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Culture

La femme, la lyre et les pasdarans

Un livre paru en langue persane vient d’être traduit en arabe. Il s’agit de « Camelia » de Camelia Entekhabi-Fard (édition al-Saqi, 302 pages, traduction Oussama Mounzjli).

Une femme artiste, peintre et poète, contre la République des « mollahs » et des « pasdarans ». Confrontation et révélations. Chroniques d’une jeune femme peu rangée.
Parcours d’une agitatrice de consciences, qui parle en toute liberté de l’Iran dans l’ère post-« shahienne ». À travers souvenirs et combats, un témoignage, une défense, une réflexion, une libération. Un choix de vie et de système politique.
Une femme aux longs cheveux noirs, aux traits fins et aux yeux sombres bordés de longs cils veloutés. La douceur éthérée d’un personnage féminin des toiles du quattrocento. Avec cette touche du regard iranien, empreint d’un charme et d’une séduction indéfinissables.
Du rêve d’une enfance insouciante et dorée, des moments d’une vie de grande bourgeoise, sa jeunesse bascule brusquement dans le cauchemar. Suite à un dédale d’exactions qui vont la conduire directement en prison.
Poète à seize ans, amoureuse des mots autant que des couleurs, car elle n’hésite pas non plus en peintre, à la sensibilité et à la palette vives, de caser une part de son imaginaire dans l’espace d’une toile, Camelia Entekhabi-Fard a six ans lorsque les partisans de Khomeyni ont gain de cause contre l’ancien régime et destituent le shah en 1979.
Dans cet Iran bouillonnant où plus rien n’est plus comme avant, la jeune femme tente de garder la tête hors de l’eau et de faire front face à la bourrasque. Mais en vain.
La famille de Camelia, malgré les vents contraires qui soufflent sur leur pays (vingt-sixième puissance économique mondiale par PIB nominal), décide alors de rester à Téhéran. Quoique certains membres de cette même famille, autrefois dans le giron et les faveurs de l’ancien gouvernement, sont déjà portés disparus...
C’est un secret de polichinelle que de dire que les lustres du faste du shah ont subi une éclipse totale pour voir émerger, en tons péremptoires, un nouveau système de vie et de valeurs. Et dans ce mouvement révolutionnaire d’une société en mutation et en chambardement, Camelia Entekhabi-Fard a du mal à trouver sa place, sa voix, son expression, son identité.
Les premiers articles dans la presse (car pour s’exprimer, se démarquer et affirmer son indépendance, elle embrasse une carrière de plume journalistique) lui attirent les foudres du pouvoir. Et la voilà embarquée, sans égards aucun, pour onze mois derrière les barreaux de la prison Tawhid : ici, on ne badine pas avec les diktats des nouvelles normes et réformes.
Calvaire des jours noirs. Pour se soustraire à l’incarcération et aux pénibles interrogatoires, elle tombe dans le piège des fausses confessions, arrachées sous pression et menaces.
Et là, dans ce chapelet de misère, point inattendu, émerge une histoire d’un geôlier avec qui elle aurait entretenu des relations troubles, à la Portier de nuit, le film de Liliana Cavani... Ce qui abrégera son incarcération.
Une fois sortie de prison, Camelia Entekhabi-Fard, tout en luttant pour sa survie, pour se libérer et occulter le passé, quitte son pays natal et rédige ce livre-confession. Elle fait le point des événements qui ont marqué sa jeune existence et remet les aiguilles à l’heure.
Et cette autobiographie, aux détails poignants, mais toujours pudiques, écrite dans une langue simple mais émaillée de poésie, est justement un peu le journal de son vécu de contestataire et de son combat pour la liberté.
Aujourd’hui, tout en partageant son temps entre New York et Dubaï, Camelia Entekhabi-Fard poursuit une carrière de journaliste comme correspondante à l’AFP et Reuters. Malgré sa déconvenue avec les mentalités divergentes et l’autorité des pasdarans, elle n’en porte pas moins l’Iran dans son cœur et au bout de sa plume. Une plume qu’elle veut toujours au service d’une humanité d’une absolue transparence.
Une femme artiste, peintre et poète, contre la République des « mollahs » et des « pasdarans ». Confrontation et révélations. Chroniques d’une jeune femme peu rangée.Parcours d’une agitatrice de consciences, qui parle en toute liberté de l’Iran dans l’ère post-« shahienne ». À travers souvenirs et combats, un témoignage, une défense, une réflexion, une libération....

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