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À La Une - L'impression de Fifi ABOU DIB

In-femmes

Demain, 8 mars, dans le monde entier, on célèbrera la Journée internationale des femmes, plus précisément des droits de la femme. Les journées mondiales sont des dates consacrées à des causes plus ou moins sérieuses. Cela va de la paix (1er janvier) à l’orgasme (21 décembre), en passant par le berlingot de lait concentré sucré, la gentillesse, les coiffeuses, la plomberie, la rage, les montagnes, les rivières, la couche d’ozone, bref, toutes ces choses auxquelles on ne pense pas forcément tous les jours et qui mériteraient qu’on s’y arrête. Parce qu’elles sont indispensables et méprisées, vitales et fragiles, cruciales et dérisoires. Il est de coutume, lors de ces journées particulières (87 au total), d’entreprendre une action pour faire connaître la cause commémorée et la faire avancer. Cela va du bouquet de fleurs au projet de loi. Les manifs font également partie des traditions.


Arrêtons-nous donc à la cause des femmes. Si l’ONU a trouvé nécessaire de leur consacrer une journée, c’est sans doute parce que ce monde taillé à la mesure des hommes ne leur est pas encore particulièrement propice. Aujourd’hui même, de la Syrie à l’Égypte et dans toutes les zones de conflits, des femmes privées de leurs compagnons, morts, enlevés ou ayant pris les armes, laissées à elles-mêmes parfois sans abri, jetées avec leurs enfants sur les chemins d’exode, deviendront des butins de guerre ou des proies désespérées, prêtes à céder leur dignité et leur intégrité pour une petite rallonge de survie. Il suffira de serrer les dents. Le printemps arabe n’a pas de fleurs pour tout le monde.


Certes, dans les pays où la guerre a fini par s’arrêter, on pense d’abord à faire avancer l’égalité entre les sexes, surtout au niveau des salaires. Il aura fallu plusieurs millénaires pour que la femme accède au statut de partenaire plutôt que de subordonnée. Ailleurs, y compris au Liban, c’est par les mères que se transmet la tradition de soumission. Sans doute frustrées d’avoir eu elles-mêmes à servir le mâle, elles imposent à leurs filles ce témoin avilissant. Va faire un sandwich à ton frère. Va préparer le dîner à ton père. Va faire un café à ton oncle. Apporte une braise pour le narguilé. Coupe des tomates pour l’apéritif. Que font les hommes ? Les doigts de pied en éventail, la panse sur les genoux, ils attendent que cela vienne et jugent entre eux de la qualité du service. À quoi l’on verra si elle fera une bonne épouse. Un jour ou l’autre il faudra bien que quelqu’un les déleste de ce fardeau, de cette bouche à nourrir. Qui, dans tout cela, n’a rien de mieux à faire qu’attendre la becquée, personne ne le relèvera.


Demain, il faudra parler de la précarité des veuves, des divorcées et des célibataires dans le monde arabe, celles que fatwa sur fatwa on autorise à violer parce qu’il faut bien que les hommes aient un avant-goût du paradis. Les fatwas ne disent pas ce que le paradis réserve aux femmes. Demain, il faudra parler des excisions et des mutilations pratiquées par les femmes sur les filles. En cette journée des femmes, c’est d’abord aux femmes qu’il faudra parler d’égalité et de dignité.

Demain, 8 mars, dans le monde entier, on célèbrera la Journée internationale des femmes, plus précisément des droits de la femme. Les journées mondiales sont des dates consacrées à des causes plus ou moins sérieuses. Cela va de la paix (1er janvier) à l’orgasme (21 décembre), en passant par le berlingot de lait concentré sucré, la gentillesse, les coiffeuses, la plomberie, la rage,...

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