situation économique dans son ensemble » avant de décider d’éventuelles procédures, a-t-elle précisé.
Une autre porte-parole, interrogée sur la critique américaine, a rappelé que Bruxelles avait dans ses recommandations à l’Allemagne évoqué le besoin de stimuler la demande. Mais assuré que le pays restait « une locomotive pour la zone euro et l’Europe dans son ensemble ».
De toute façon, la politique économique allemande devrait changer, même a minima, car les conservateurs d’Angela Merkel devraient gouverner avec le SPD social-démocrate. Les deux camps négocient actuellement un programme de gouvernement, dans la foulée des législatives du 22 septembre. Dans cet accord devrait figurer l’instauration d’un salaire minimum généralisé, ce qui constituerait un élément de réponse au soutien de la demande réclamé à Berlin.
Le SPD veut aussi forcer son partenaire de négociations à des investissements massifs dans les infrastructures et l’éducation. Même si cela signifie renoncer à l’objectif actuel de remboursement de la dette à partir de 2015.
© AFP
La critique américaine inhabituellement virulente des excédents commerciaux allemands est venue toucher une corde sensible cette semaine, dans un contexte de relations germano-américaines tendues et alors qu’un nouveau gouvernement est en négociation à Berlin.Le Trésor américain a fustigé mercredi dans son rapport semestriel « la croissance anémique de la demande intérieure » de...
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