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À La Une - Vatican

Démission de Benoît XVI : entre espoir de renouveau et impression de lâchage

Nombreux ont été les prélats à saluer "la sagesse" ou "l'humilité" de la décision du pape.

Benoît XVI a annoncé sa démission pour le 28 février. Gabriel Bouys/AFP

La démission historique de Benoît XVI divise les catholiques et les évêques eux-mêmes : certains y voient un geste de renouveau, plein de promesses, d'autres une désacralisation sans précédent, lourdes de conséquences, et aveu de faiblesse.

 

"C'est un geste de rupture, qui incite l’Église à un examen de conscience pour recommencer d'un bon pied. Ce n'est absolument pas un geste qui désacralise ou qui comporte des dangers spécifiques pour l’Église", déclare à l'AFP Paolo Colonnetti, du mouvement des Focolari.

 

Le père Sergio, supérieur général des Oblats de Marie-Immaculée, "attend, l'esprit confiant, les bienfaits que l’Église recevra de cette décision". Face à la sécularisation, "certains dans l’Église pensent que revenir à la tradition est la solution", mais l’Église a besoin de la "modernité", qui "ne réside pas" seulement dans les réformes ponctuelles, estime-t-il.

 

Nombreux ont été les prélats à saluer "la sagesse" ou "l'humilité" de la décision, qui pourrait ouvrir la voie à d'autres pontificats à durée déterminée, rajeunissant en même temps le gouvernement de l’Église.

 

(Lire aussi : Jean Paul II, Benoît XVI : deux papes, deux décisions)

 

"Elle exprime la conscience professionnelle du pape vis-à-vis de son ministère. Il quitte son ministère, grandi. La fonction de pape était trop sacralisée", confie un cardinal à l'AFP.

Ce haut prélat parlant sous le couvert de l'anonymat y voit même "un moment de grâce et de réflexion sur le monde et sur Dieu" et juge que la réflexion engagée dans l’Église pourrait avoir "des incidences œcuméniques, contribuant à une meilleure compréhension" avec les protestants et les orthodoxes.

 

Le théologien catholique contestataire Hans Küng, proche des protestants et très dur à l'égard d'un homme dont il avait été l'ami à l'université, a exprimé sur la chaîne allemande Phoenix son "grand respect pour un renoncement" qui "changera la manière de voir la papauté".

Quant à la presse mondiale, elle y a vu souvent un geste quasi-révolutionnaire, louant un pape qu'elle critiquait auparavant.

 

Mais chez beaucoup de catholiques, les plus attachés aux traditions mais pas seulement, cette démission sème le trouble: selon le même cardinal, "beaucoup (d'évêques et cardinaux) n'ont pas compris, certains ont été un peu scandalisés, ont eu l'impression d'un lâchage. D'autres ont critiqué le fait qu'il se retire de façon discrète et sans se montrer".

 

(Lire aussi: Le processus d’élection d’un nouveau souverain pontife)

 

Selon des témoins au Vatican, une certaine tristesse ou résignation se lisait sur les visages dans la journée qui a suivi l'annonce surprenante de Benoît XVI.

"C'est une catastrophe, c'est horrible", aurait dit en privé un des participants au consistoire au cours duquel Benoît XVI a annoncé le 11 février sa démission "en pleine liberté" parce qu'il n'avait plus les forces pour bien guider l'Eglise face à un monde en rapides et complexes mutations.

 

Cette tristesse se lisait aussi dans les autobus de Rome, parmi la foule des catholiques, a relevé à l'AFP un évêque français. Pour beaucoup de croyants ordinaires, un pape choisi par l'Esprit saint ne peut renoncer, c'est la rupture d'une élection divine.

"N'est-on pas passé d'une papauté sacrale à une papauté fonctionnelle?", s'inquiète cet évêque, qui hésite sur l'effet à terme qu'aura la première démission d'un souverain pontife en sept siècles.

 

Le cardinal polonais Stanislaw Dziwisz, ancien secrétaire particulier de Jean-Paul II, s'est emporté: "On ne descend pas de la croix", avant de modérer son propos. Karol Wojtyla était resté jusqu'au bout à son poste malgré sa longue agonie.

 

Beaucoup, alors que l’Église est attaquée en raison des scandales passés, craignent que ce soit perçu comme un aveu de faiblesse, et le début d'une série de renoncements, voire d'une "protestantisation" de l’Église.

 

Dans le quotidien français La Croix, deux professeurs de philosophie, Pierre Dulau et Martin Steffens ont fustigé "la violence symbolique" de l'acte de Benoît XVI. Pour les catholiques, "le Pape est l'arche qui relie la terre et le ciel" et "briser cette arche signifie accompagner le mouvement global de désaffiliation", ont-ils noté.

"Partout la parole qu'on donne (dans le mariage, etc.) est rompue, moquée, reléguée aux vieilles curiosités, et il faudrait encore qu'un pape démissionne!", se sont scandalisés les deux philosophes.

 

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commentaires (2)

Calmez-vous un peu et attendez. Les surprises à l'horizon !

SAKR LEBNAN

11 h 35, le 23 février 2013

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Commentaires (2)

  • Calmez-vous un peu et attendez. Les surprises à l'horizon !

    SAKR LEBNAN

    11 h 35, le 23 février 2013

  • La démission de Benoît XVI est audacieuse , un regard moderne pour rajeunir l' Eglise. Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    09 h 47, le 23 février 2013

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