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Lifestyle - Cannes 2013

Douglas et Damon hallucinants en folles furieuses pour Soderbergh

À mi-parcours, les frères Coen et un film choc chinois favoris pour la Palme.

L’équipe de « Behind the Candelabra » (de g. à d.) : Scott Thorson, Steven Soderbergh, Michael Douglas, Jerry Weintraub, Matt Damon et Richard LaGravenese.   Anne-Christine Poujoulat/AFP

L’acteur oscarisé Michael Douglas, habitué aux rôles virils, se métamorphose avec brio dans le dernier Soderbergh en pianiste virtuose, 100 % gay et roi du bling-bling, un rôle qui pourrait lui valoir un prix d’interprétation à Cannes, à partager peut-être aussi avec Matt Damon.


Michael Douglas, la voix étranglée par l’émotion, a déclaré hier devant la presse être « éternellement reconnaissant envers Steven Soderbergh de l’avoir attendu » pour faire ce film. « C’était juste après mon cancer (de la gorge). Il m’a fait un grand cadeau avec ce rôle », a-t-il dit. Ma vie avec Liberace, un des films les plus attendus à Cannes et présenté en compétition, raconte l’histoire de Wladiu Valentino Liberace, Lee pour les intimes, né en 1919. Des années 1950 aux années 1970, il a été le showman le mieux payé des États-Unis, attirant les foules, surtout féminines, à ses shows à Las Vegas ou à la télévision. Un jour de 1977, il rencontre dans sa loge le jeune Scott Thorson (Matt Damon, à contre-emploi également). Malgré la différence d’âge et de milieu social, les deux hommes vivront secrètement ensemble pendant cinq ans, jusqu’à leur séparation brutale. Si l’artiste impose avec succès sa démesure, costumes de scènes ultravoyants ou arrivées en Rolls sur scène, il n’était pas question dans l’Amérique de l’époque de dévoiler son homosexualité. Son entourage, qui faisait fuiter de prétendues relations avec des femmes, niera à sa mort en 1987 que le sida l’avait emporté.


Steven Soderbergh raconte avoir vu des émissions de Liberace à la télévision quand il était enfant, et surtout ses parents les regarder : « J’étais fasciné par leur fascination. » Plutôt qu’un biopic, le cinéaste s’est focalisé sur une « période limitée » de sa vie, en s’appuyant sur le livre écrit par Scott Thorson. Pour Soderbegh, il ne s’agissait pas non plus de faire un film caricatural, car Liberace était « un excellent musicien ». « Nous voulions faire quelque chose de réaliste, intime, une chose dans laquelle on pourrait croire qu’il y avait un vrai lien entre les deux personnes. » Le film montre par touches répétées « les fortes pressions » pesant sur le couple, condamné à cacher leur relation. « Ce qui m’intéressait, c’était le personnage Liberace, et pas les questions de société », a souligné le cinéaste, en reconnaissant toutefois que son long métrage sortait à une « époque charnière » pour le droit des homosexuels. Steven Soderbergh lui-même n’était pas sûr au départ que son film puisse attirer un public plus large que la communauté homosexuelle, a-t-il confié. Le film sera diffusé uniquement à la télévision américaine par HBO, et non pas en salles, mais, selon Soderbergh, « l’audience en sera encore plus grande » ! Pour entrer dans le personnage, Michael Douglas avoue avoir été « angoissé » car il « n’avait pas la taille ni la carrure de Liberace ». Il a aussi visionné une foule de documentaires sur Liberace pour pouvoir mimer sa manière de jouer, « car je ne suis pas pianiste » ! Matt Damon, qui dévoile son postérieur à plusieurs reprises, assure aussi « ne pas avoir hésité un instant avant d’accepter de tourner » pour la 7e fois avec Soderbergh. Et se retrouver dans un lit avec Michael Douglas ? « Maintenant je partage avec lui d’autres moments que j’ai déjà vécus avec Sharon Stone, Demi Moore et d’autres ! » a-t-il plaisanté


Soderbergh a également confirmé hier qu’il allait faire une pause dans sa carrière, lors d’une conférence de presse à l’issue de la projection du film. « Je vais faire une pause, absolument, mais je ne peux pas dire combien de temps cela va durer, je ne peux pas dire s’il s’agit du dernier film », a-t-il annoncé.

Pronostics
En attendant, à mi-parcours, une comédie des frères Coen, un pamphlet chinois contre la corruption et un drame familial étouffant étaient en tête des pronostics pour la Palme d’or du 66e Festival de Cannes qui sera remise dimanche. Hier, après dix films présentés en compétition sur vingt, le film des frères Coen Inside Llewyn Davis, sur les tribulations d’un chanteur de folk dans le Greenwich village d’avant-Bob Dylan, était en tête des œuvres les plus appréciées par les critiques internationaux interrogés par le magazine professionnel Screen.


Le New York Times et la bible de l’industrie du cinéma Variety soulignaient « l’originalité » ou « la forte émotion » dégagée par ce film réalisé par Joel et Ethan Coen, Palme d’or à Cannes en 1991 pour Barton Fink. Les critiques français réunis par Le Film Français préféraient Le passé de l’Iranien Asghar Farhadi, oscarisé pour Une séparation et qui a cette fois tourné en France un drame familial entre divorce et familles recomposées. Le Chinois Jia Zhangke se plaçait lui dans les deux cas en embuscade avec l’impressionnant A touch of sin, fresque épique et sombre sur une Chine en plein développement économique, mais à quel prix pour les sans-grade, humiliés par des fonctionnaires corrompus. Le quotidien britannique The Guardian a comparé le cinéaste aux maîtres de la violence au cinéma comme l’Américain Quentin Tarantino et l’Italien Sergio Leone, assurant que le spectateur se prenait « une claque sidérante de la part d’un cinéaste précédemment très lisse ».


Venaient ensuite dans un mouchoir de poche le film japonais Tel père, tel fils de Hirokazu Kore-Eda, Jeune et jolie du Français François Ozon ou Borgman du Néerlandais Alex Van Warmerdam. Pour Stuart Kemp, du magazine spécialisé Hollywood Reporter, « aucun des films présentés n’était de mauvaise qualité mais aucun non plus n’était particulièrement remarquable ». Bruno Cras, critique de cinéma sur Europe 1, parle d’un « bon niveau » pour la compétition 2013. « À la moitié du festival, il y a déjà quatre ou cinq films dignes d’être au palmarès à un titre ou un autre, ce n’est déjà pas si mal », a-t-il confié. Quant au critique et historien du cinéma français Jean-Michel Frodon, il estime que le niveau est « incontestablement bon avec une plus grande diversité de styles de films que d’origines de films », allusion à la domination américaine et française dans les productions. Comme Bruno Cras, Jean-Michel Frodon place en tête Jimmy P d’Arnaud Desplechin qu’il qualifie d’« œuvre majeure » alors que l’accueil chaleureux réservé au film Le Passé relève selon lui de « l’hallucination collective ». « Qu’une sélection très attendue comme celle-là ne déçoive pas est déjà une très belle nouvelle », juge à mi-parcours le délégué général du festival Thierry Frémaux. « L’impatience était importante et les notes sont plus élevées qu’à l’accoutumée », relève-t-il.

 

 

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