Le chef de l’Église maronite, le patriarche Raï, a ramené au sens des réalités, dimanche, tous les nostalgiques qui jouent la carte du patriarche Sfeir contre lui, en affirmant avec force qu’il incarne, aujourd’hui, la légitimité patriarcale, qu’il n’est d’aucun camp, et que les maronites qui défendent avec ardeur « le Liban véritable » doivent défendre le patriarche. Il l’a fait triomphalement à Peoria (Illinois), devant des Américains originaires du village d’Ayto (Nord) qui l’ont ovationné, et en présence du ministre des Transports du gouvernement américain, Ray LaHood, qui l’a assuré de son appui indéfectible.
En la personne de Ray LaHood, le président Obama a finalement bien reçu le patriarche Raï qui, en des termes que n’aurait certainement pas désavoués le président américain, a déclaré : « Nous croyons au Liban et nous croyons dans l’Église maronite. Nous serons à vos côtés tant que vous serez à la tête de l’Église maronite, au Liban et dans le monde. »
L’ambassadeur du Liban à Washington, Antoine Chédid, a contribué aussi, par la présence et la parole, à cette légitimation que le 14 Mars dénie subtilement au patriarche, depuis la visite de ce dernier à Paris. Il a remercié Ray LaHood pour la promptitude avec laquelle il répond à l’appel chaque fois qu’un besoin surgit.
À la fin d’un dîner servi dans la salle des fêtes de la paroisse Saint-Charbel, composée surtout de descendants du village d’Ayto, dont la population a émigré en nombre vers Peoria depuis 1910, où le géant Caterpillar leur assurait un emploi, le ministre des Transports d’Obama a osé dire : « Je serai toujours fier d’être le seul ministre d’origine arabe du gouvernement du président Obama, et je continuerai à œuvrer pour porter haut la cause du Liban et défendre le Liban véritable aux États-Unis et dans le monde. Je ne laisse passer aucune occasion sans voir ce que nous pouvons, avec mon ami Antoine Chédid et le sénateur Shock, faire pour le Liban. »
Environnement dangereux
« Dans l’environnement dangereux qui est le leur aujourd’hui, a encore dit M. LaHood, nous continuerons à croire dans le Liban, dans les maronites et dans l’Église. »
Était-ce la chaleur de l’accueil, ou l’appui inconditionnel que venait de lui apporter M. LaHood, toujours est-il que le patriarche s’est enflammé ce soir-là. Après avoir lu un discours de remerciements en anglais dans lequel il exposait certaines de ses constantes, le patriarche Raï, passant à l’arabe et s’adressant aux Libanais à travers les micros et les caméras de Télé-
Lumière, Noursat, al-Mada et la LBC, a remercié en des termes très élogieux le ministre américain des Transports pour son appui au Liban : « Ce n’est pas peu que, des douze ministres du gouvernement américain, l’un d’eux soit d’origine libanaise, a-t-il dit. Nous sommes très fiers de ce que vous faites parvenir la voix du Liban au président Obama. C’est sans doute grâce à vous que ce dernier a pu dire, lors de son passage en Égypte : nous devons faire cas des maronites au Liban et en Orient, car ils ont un rôle à remplir. »
Le chef de l’Église maronite a enchaîné en parlant de ses visites pastorales au Liban, et de sa grande surprise de voir non seulement les chrétiens, mais tous les Libanais exprimer leur enthousiasme pour sa personne, ou du moins ce que sa personne symbolise : l’appartenance « sincère, libre et courageuse » au Liban.
« C’est bien là le rôle traditionnel joué par Bkerké, s’est-il enfin écrié, au milieu d’une énorme ovation. Le Liban n’appartient pas à un courant, ni à un parti ni à un camp. Le patriarche appartient à tous, et qui veut le Liban véritable, le Liban de la grandeur, doit vouloir le patriarche, qui n’a d’autre couleur que la couleur du Liban. Il ne faut pas dire : avec qui est le patriarche, mais qui est avec le patriarche. »
Le chef de l’Église maronite a conclu sa diatribe, sous des applaudissements frénétiques des convives, par un vibrant « Vivent les États-Unis ! Vive le Liban ! »
Les chrétiens ne sont pas une minorité
Dans le discours qu’il avait lu, le patriarche Raï était revenu sur l’une de ses idées maîtresses, les chrétiens d’Orient ne sont pas « une minorité à sauver » mais sont partie intégrante de l’Église universelle, il est à l’avant-garde du combat de toute l’Église pour des valeurs qui sont désormais patrimoine commun de toute l’humanité : liberté religieuse, liberté d’expression, respect de la diversité d’opinion, respect du processus démocratique.
« J’aimerais attirer votre attention sur le fait que la présence des chrétiens au Moyen-Orient est essentielle pour l’Église et la culture humaine, avait-il affirmé. Les chrétiens sont partie intégrante de l’Église universelle, du Corps du Christ. Ils poursuivent la proclamation de l’Évangile du salut dans leur environnement géographique (...), l’Évangile de la liberté et de la dignité de la personne. (...) Nous appelons la communauté internationale, en particulier ce grand pays que sont les États-Unis, à garder à l’esprit le rôle indispensable que jouent les chrétiens au Moyen-Orient, à le promouvoir et à agir pour que cette présence perdure. »
Le patriarche avait également rendu hommage au ministre américain des Transports, en affirmant qu’il est « une voix précieuse pour notre peuple au sein de l’administration Obama ; un grand appui pour notre cause, la cause d’un Liban qui cherche la paix et la liberté pour notre peuple, afin qu’il puisse rester enraciné dans cette belle contrée que le pape Jean-Paul II a qualifiée de message pour L’Orient et l’Occident. »
Dans cette même logique, le patriarche a recommandé aux habitants de Peoria : « Continuez d’enregistrer vos mariages et la naissance de vos enfants au consulat libanais. »
« De cette façon, a-t-il poursuivi, vous resterez liés à cette terre de vos pères et aïeux, et vous serez d’un grand appui à vos frères et sœurs qui vivent toujours au Liban, sachant aussi que le système politique libanais est basé sur l’équilibre confessionnel entre chrétiens et musulmans. »
Très tard dans la nuit, le patriarche a continué à poser avec les familles de Peoria qui désiraient se photographier avec lui, pour garder dans les salons de leurs charmantes villas américaines le souvenir de ce moment inoubliable. Le patriarche sera, à partir d’aujourd’hui lundi, à
Chicago.
commentaires (8)
Venez chez nous,M. Farhat...vous verrez,on rigole bien,et on respecte ce qui mérite vraiment d'être respecté,l'être humain...çà n'empêche pas certains d'être chrétiens(dont votre humble serviteur) d'autres d'être musulmans,et même certains autres d'être juifs,athées ou...c'est tout.Nous n'avons pas encore de zoroastriens ou de iphonistes(les adorateurs du grand dieu ifon)...mais çà va venir....Nous vous attendons les bras (et les bouteilles ) grands ouverts.....
GEDEON Christian
06 h 00, le 11 octobre 2011