Rechercher
Rechercher

Culture - Exposition

« L’insondable surface » des paysages et des choses...

Peinture, photographie, vidéo et installation... À l’Institut français, onze artistes de renom, réunis par Saleh Barakat, traitent à travers de multiples supports de « L’insondable surface ».

Fragment de « L’abîme appelle l’abîme » de Tagreed Darghouth (55 x 65 cm).

Sous cet énigmatique intitulé, le galeriste et commissaire de cette exposition a choisi de présenter des œuvres d’artistes contemporains qui abordent le paysage, sa construction et déconstruction, comme objet de réflexion sur les changements sociétaux, les marques du temps, les complexités et transmutations de l’ère contemporaine.
Onze œuvres symboliques qui interrogent «l’insondable surface» des lieux, des événements et des choses.
Petit tour de l’exposition, qui s’ouvre par une immense et explicite huile sur toile de Nadia Safieddine. Une artiste expressionniste qui, à travers une gigantesque silhouette (250x200 cm) se débattant dans une texture pâteuse, représente le «Bourbier» d’une situation polico-sociale dans laquelle est englué le pays du Cèdre.
Explicite également, la monochromie grisâtre et dramatique d’une acrylique sur toile (90x120 cm) d’Oussama Baalbaki qui, par touches fragmentées à effet d’éclats, dépeint un paysage urbain postexplosion dominé par la présence accablante d’une carcasse de voiture... Ainsi que les paysages de dévastation dans les 2 photos carrées (90x90 cm) tirées de la série «Guerre civile» de Fouad el-Khoury. Prises, en 1991, avec une Rolleiflex 6x6, à Hay el-Madi Sfeir et Chiyah, elles mettent l’accent sur la surface de gravats.

Désolation, causticité et cicatrices évolutives...
Idem pour la grande acrylique sur toile d’Ayman Baalbaki (250x180 cm), tirée de la série «Tammouz» réalisée en 2012 et reproduisant, par coups de pinceaux nerveux tout en éclats de matière, la puissance de la destruction d’un immeuble aux étages effondrés...
Dans un autre registre, Bernard Khoury présente, lui, 6 impressions numériques réalisées en 1991 lors d’une proposition faite dans le cadre de la reconstruction de Beyrouth. Il s’agissait, pour cet architecte de renom, de «transformer le processus de démolition des immeubles de la ville endommagés par la guerre en une expérience architecturale collective» à travers le scénario des «Cicatrices évolutives» qui consiste en une peau transparente ceignant la périphérie extérieure d’une ruine.
Dans L’abîme appelle l’abîme, grande peinture constituée d’une juxtaposition de 16 acryliques sur toiles (de 55 x 65 cm chacune), Tagreed Darghouth traite de l’impact du nucléaire sur les paysages crevassés par les tests d’armements. Des surfaces en cratères, marquées par une profonde désolation, symboliques de l’abîme de violence dans lequel s’est laissé entraîner une humanité perdue.
Jaillissant d’une grande toile pâteuse et aux couleurs saturées, un personnage de leader clownesque, hissé au-dessus d’une foule chaotique et informe, fait découvrir, dans une peinture de Marwan Sahmarani baptisée The Grand Candidate II (200x175 cm), la causticité du regard qu’il porte sur la politique libanaise.
Dans une «Vidéo pour la fin du temps», prise durant la guerre de 2006, Roy Samaha accompagne des images insondables à effet texturé d’un solo de clarinette sur fond de battement d’ailes...
Randa Mirza tente une reconnexion avec la ville de Beyrouth à travers 64 petites photos (9x12 cm) juxtaposées qui recomposent une certaine image de la citée, à partir de points de repère comme l’hippodrome, la tour Murr, le Dôme, la grotte aux Pigeons...

« Une main seule ne peut applaudir »
Mohammad-Saïd Baalbaki a placé sous vitrine le bras manquant d’un des personnages du monument aux Martyrs de Marino Mazzacurati qui – criblé d’impact d’obus – n’a pu être réparé. Une pièce en bronze, illustrant un proverbe libanais affirmant qu’«une main seule ne peut applaudir», symbolisant ici la dissension entre les différentes factions et composantes de la population libanaise dont cette sculpture célébrait à l’origine l’union.
Enfin, Omar Fakhoury cherche à démontrer, au moyen d’une installation en entassements de blocs de parpaings, la précarité du change dollar contre livre libanaise (1$ équivalant à 1507,50LL), dénonçant ainsi la fausse stabilité d’un taux entrée depuis 1989 au panthéon des symboles nationaux!
Si certaines œuvres peuvent apparaître de prime abord incernables, pour ne pas dire insondables, l’ensemble de l’exposition reste d’une belle cohérence thématique et qualitative. À découvrir jusqu’au 18 mai.
Sous cet énigmatique intitulé, le galeriste et commissaire de cette exposition a choisi de présenter des œuvres d’artistes contemporains qui abordent le paysage, sa construction et déconstruction, comme objet de réflexion sur les changements sociétaux, les marques du temps, les complexités et transmutations de l’ère contemporaine. Onze œuvres symboliques qui interrogent...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut