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À La Une - L'homme de la semaine

Salman Rushdie, de polémique en polémique…

L'auteur des "Versets sataniques" accuse la police indienne d'avoir inventé des menaces le visant pour l'empêcher de participer au plus grand salon du Livre du pays.

Shaun Curry/

Menacé de mort, censuré au plus grand salon du livre en Inde, l'écrivain britannique d'origine indienne Salman Rushdie a provoqué à ses dépens une polémique sur la liberté d'expression et les arrières-pensées électoralistes du gouvernement.

 

Alors qu'il était invité à participer au salon du livre de Jaïpur, la capitale du Rajasthan (ouest), l'auteur controversé des "Versets sataniques" - qui lui valut une fatwa lancée en 1989 par l'ayatollah iranien Khomeiny - a dû renoncer à paraître, après l'hostilité affichée de musulmans radicaux.

"Cette affaire est inquiétante pour la liberté d'expression car cela donne le sentiment qu'un petit groupe peut imposer ce qu'il veut", dénonce Shubha Singh, une éditorialiste indépendante, interrogée par l'AFP.

 

Selon les services de renseignement indiens, trois tueurs à gages de la pègre de Bombay étaient en route pour l'assassiner à Jaïpur.

Annulant à regret et mettant ensuite en doute la véracité de ces menaces, l'écrivain avait décidé de s'exprimer mardi par vidéo conférence devant le public du salon. Mais celle-ci a été annulée au motif que des musulmans radicaux présents parmi le public risquaient de perturber l'événement.

 

Selon des observateurs, cette "affaire Rushdie", qui a fait les gros titres de la presse indienne, souligne à quel point le gouvernement craint de froisser la communauté musulmane avant la tenue d'un scrutin local, crucial pour le parti au pouvoir de centre-gauche, le parti du Congrès.

Des élections dans l'Etat le plus peuplé de l'Inde, l'Uttar Pradesh, doivent se dérouler début février, un scrutin test pour le gouvernement du Premier ministre Manmohan Singh récemment ébranlé par une série de scandales.

 

Avant l'ouverture du Salon, achevé mardi, l'université Darul Uloom Deoband, célèbre école coranique de cet Etat, avait demandé à l'Inde de refuser à l'écrivain d'entrer sur le territoire au motif qu'il était l'auteur de "récits blasphématoires" heurtant les musulmans.

Sans réaction des autorités, des groupes radicaux à Jaipur ont pris le relais en menaçant de manifester contre sa venue. Ce dernier avait déjà participé à ce salon en 2007, sans provoquer le moindre incident.

 

"L'école Deoband est écoutée par de nombreuses communautés musulmanes. Le gouvernement a eu peur des groupes radicaux. Avant les élections, n'importe quel sujet peut devenir une grosse affaire et le parti du Congrès a voulu jouer la sécurité", juge Shubha Singh.

 

Pour Uday Bhaskar, ancien directeur de l'Institut en études et analyses de la défense (IDSA), les menaces d'assassinat ont été fabriquées de toutes pièces par les services de renseignement. "Ils ont menti et cela met en cause l'intégrité du système politique et des services de renseignement", accuse-t-il. "La question communautaire est un sujet sensible en Inde et il est difficile de trouver un équilibre sur la liberté d'expression. Mais le gouvernement a eu une gestion cynique de l'affaire à des fins électoralistes", dit-il à l'AFP. Cette gestion de l'affaire par les autorités a au final desservi les intérêts de la communauté musulmane, juge-t-il.

 

S'exprimant depuis Londres, Salman Rushdie s'en est pris mardi aux extrémistes qu'il a accusés de dévoyer l'islam et au gouvernement pour ne pas l'avoir défendu. "Si c'est le visage de l'islam qui va se développer en Inde, alors la situation est très grave", a-t-il mis en garde sur la chaîne NDTV.

 

Cette affaire survient aussi dans un contexte où le gouvernement a manifesté sa volonté de contrôler les données mises en ligne sur l'internet, pour éviter de heurter les sentiments religieux des Indiens.

 

Pour le quotidien The Hindu, l'épisode Rushdie a "jeté l'humiliation sur le pays".

 

Menacé de mort, censuré au plus grand salon du livre en Inde, l'écrivain britannique d'origine indienne Salman Rushdie a provoqué à ses dépens une polémique sur la liberté d'expression et les arrières-pensées électoralistes du gouvernement.
 
Alors qu'il était invité à participer au salon du livre de Jaïpur, la capitale du Rajasthan (ouest), l'auteur controversé des...

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