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Moyen Orient et Monde - Révolte

La Russie presse Assad de dialoguer avec l’opposition

Moaz el-Khatib dit niet et demande des excuses à Moscou ; près de 160 personnes tuées hier.

Dans le quartier aleppin de Boustan el-Qasr, des milliers de manifestants ont critiqué l’émissaire onusien Lakhdar Brahimi.    Muzaffar Salman/Reuters

La Russie, seule grande puissance aux relations étroites avec le régime syrien, a pressé hier le président Bachar el-Assad de dialoguer avec l’opposition en vue de résoudre le conflit et multiplie les contacts avec tous les acteurs de ce dossier. « Nous avons activement incité, comme nous le faisons depuis des mois, le régime syrien à faire le maximum pour concrétiser ses intentions de dialoguer avec l’opposition », a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, lors d’une conférence de presse. Le chef de la diplomatie russe a également déclaré que Moscou refusait toujours de soutenir les appels de certains pays à la démission de M. Assad, réaffirmant que cette question revenait au peuple syrien.
Le vice-ministre russe des Affaires étrangères Mikhaïl Bogdanov a indiqué pour sa part que Moscou avait envoyé une invitation au chef de la Coalition de l’opposition syrienne, Moaz el-Khatib, afin de participer à des négociations en vue d’un règlement du conflit. Mais M. Khatib a fermement rejeté cette initiative, réclamant des excuses de la Russie pour sa position par rapport au conflit. « Nous avons dit clairement que nous n’irions pas à Moscou », a-t-il de fait répliqué à la chaîne satellitaire al-Jazira basée au Qatar. « Et nous voulons maintenant des excuses de Sergueï Lavrov qui dit tout le temps que les peuples doivent choisir leur avenir sans ingérence étrangère, (or), la Russie s’ingère et fait comme si tous les massacres dont le peuple syrien a été victime n’était qu’une balade de santé », a-t-il poursuivi. « Si nous ne représentons pas le peuple syrien, pourquoi (les Russes) nous invitent-ils ? Et si nous le représentons, pourquoi la Russie (...) ne condamne-t-elle pas clairement la barbarie de ce régime et ne réclame pas la démission d’Assad ? Ce sont les conditions sine qua non des négociations », a-t-il ajouté.

 


Brahimi dans la ligne de mire des manifestants
Après la visite hier à Moscou du chef de la diplomatie égyptienne Mohammad Amr, l’émissaire de l’ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie Lakhdar Brahimi est attendu aujourd’hui dans la capitale russe. Après les fêtes, William Burns, sous-secrétaire d’État américain chargé du Moyen-Orient, devrait à son tour se rendre dans la capitale russe pour une nouvelle rencontre avec son homologue Mikhaïl Bogdanov et Brahimi. Avec l’appui de Moscou et de Washington, l’émissaire de l’ONU et de la Ligue arabe s’efforce de relancer la déclaration de Genève, un plan de sortie de crise négociée par son prédécesseur Kofi Annan. Adoptée en juin par le Groupe de contact sur la Syrie, elle prône la formation d’un gouvernement de transition mais ne dit rien du rôle d’Assad et des membres de son administration.
Sur le terrain, des milliers de personnes ont défilé hier à travers le pays, jour traditionnel de mobilisation, s’en prenant à M. Brahimi, accusé de « délivrer un certificat d’innocence au meurtrier » Bachar el-Assad, selon des vidéos mises en ligne par des militants.
Des rebelles ont également pris le contrôle hier du champ pétrolier d’el-Tanak, dans la province de Deir ez-Zor, dans l’est de la Syrie, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Les combats ont fait des victimes, morts et blessés, du côté des forces du régime et trois morts parmi les rebelles, précise le communiqué de l’organisation basée en Grande-Bretagne et qui s’appuie sur un large réseau de militants et de médecins sur le terrain.

 

(Lire aussi l'article de Khalil Fleyhane: La crise en Syrie, l’initiative iranienne et l’absolu mutisme de Beyrouth...)

« Édifice fortifié »
Par ailleurs, plusieurs brigades rebelles ont lancé hier une attaque contre la base de Wadi Deif, dans la province d’Idleb, toujours selon l’OSDH. En outre, « de nombreuses troupes y sont rassemblées, elles sont le dernier espoir du régime pour rouvrir la route Damas-Alep, principal accès des renforts militaires vers Alep. La prise de Wadi Deif serait la fin de cet espoir », a poursuivi l’OSDH. Des rebelles sur le terrain ont affirmé que le front jihadiste al-Nosra menait l’offensive, qu’il a baptisée « Édifice fortifié ».
Plus au nord, l’OSDH fait état de violents combats depuis le matin entre les troupes régulières et des combattants d’al-Nosra ainsi que des brigades rebelles près de l’aéroport international d’Alep. Près de Damas, dans la matinée, « l’aviation a bombardé pour la première fois la localité de Assal el-Ward, dans la région du Kalamoun, tuant un civil, blessant des dizaines d’autres et détruisant de nombreuses habitations », a précisé l’OSDH. Des combats et des bombardements ont également eu lieu dans plusieurs banlieues de Damas, a précisé l’OSDH. Hier donc, 153 personnes sont mortes dans les violences, dont 57 combattants prorégime, 49 rebelles et 47 civils, selon un bilan provisoire de l’OSDH qui a précisé que 8 enfants ont été tués dans des raids aériens à Sfiré dans la province d’Alep.
Enfin, deux généraux de l’aviation syrienne ont quitté les rangs de l’armée pour se réfugier en Turquie, rejoignant des centaines d’autres militaires ayant fait défection, a indiqué hier un diplomate turc sous couvert d’anonymat.
Sur le plan humanitaire, une réunion de donateurs se tiendra le 30 janvier au Koweït pour mobiliser l’aide humanitaire en faveur des civils syriens, a indiqué hier l’ONU. Selon son porte-parole Martin Nesirky, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon présidera cette « conférence internationale à haut niveau », et il espère que « le communauté internationale fera davantage pour soulager les souffrances de millions de personnes en Syrie et dans les pays voisins ».
(Sources : agences et rédaction)

 

Reportage:

Quand les rebelles déminent pour protéger les réfugiés

 

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