Organisée par thèmes, l’exposition débute par quelques exemples de manipulations photographiques qui tentent de compenser les limitations techniques de ce nouveau support. Au XIXe siècle, on teintait les portraits pour les rendre plus vivants. Pour les visions de groupe, certains photographiaient séparément les sujets dans leur studio puis les collaient notamment sur un fond souvent représentant des extérieurs. Cet art, se faisant de plus en plus sophistiqué, ses tenants ont développé tout un éventail de techniques pour transformer leurs images : combinant notamment photomontages, gravures, retouches au pinceau, jeux de négatifs, multiples prises de vues et autres tours de magie de la chambre noire.
Manipulation manuelle
Une créativité que l’on retrouve dans cette superbe sélection de photographies manipulées manuellement avec un grand sens artistique. Telles des scènes composées à l’aide de multiples négatifs, d’étonnants paysages du tournant du XIXe siècle et des agencements oniriques, prédigitales, signés par des photographes surréalistes des années 20 et 30. Il y a également une section réservée aux images truquées à des fins idéologiques et politiques comprenant, entre autres, une évocation des massacres de la Commune de Paris (1871), un photomontage antinazi et des images falsifiées de l’époque de Staline. La fantaisie est aussi présente avec photos, cartes postales et placards publicitaires humoristiques.
Le mot de la fin : l’apport des artistes contemporains (Duane Michals, Jerry Uelsmann et Yves Klein) qui ont utilisé ces anciennes méthodes pour remettre en question, selon leurs propres styles, la supposée objectivité de la photographie.
Peut-être qu’aujourd’hui on fait, à travers la photo-à-tout-champ, des iPhone, Samsung et autres smartphones, un beau retour à ce concept de Confucius : « Une image vaut mieux que mille mots. »