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Moyen Orient et Monde - Proche-Orient

Négociations : lassés par les blocages, les Palestiniens lorgnent vers l’ONU

Paris n'exclut pas un examen par le Conseil de sécurité de la création d'un État palestinien, en cas « d'impasse prolongée ».

Les Palestiniens ont célébré hier le 10 000e anniversaire de la fondation de la ville de Jéricho, une oasis de Cisjordanie. Pour l’occasion, le Conseil des ministres palestinien s’est réuni sur place et les autorités ont organisé une course de 4,5 km, suivie de feux d’artifice et d’une fanfare militaire. « Ce n’est pas seulement la célébration d’un anniversaire, mais aussi la préparation et la construction de l’État palestinien dans le cadre d’un projet national », a déclaré le Premier ministre Salam Fayyad à l’ouverture de la cérémonie. Le choix du 10/10/2010 pour marquer l’anniversaire de la ville cananéenne était surtout symbolique. La ville est l’une des plus anciennes du monde, avec des traces d’habitation remontant à 9 000 ans avant J.-C. et des fortifications construites en 7 000 avant J.-C., soit 4 000 ans plus anciennes que les pyramides d’Égypte. Abbas Momani/AFP

Les Palestiniens envisagent de plus en plus sérieusement des solutions unilatérales comme alternatives à un processus de paix avec Israël, bloqué par le différend sur la poursuite de la colonisation juive en Cisjordanie occupée. Vendredi dernier, lors d'une réunion arabe à Syrte (Libye), le dirigeant palestinien Mahmoud Abbas a exposé plusieurs options allant dans ce sens : demander à Washington de reconnaître un État palestinien dans les frontières de 1967, recourir à cette fin au Conseil de sécurité de l'ONU, ou proposer à l'Assemblée générale de l'ONU le placement des territoires occupés sous tutelle internationale.
« Après plus de 19 ans, depuis la conférence de paix de Madrid en 1991, les pourparlers avec Israël n'ont abouti à rien », a déclaré à l'AFP un des négociateurs palestiniens, Mohammad Chtayyeh. Cette conférence avait débouché sur les accords d'autonomie d'Oslo en 1993 et la création de l'Autorité palestinienne, mais la perspective de la proclamation d'un État s'est éloignée depuis, en raison de l'échec des tentatives de règlement final. « Cela n'a pas de sens pour les Palestiniens de continuer à attendre la conjonction d'un gouvernement israélien qui veut la paix et d'une administration américaine qui soit capable de faire pression sur Israël. L'expérience montre que cela ne se produira pas », a affirmé M. Chtayyeh. « Cela n'a pas de sens non plus de laisser à l'occupant (israélien) le soin de mettre fin à l'occupation », a-t-il ajouté.
De fait, toutes les options présentées par le président Abbas, partisan de longue date d'un règlement négocié et de la renonciation à la lutte armée, consistent à contourner le « partenaire » israélien pour en appeler au parrain américain ou à la communauté internationale. « Il a commencé à douter que la voie des négociations puisse conduire à une solution avec Israël », estime l'analyste palestinien Hani al-Masri, pour qui Mahmoud Abbas « est pratiquement persuadé que les négociations ont échoué ».
La Ligue arabe a avalisé la position du dirigeant palestinien, qui refuse de négocier avec Israël tant que la colonisation se poursuit, mais accordé un mois à Washington pour résoudre ce problème. Hier, les responsables israéliens n'avaient toujours pas réagi à la décision de la Ligue arabe sauf Tzipi Livni, la dirigeante du Kadima (opposition), qui s'est déclarée en faveur d'une prolongation du gel de la colonisation. Un responsable gouvernemental, qui a requis l'anonymat, a attribué cette discrétion au fait que « le Premier ministre poursuit ses discussions en coulisses avec les États-Unis ». L'administration du président Obama a offert à Benjamin Netanyahu de lui fournir des armes sophistiquées et de bloquer toute tentative de discuter de la proclamation d'un État palestinien à l'ONU, en échange d'un nouveau moratoire sur la colonisation de 60 jours, selon les médias israéliens.
Cependant, selon Samir Awad, professeur de sciences politiques à l'université de Bir Zeit, en Cisjordanie, « il est clair qu'il n'y aura pas d'intervention américaine sérieuse dans l'intérêt des Palestiniens et même s'il y en avait, les Israéliens n'y répondraient pas ».
En fin de compte, la seule arme diplomatique qui pourrait rester aux négociateurs palestiniens serait l'autodissolution de l'Autorité. « Les seules alternatives sérieuses sont les alternatives unilatérales », a déclaré à l'AFP l'ancien ministre israélien Yossi Beilin, impliqué dans les discussions de paix dans les années 1990. « Menacer de dissoudre l'Autorité palestinienne, c'est quelque chose qu'ils peuvent faire. Ils n'ont besoin de l'approbation de personne pour cela », a souligné M. Beilin. Au début des actuels pourparlers en septembre, le principal négociateur palestinien, Saëb Erakat, en avait également dramatisé l'enjeu, prévenant que l'Autorité risquait de disparaître au profit des islamistes radicaux du Hamas en cas de nouvel échec.
Parallèlement, à Paris, le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner a affirmé que son pays n'excluait pas un examen par le Conseil de sécurité de la création d'un État palestinien, en cas « d'impasse prolongée ». « C'est maintenant, il faut qu'il y ait un État palestinien qui vive en paix avec l'État israélien, c'est absolument indispensable pour la région et le monde entier, les choses iront mieux après », a-t-il estimé.

Les Palestiniens envisagent de plus en plus sérieusement des solutions unilatérales comme alternatives à un processus de paix avec Israël, bloqué par le différend sur la poursuite de la colonisation juive en Cisjordanie occupée. Vendredi dernier, lors d'une réunion arabe à Syrte (Libye), le dirigeant palestinien Mahmoud Abbas...

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