« M. Berry a condamné la férocité de la riposte militaire d’Israël, tout en admettant qu’un succès de la campagne israélienne contre le Hezbollah serait un excellent moyen de détruire (ses) aspirations militaires et de miner ses ambitions politiques », selon ce câble daté de juillet 2006, classé confidentiel et publié par WikiLeaks la semaine dernière. Le président du Parlement a qualifié l’idée d’une éventuelle attaque contre le Hezbollah pour affaiblir ses capacités militaires et réduire son rôle politique au Liban de « développement positif ».
Selon l’ex-ambassadeur des États-Unis à Beyrouth, Jeffrey Feltman – aujourd’hui sous-secrétaire d’État aux Affaires du Proche-Orient –, les tensions entre M. Berry, chef du mouvement Amal, et le Hezbollah sont dues au fait que ce dernier s’estime le premier représentant de la communauté chiite au Liban.
« Nous sommes certains que M. Berry hait le Hezbollah autant, si ce n’est plus, que le 14 Mars, lit-on dans le câble. Après tout, le soutien du Hezbollah (...) provient des chiites qui, autrement, auraient été des partisans de M. Berry », ajoute le texte, dans lequel Berry est décrit comme ayant été « de très bonne humeur » lors de l’entretien avec l’ambassadeur.
Selon le diplomate, Berry s’est senti également trahi par le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qui avait promis la stabilité au Liban. « Nous ne pouvons plus jamais nous asseoir à une même table avec lui (Nasrallah) », indique M. Feltman citant le chef d’Amal. « Je pense qu’il nous a menti. »
Le président du Parlement, selon les câbles publiés par WikiLeaks (celui datant du 18 août 2006 notamment), n’a pas ménagé le président syrien Bachar el-Assad. Toujours selon Feltman, Berry a qualifié le discours du président syrien, le 15 août 2006, de « stupide et déraisonnable », critiquant la tentative de Damas de s’immiscer dans les affaires intérieures du Liban.
Dans un discours prononcé à Damas à l’ouverture du congrès de l’Union des journalistes, Assad avait rendu hommage aux combattants du Hezbollah et accusé Israël d’avoir utilisé le prétexte de la capture par le parti chiite de deux soldats israéliens le 12 juillet pour lancer son offensive contre le Liban. Le président syrien avait prédit « une victoire historique » du Hezb.
Par ailleurs, dans ses entretiens avec Feltman, Berry se serait réjoui du déploiement de l’armée au sud du Litani.
Le président du Parlement a totalement nié hier tous ces propos qu’on lui prête dans ces dépêches, alléguant que « ce n’est pas la première fois que de tels mensonges sont proférés ». Il a affirmé que son mouvement « était et reste un allié fondamental de la Résistance et du Hezbollah », selon un communiqué de son bureau.
« Dès la première publication de ces câbles, nous avons demandé au département d’État américain de nous fournir le câble original (...) pour déterminer si c’est WikiLeaks ou M. Feltman le menteur, ajoute-t-il. Comme nous n’avons pas obtenu de réponse, nous nous sommes assurés que la complicité est générale. Voilà pourquoi nous avons refusé de recevoir Feltman quand il était de passage à Beyrouth récemment. »
La frustration d’Amine Gemayel
Par ailleurs, dans un autre câble diffusé par WikiLeaks, le président du parti Kataëb Amine Gemayel détaille ses vues au sujet du mouvement du 14 Mars et analyse la vie politique libanaise.
Dans ce câble, daté du 19 janvier 2010, l’ambassadrice des États-Unis de l’époque, Michelle Sison, rapporte qu’Amine Gemayel lui a assuré que les principaux dirigeants du 14 Mars se réunissent régulièrement (lui-même, Saad Hariri, Samir Geagea, Fouad Siniora et Mohammad Chatah), mais il a souligné la position inconfortable de Saad Hariri, qui ne sait plus s’il doit agir comme Premier ministre de la nation ou comme leader du 14 Mars.
Selon ce câble, le leader des Kataëb s’inquiétait aussi du fait que Michel Sleiman et Saad Hariri soient en passe de retourner dans l’orbite syrienne. Selon l’ancien président, Michel Sleiman aurait eu des contacts quotidiens avec Damas à cette époque, et la Syrie aurait obtenu que le président adapte ses discours et ses apparitions médiatiques à ses exigences.
« M. Gemayel a demandé que nous réaffirmions publiquement et en privé notre engagement pour un Liban libre et indépendant afin de ralentir la dérive de Saad Hariri vers l’axe “Syrie-Iran-Hezbollah”. »
En ce qui concerne le 14 Mars, M. Gemayel a déclaré, selon l’ambassadrice, que le mouvement « est fini, mais nous devons en préserver l’esprit », tout en pressant les États-Unis de continuer à soutenir moralement et matériellement « ceux qui se battent pour la liberté, la souveraineté et l’indépendance du Liban ».
M. Gemayel s’est aussi plaint du fait que le dialogue national n’était « qu’un forum visant à retarder indéfiniment la question du désarmement du Hezbollah ».
« La frustration de M. Gemayel quant à la marginalisation des Kataëb était évidente au cours de cette rencontre », note l’ambassadrice dans ce câble. Pourtant, poursuit la diplomate américaine, si les représentants du parti au sein du gouvernement se plaignent, « ils sont incapables d’aller à l’encontre du vent de réconciliation qui souffle sur Beyrouth ».
Frangié pour des négociations indirectes avec Israël
Dans un autre câble, également publié sur le site cablegatesearch, l’ambassadrice américaine au Liban Michelle Sison rapporte que lors d’une rencontre, le 4 février 2010, avec Sleiman Frangié, chef des Marada, ce dernier a indiqué qu’il soutenait le principe de négociations indirectes entre le Liban et Israël. L’ancien ministre a toutefois souligné la nécessité de maintenir l’unité avec la Syrie en ce qui concerne le sujet des négociations de paix, indiquant qu’un traité de paix israélo-libanais ne serait pas tenable sans la signature d’un traité syro-israélien. « Mais si la Syrie signe un traité de paix indépendamment du Liban, le Liban le paiera très cher », a-t-il ajouté.
Le député de Zghorta a par ailleurs déclaré que les armes du Hezbollah pourraient être utilisées comme une forte carte de négociation avec Israël et pourraient jouer un rôle important contre l’implantation des Palestiniens au Liban.
Le fait que « certains partis » fassent beaucoup de bruit autour des armes du Hezbollah, alors qu’ils restent silencieux sur la question des armes palestiniennes dans les camps de réfugiés, est un indicateur des mauvaises intentions, a également estimé M. Frangié. Et de poursuivre : « Ces arguments impliquent que leur but essentiel est de désarmer les chiites en laissant les armes aux sunnites afin d’imposer, par la force, une implantation des Palestiniens. »
commentaires (7)
Pour moi je me fou de tout ce qui se passe dans la politique Libanaise mais une chose est sur. le Liban doit etre fort car les Occidentaux on echoué avec les armes alors maintenan c'est la zizanie qu'ils cherchent entre frere Chretiens et Musulman et Chiite et Sunnite on doit dire NON haut et fort les usa on deja le projet de dechirée le Liban encore une fois nous Libanais tous Unis nous diront NON pas de ce projet chez nous.
Zaarour Ibrahim
10 h 57, le 06 septembre 2011