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Moyen Orient et Monde - Contestation - Les forces de sécurité tentent de mater l’opposition à Banias, Homs et Tafas

La machine répressive ne chôme pas en Syrie

Les autorités syriennes ont affiché leur détermination à faire taire par la force la protestation contre le régime, en ordonnant à l’armée d’intervenir tour à tour à Banias, Homs, Tafas, Dael et Ibtaa. Par ailleurs, un vétéran de la lutte pour les droits de l’homme en Syrie, Riad Seif, a été inculpé pour avoir enfreint l’interdiction de manifester, selon l’avocat Khalil Maatouk.
Vingt-quatre heures après être entrées dans Banias sur la côte méditerranéenne, les forces syriennes ont mené hier des opérations de reprise en main dans plusieurs quartiers de Homs, dans le centre du pays, ont rapporté des habitants. Lors de cette première incursion dans des quartiers d'habitation de cette ville d'un million d'habitants, des tirs de mitrailleuse et des pilonnages se sont fait entendre, ont déclaré ces témoins. Un civil au moins, un enfant de 12 ans, a été tué lors de l'intervention des forces syriennes, épaulées par des chars, dans les quartiers de Bab Sebaa, Bab Amro et Tal al-Sour, dans la nuit de samedi à dimanche, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme. « Ces quartiers sont totalement assiégés. Il y a un black-out complet sur le nombre de tués et de blessés. Les télécommunications et l'électricité sont régulièrement coupées avec ces quartiers », a indiqué l'observatoire dans un communiqué. « On signale d'autres tués, mais cela ne peut pas être confirmé. Je ne peux pas sortir de chez moi. Les forces de sécurité sont partout présentes », a affirmé pour sa part un défenseur des droits de l'homme à Homs, par téléphone.
Des chars sont également entrés dans les petites villes de Tafas, Dael et Ibtaa, trois villes qui représentent, ensemble, 80 000 habitants. Un homme a été tué par les forces de sécurité qui ont fait irruption à son domicile à Tafas, ville dans laquelle des dizaines de personnes ont été arrêtées, a rapporté un défenseur des droits de l'homme. « Ils ont recours à la méthode israélienne. Ils arrivent avec des listes de centaines de personnes recherchées et assiègent des villes entières », a-t-il expliqué.
Le mouvement de contestation du régime du président Bachar el-Assad, parti le 18 mars de Deraa dans le Sud, s'est propagé vendredi à l'ensemble de la région de Hauran, zone agricole du Sud limitrophe de la Jordanie au sud et des hauteurs du Golfe à l'ouest. L'armée a accru sa présence dans la région de Hauran, après s'être retirée cette semaine de Deraa et redéployée dans les localités des environs, ont rapporté des témoins. « Nous savions qu'ils ne nous pardonneraient pas notre solidarité avec Deraa. Ils ont pris pour cible Tafas parce que nombre de jeunes ayant échappé à l'attaque de Deraa y avaient trouvé refuge », a expliqué un habitant de Tafas. Vendredi, des dizaines de milliers de villageois de la région de Hauran avaient convergé en direction de Tafas et scandé des slogans en faveur d'un renversement d'Assad. Empêchés d'entrer dans Deraa, toujours encerclée par des chars, ils avaient alors organisé l'une des plus grandes manifestations jamais vues à Hauran, malgré une forte présence militaire dans cette plaine, ont indiqué des témoins.
À Banias sur la côte méditerranéenne où, selon des défenseurs des droits de l'homme, les forces syriennes ont abattu six civils samedi dans des quartiers sunnites, la vague d'arrestations entamée la veille s'est poursuivie hier. Parmi les personnes arrêtées figure même un enfant de dix ans, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme. Un diplomate occidental a parlé de 7 000 arrestations en Syrie depuis la mi-mars.
Dans la soirée, l'ONG a indiqué que les forces de sécurité ont procédé à plus de 250 interpellations dans cette ville. Ils y ont arrêté les chefs de file de la contestation dont cheikh Anas al-Ayrout, considéré comme le leader du mouvement, ainsi que Bassam Sahiouni, selon la même source.
Vendredi, au moins 26 manifestants avaient été tués par les forces de sécurité dans plusieurs villes du centre et de l'Ouest, tandis que Riad Seif, l'une des principales figures de l'opposition, a été arrêté à Damas, selon des militants des droits de l'homme. M. Seif, qui souffre d'un cancer, a été inculpé hier par la justice pour avoir enfreint l'interdiction de manifester, selon l'avocat Khalil Maatouk. M. Seif a affirmé au juge avoir été « frappé à la tête par les agents de sécurité » avant d'être arrêté. L'opposant âgé de 64 ans avait déjà purgé une peine de deux ans et demi (janvier 2008-juillet 2010) pour avoir appelé à la démocratie dans son pays. Il fait partie des 12 opposants qui avaient signé la Déclaration de Damas, appelant à un changement démocratique en Syrie. Déjà en 2001, il avait été condamné à cinq ans de prison sous l'accusation d'avoir voulu « changer la Constitution d'une manière illégale ». Il avait été arrêté alors en compagnie de neuf autres opposants dans le cadre du « printemps de Damas », la brève période qui avait suivi l'accession de Bachar el-Assad à la présidence en Syrie en 2000.
Le président syrien affirme de son côté que les manifestants sont les agents d'une conspiration ourdie de l'étranger pour provoquer des troubles en Syrie. Les autorités accusent des « groupes terroristes armés » d'être responsables des violences en cours depuis près de deux mois. Selon une organisation de défense des droits de l'homme, les forces de sécurité ont tué au moins 800 civils en sept semaines de soulèvement.
(Source : agences)

Vingt-quatre heures après être entrées dans Banias sur la côte méditerranéenne, les forces syriennes ont mené hier des opérations de reprise en main dans plusieurs quartiers de Homs, dans le centre du pays, ont rapporté des habitants. Lors de cette première incursion dans des quartiers d'habitation de cette ville d'un million d'habitants, des tirs de mitrailleuse et des pilonnages se...

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