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Lifestyle - Tendance

Harlem Renaissance : le rouge, le noir et le blanc ne s’épousent-ils pas ?

Berceau de la culture noire dans le années 1920, le quartier de Harlem était devenu au fil des ans le nid de la descente aux enfers où LSD, marijuana et autres drogues dures se monnayaient. Mais aujourd’hui, Harlem renaît de ses cendres et redevient le lieu où il faut être vu : de l’actuelle First Lady à l’ancien président Bill Clinton.

L’un des deux ouvrages revisitant ce lieu mythique.

Récemment, lors de la réunion annuelle de l’Assemblée générale des Nations unies, la First Lady américaine, Michelle Obama, avait convié les épouses des présidents étrangers présents à un déjeuner, qui avait pour cadre le Studio Museum de Harlem. Dans son mot de bienvenue, elle avait précisé : « Dans les années 1920, ce quartier, qui était le cœur de la communauté noire, avait attiré quelques-uns des plus grands artistes afro-américains que notre pays ait connus.

La plupart des ces hommes et de ces femmes venaient du Sud postesclavage. Et ils étaient avides de trouver un lieu où ils pourraient explorer leurs talents et exprimer librement leurs idées. On leur doit la Harlem Renaissance. Ces artistes ont défini l’expérience afro-américaine. Ce lieu est le fil conducteur qui nous unit tous aujourd’hui. »

 


Michelle Obama recevant au musée de Harlem les épouses de chefs d’État étrangers.

 

 

Ce moment historique qu’a été la Harlem Renaissance vient d’être revisité par deux ouvrages : Les femmes artistes et la politique progressiste durant la Seconde Guerre mondiale, et Miss Anne à Harlem. Le premier ouvrage évoque cette explosion culturelle à travers la vie de trois femmes noires qui, tout en cultivant leur art, ont débuté le mouvement antidiscriminatoire. La danseuse et chorégraphe Pearl Primus, qui les soirs se produisait dans le légendaire Café Society et qui, parallèlement, militait au sein du Parti communiste, à l’époque mené par une poignée de Blancs luttant notamment contre la ségrégation raciale. L’écrivaine Ann Petry a été la première femme noire à avoir réussi à vendre 1,5 million d’exemplaires de son ouvrage traitant de la condition des travailleurs de sa race. Ses écrits avaient été publiés par des organes du Parti communiste dont elle ne faisait pourtant pas partie. La pianiste-compositrice Mary Lou Williams mêlait également les gammes et la politique. Elle cultivait le jazz et le be-bop aux côtés de Dizzy Gillespie, Tadd Dameron, Hank Jones et d’autres, tout en tenant salon dans son appartement où l’on discutait politique, musique et où l’on jouait gros aux cartes.


Explosion des talents noirs
Si cette renaissance des arts et des lettres noirs s’est quelque peu teintée de l’idéologie rouge montante, elle révèle aussi des touches blanches, qui sont l’apport de ce que l’on nommait Miss Anne. Miss Anne était l’appellation d’un groupe de femmes blanches en faveur d’une politique progressiste et antiségrégationniste. Parmi elles, Charlotte Osgood Mason, une grande collectionneuse d’art africain qui demandait à ses protégés de Harlem de l’appeler « marraine », et Lilian Wood, que l’on croyait être noire, avait signé, elle, une nouvelle au vitriol intitulée Laissez mon peuple vivre. Il y avait même une richissime lady, on ne peut plus « British », Nancy Cunard, qui, de son domaine en Angleterre, proclamait : « Je parle comme si j’étais moi-même une négresse. » Poète, militante politique et anarchiste, elle choisit de vivre à Paris, rejette résolument les valeurs familiales et consacre la plus grande partie de sa vie à lutter contre le racisme et le fascisme. Grande collectionneuse d’art africain, elle a été la muse de nombreux écrivains et artistes des années 1920 et 1930 : Aldous Huxley, Tristan Tzara, Ezra Pound, Louis Aragon, Ernest Hemingway, Constantin Brancusi et Man Ray.
Des pasionarias bien en avance sur leur temps, traitées souvent de traîtresses mais qui, toutes couleurs confondues, avaient eu leur mot à dire dans la grande diffusion, en dehors de l’élite noire américaine, de cet épanouissement des talents de ceux qui avaient brisé leurs chaînes. Et que l’on appelait alors les gens de couleur. À noter qu’après avoir terminé son second mandat présidentiel, Bill Clinton avait choisi Harlem, en pleine ascension Hip, pour y installer les bureaux de sa fondation.

 

Pour mémoire

Les beaux jours de Harlem (réservé aux abonnés)

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