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À La Une - Médias

Photomontage : le patriarche orthodoxe russe et la montre (de luxe) fantôme

Après les poignées d'amour de Sarkozy, la bague de Dati, le missile iranien, le plumeau de fumée sur Beyrouth ...

La photo retouchée du patriarche Kirill : sur le vernis de la table, l'on voit de reflet de sa montre de luxe effacée. Photo newsru.com

Quand la Russie était soviétique, la retouche d’image était une pratique fréquente.

Qu’un individu tombe en disgrâce, et son image avait de fortes chances d’être éliminée des clichés officiels. Un moyen de réécrire l’histoire, en effaçant les fâcheux.

 

Exemple : le 5 mai 1920, Lénine harangue les soldats sur la place Sverdlov à Moscou, avant leur départ pour le front polonais. Leon Trotsky et Lev Kamenev sont présents. Quand, en 1927, Trotsky est exclu du Politburo, son image disparait du cliché. Il en sera de même pour Kamenev. Quelques années plus tard, c’est physiquement que les deux hommes seront éliminés.

 

La photo du discours du 5 mai 1920, avant et après retouche. 

 

 

Aujourd’hui, la retouche de clichés existe toujours. Pas seulement dans les magazines de mode, et pour des motifs très variés.

 

L'Eglise orthodoxe russe a ainsi reconnu jeudi qu'un photomontage grossier avait été publié sur son site et a admis que son service de presse avait commis une "erreur malheureuse" en faisant disparaître du poignet du Patriarche Kirill une montre de luxe.

"Un de nos principes de base est le refus du recours aux programmes de retouche de photos pour modifier le contenu d'un cliché (...) une violation grossière des principes éthiques a été commise", a indiqué un porte-parole de l'Eglise à l'agence Interfax.

 

La blogosphère se gaussait mercredi d'une photographie sur le site du patriarcat montrant le chef de l'Eglise orthodoxe sans rien au poignet alors que le reflet d'une montre était très clairement visible dans le vernis de la table à laquelle il était assis (voir ici).

 

La photo sans retouche a, depuis, a été mise en ligne.

 

Si le sujet a intéressé la blogosphère, c'est que Kirill a été raillé par le passé par des médias pour avoir été vu portant une montre d'une valeur de plus de 30.000 dollars. Par ailleurs, le chef de l'Eglise orthodoxe, considéré comme un proche de l'homme fort de Russie Vladimir Poutine, a été accusé par des médias russes de s'être enrichi dans les années 1990 sur la vente de tabac et d'alcool. De plus, fin mars, un conflit de voisinage a pris des allures de scandale lorsqu'il a été établi qu'une femme occupait un appartement à une adresse très prestigieuse à Moscou et appartenant au Patriarche Kirill.

 

Enfin, le chef de l'Eglise orthodoxe a été critiqué pour son intransigeance à l'égard de trois jeunes Russes, membres du groupe Pussy Riot, qui encourent 7 ans de détention pour une "prière punk" anti-Poutine chantée en février dans la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou.

 

L'Eglise a dénoncé mardi une campagne pour la discréditer pour des raisons "politiques", et le Patriarcat a appelé à une prière "pour la défense de la foi" dans toutes les églises de Russie le 22 avril.

 

L’affaire de la montre du patriarche n’est pas sans rappeler des retouches photos similaires ayant eu lieu, notamment, en France.

 

En août 2007, le magazine Paris-Match avait gommé les poignées d’amour de Nicolas Sarkozy faisant du canot torse nu avec son fils lors de vacances aux Etats-unis. Poignées visibles sur le cliché original signé Reuters.

 

 

"La position sur le bateau exagérait cette protubérance. En allégeant les ombres, la correction a été exagérée en photogravure", avait expliqué Paris-Match, titre du groupe Lagardère, un ami de Nicolas Sarkozy, interrogé par L'Express qui avait levé le lièvre.

 

Un an plus tard, le site purepeople.com lançait une nouvelle bombinette. Toujours dans Paris-Match, le 17 septembre 2008, un garde du corps du président avait été effacé d’une photo montrant Nicolas Sarkozy et le pape Benoît XV lors de la visite de ce dernier à l’Elysée. Problème, une jambe du garde du corps avait été oubliée, qui trainait là, sans corps, sur le cliché.

 

 

"Il y avait la tête d'un +mec+ du GSPR (groupe de sécurité de la présidence de la République, ndlr) juste derrière Sarkozy. J'ai d'abord essayé de la flouter (...) puis j'ai pris moi-même la décision d'enlever cette tête", avait expliqué l’auteur du cliché, Pascal Rostain, qui avait reconnu une "erreur énorme".

 

L’épisode suivant de la série noire avait eu lieu en novembre de la même année. Au cœur du scandale, cette fois, une bague portée par Rachida Dati, à l’époque garde des Sceaux en guerre contre les magistrats. Une bague Chaumet "en or gris et diamants" d’une valeur de 15.600 euros effacée sur la photo publiée en une du quotidien, par les bons soins du Figaro, propriété de Serge Dassault, un autre proche du président.

 

 

"On assume, avait déclaré la rédactrice en chef du service photo du Figaro à L’Express. On ne voulait pas que la bague soit l’objet de la polémique".

 

Au Etats-unis, le Magazine Time s'était retrouvé au coeur d'un scandale, en 1994, après avoir publié en Une, une photo altérée d'OJ Simpson. Une photo sur laquelle la peau de l'ancien joueur professionnel de football américain accusé d'avoir assassiné son ex-épouse avait été noircie.

 

Le couverture de Time, avec le visage noirci d'OJ Simpson.

 

 

En Iran, c'est avec les missiles que l'on aime jouer. En 2008, l'AFP avait diffusé une photo dont l'agence indiquait qu'elle l'avait prise de Sepah news, le site des Gardiens de la révolutions. Une photo montrant le tir de quatre missiles lors d'un essai militaire iranien très médiatisé.

Mais il était rapidement apparu que le quatrième missile avait été ajouté à la palette graphique. Découvrant le trucage, qui visait probablement à masquer l'échec à l'allumage du quatrième missile, l'AFP avait retiré la photo de son fil.

 

Un quatrième missile copié.

 

 

Le Liban avait également été le sujet d'un trucage photo lors de la guerre de 2006, quand un photographe de l'agence Reuters avait dupliqué un plumeau de fumée sur un cliché montrant le bombardement de Beyrouth par l'armée israélienne. Le photographe avait été viré. 

 

Un plumeau dupliqué au dessus de Beyrouth.

 

Des exemples parmi tant d'autres...

 

 

 

 

Quand la Russie était soviétique, la retouche d’image était une pratique fréquente.
Qu’un individu tombe en disgrâce, et son image avait de fortes chances d’être éliminée des clichés officiels. Un moyen de réécrire l’histoire, en effaçant les fâcheux.
 
Exemple : le 5 mai 1920, Lénine harangue les soldats sur la place Sverdlov à Moscou, avant leur départ pour le front...

commentaires (1)

A partir des années 1980, l’image est devenue prédominante dans tous les pays industrialisés. Le pouvoir des images n’a cessé depuis de s’intensifier.Ces images là valent malheureusement souvent de l’or. L’objectif de la diffusion de ce type d’images est simple : faire de l’argent . Nazira.A.Sabbagha

Sabbagha A. Nazira

06 h 16, le 06 avril 2012

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Commentaires (1)

  • A partir des années 1980, l’image est devenue prédominante dans tous les pays industrialisés. Le pouvoir des images n’a cessé depuis de s’intensifier.Ces images là valent malheureusement souvent de l’or. L’objectif de la diffusion de ce type d’images est simple : faire de l’argent . Nazira.A.Sabbagha

    Sabbagha A. Nazira

    06 h 16, le 06 avril 2012

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