Rechercher
Rechercher

À La Une - Femmes de la semaine

Vieillir autrement avec les "Babayagas"

La maison de retraite? Ce n'est pas pour Thérèse et ses "vieilles copines".

Thérèse Clerc, au centre, avec deux de ses copines.

Thérèse Clerc, féministe de 84 ans, a enfin "gagné" : après s'être battue plus de dix ans, elle va pouvoir vieillir avec ses "vieilles copines" dans une maison autogérée en banlieue parisienne, actuellement en construction grâce à des financements publics.

 

"Nous ne voulons pas être des vieilles tassées devant la télé, (...) nous sommes des militantes!", lâche Thérèse Clerc, toujours soignée, avec ses longs cheveux argent tirés en arrière.

La maison de retraite? Ce n'est pas pour elle et ses copines. "Je suis une couche-tard et une lève-tard, alors les dîners à 18H00, non merci!", lance-t-elle. Vieillir à domicile ne lui dit rien non plus parce que "rester seule peut être dangereux en vieillissant et dur à cause de la solitude".

 

L'idée de la maison autogérée, qui fonctionne en autonomie grâce à la solidarité entre locataires, lui est venue après la mort "très dure" de sa mère. "Je ne voulais pas faire vivre ça à mes enfants", confie Mme Clerc, qui espère "vieillir joyeusement" avec d'autres femmes.

 

Elles se font appeler les "Babayagas", vieilles sorcières des contes russes, mangeuses d'enfants, mais aussi guides dispensant leur sagesse.

Leur immeuble, pour lequel elles n'ont pas déboursé un euro, est en construction dans le centre de Montreuil, près du métro qui permet de rejoindre Paris en quelques minutes. Les Babayagas devraient pouvoir aménager fin 2012 dans les 25 appartements d'une ou deux pièces.

 

Comme elles le souhaitent, la maison sera réservée aux femmes. Dominique Voynet (Europe écologie-Les verts), la maire de cette ville de la banlieue parisienne où coexistent milieux populaire, artistes et immigrés de 90 nationalités, le comprend bien: "la condition d'autonomie passe par le renoncement à la mixité, (...) on veut épargner (aux résidentes) le rôle d'infirmière!".

 

Agées de 60 à plus de 90 ans, il devra y avoir de la solidarité entre les générations. Les sexagénaires s'occuperont des nonagénaires, imagine Mme Clerc. Et quatre logements seront réservés à des jeunes.

Au rez-de-chaussée, il y aura une salle commune, pour débattre, former "un club de l'intelligence". Il y aura aussi un spa, un jardin...

 

Le projet, né en 1995, a longuement piétiné. Il a fallu attendre les 15.000 morts, principalement des personnes âgées, de la canicule de l'été 2003 pour qu'il suscite de l'intérêt. Le drame avait révélé les lacunes de la prise en charge de la vieillesse en France.

 

Thérèse Clerc et ses copines n'ayant pas assez d'argent pour construire leur maison, elles ont fait appel à des financements publics. Mais trouver les fonds a pris du temps: l'absence de mixité notamment était contestée.

 

La maison coûtera 3,9 millions d'euros, très largement de financements publics. L'Etat paie 318.000 euros et Montreuil contribue à hauteur de 612.000 euros. Les résidentes, au nombre d'une vingtaine, paieront un loyer modeste de 200 à 500 euros.

 

"Si le modèle fonctionne, ça fera faire de grosses économies: ça coûtera beaucoup moins cher que le maintien à domicile ou la maison de retraite", selon Mme Voynet.

Une maison de retraite coûte en moyenne 2.000 euros par mois alors que le revenu moyen d'un retraité est de 1.000 euros.

 

Le sociologue de la vieillesse Bernard Ennuyer se félicite que "des Français se prennent en main pour leur vieillesse". Les Babayagas sont "symboliques de nombreuses initiatives citoyennes", comme les villages-retraite et l'habitat intergénérationnel.

80% des plus de 80 ans vont bien, affirme-t-il, pourtant "la France a un regard catastrophique sur le vieillissement". Les Françaises ont la deuxième espérance de vie (84,8 ans) au monde après le Japon. Jeanne Calment, morte à 122 ans en 1997, serait la personne qui a vécu le plus longtemps sur terre. "Dieu lui-même a dû m'oublier", disait-elle.

Il y a plus de 15.000 centenaires en France, champion d'Europe dans le domaine selon les chiffres de 2007.

 

Le projet des Babayagas fait des émules en France (Brest, Lyon...). Elles sont en contact avec des Allemandes, en avance sur elles car il existe déjà plusieurs maisons réservées aux femmes en Allemagne, à Berlin, Hambourg, Stuttgart, Munich...

 

Ainsi Anne Görtz, 80 ans, vit depuis huit ans avec dix autres femmes dans une grande maison de Nüremberg, mais, dans un pays où l'Etat Providence est moins développé qu'en France, mise en place sans aide des collectivités locales.

"Ce qui était important pour nous, c'était de rester autonomes le plus longtemps possible, et surtout de ne pas dépendre de nos familles ou de l'Etat", dit-elle.

 


Thérèse Clerc, féministe de 84 ans, a enfin "gagné" : après s'être battue plus de dix ans, elle va pouvoir vieillir avec ses "vieilles copines" dans une maison autogérée en banlieue parisienne, actuellement en construction grâce à des financements publics.
 
"Nous ne voulons pas être des vieilles tassées devant la télé, (...) nous sommes des militantes!", lâche...

commentaires (1)

A imiter, a plagier, a imposer a tout prix chez nous au Liban!

Carol Ghazal

04 h 20, le 23 décembre 2011

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • A imiter, a plagier, a imposer a tout prix chez nous au Liban!

    Carol Ghazal

    04 h 20, le 23 décembre 2011

Retour en haut