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Moyen Orient et Monde - Éclairage

État sur le papier, la Palestine se retrouve désargentée

Des pécheurs palestiniens à Gaza. AFP/MAHMUD HAMS

Passeports, documents officiels à en-tête ou timbres au nom de l’État de Palestine, l’Autorité palestinienne accumule les attributs ostensibles de souveraineté. Mais elle ne s’est jamais trouvée aussi dépourvue financièrement. Au propre comme au figuré, l’Autorité paie cher son accession au statut d’État observateur à l’ONU le 29 novembre, à laquelle se sont opposés Israël et les États-Unis. La semaine dernière, l’Arabie saoudite lui a versé 100 millions de dollars (75 millions d’euros), un ballon d’oxygène pour l’Autorité palestinienne, incapable de payer à temps ses fonctionnaires. La Ligue arabe a elle annoncé le 13 janvier l’envoi d’une délégation conduite par son secrétaire général Nabil el-Arabi et le Premier ministre palestinien Salam Fayyad dans les pays arabes qui ont promis un « filet de sécurité » de 100 millions de dollars par mois à la suite des sanctions financières israéliennes. En attendant, le gouvernement palestinien dit avoir besoin de « 240 millions de dollars par mois pour remplir ses obligations » tant qu’Israël continue à bloquer les fonds qu’il perçoit pour son compte.


« Quand l’OLP a annoncé qu’elle insistait pour obtenir le statut d’État observateur, la bataille s’est intensifiée avec les États-Unis et le soutien financier arabe à l’Autorité palestinienne a décliné », souligne l’analyste politique Abdelmajid Souilem. « La seule explication de la crise financière est que le peuple palestinien et ses dirigeants payent le prix de la désobéissance à Washington », avance-t-il. Selon l’expert économique Nasser Abdel Karim, « personne ne doit escompter le moindre changement positif sur le plan économique de l’accession de la Palestine au statut d’État observateur à l’ONU ». « Le gouvernement palestinien s’attendait à des difficultés économiques en raison de la décision d’aller à l’ONU, mais il n’a rien fait pour les anticiper », estime-t-il.


Malgré cette crise budgétaire, la Palestine affirme son nouveau statut. Le président Mahmoud Abbas a ainsi ordonné en début d’année de préparer dans les deux mois l’émission de nouveaux papiers (cartes d’identité, passeports, permis de conduire) et de tampons portant l’inscription « État de Palestine ». Le vice-ministre de l’Intérieur Hassan Alaoui a néanmoins tempéré la portée de cette décision. « Nous sommes toujours sous occupation », a-t-il rappelé. « Certes, nous avons la capacité de délivrer un passeport palestinien mais la partie israélienne n’acceptera pas l’utilisation de ces passeports », souligne-t-il. De fait, un Palestinien ne peut utiliser son passeport palestinien si ce document n’est pas inscrit dans les registres d’Israël, qui contrôle la quasi-totalité des accès aux territoires palestiniens.


La bataille se livre aussi dans les chancelleries. Le ministre des Affaires étrangères Riad el-Malki a affirmé que « les en-têtes de toute la correspondance émise par le ministère avaient été changés d’“Autorité palestinienne” à “État de Palestine” », ajoutant que la consigne avait également été transmise à « toutes les ambassades palestiniennes pour tous les documents et tampons officiels ». La ministre des Télécommunications Safaa Nasreddine a elle annoncé le lancement du premier timbre estampillé « État de Palestine », à l’usage des Affaires étrangères, qui le distribueront dans les ambassades et représentations de Palestine. Dans un communiqué, la ministre a prédit « une longue bataille avec la partie israélienne pour traduire dans les faits le rehaussement de la Palestine à l’ONU au rang d’État », précisant que les timbres destinés aux chancelleries devaient d’ailleurs être imprimés à Bahreïn, faute d’imprimeries palestiniennes spécialisées. L’émission de timbres pour usage dans les territoires palestiniens est également prévue, selon le texte, mais « l’autorisation d’Israël est malheureusement nécessaire, avant et après leur impression, pour les faire entrer sur le territoire national ».

Passeports, documents officiels à en-tête ou timbres au nom de l’État de Palestine, l’Autorité palestinienne accumule les attributs ostensibles de souveraineté. Mais elle ne s’est jamais trouvée aussi dépourvue financièrement. Au propre comme au figuré, l’Autorité paie cher son accession au statut d’État observateur à l’ONU le 29 novembre, à laquelle se sont...

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