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À La Une - L’éditorial de Issa GORAIEB

Rialpolitik

L’argent, c’est bien connu, est le nerf de la guerre, aussi bien celle de l’ombre que celle livrée sur les champs de bataille. Contrairement à l’adage cependant, l’argent a bel et bien de l’odeur, et celle-ci laisse souvent des traces.

À en croire ainsi les autorités bulgares, ce sont de simples, de banales informations bancaires fournies par le Canada et l’Australie qui ont permis aux enquêteurs de remonter à un financement par le Hezbollah (lui-même financé par l’Iran, comme nul ne l’ignore) des deux auteurs de l’attentat anti-israélien à la bombe survenu l’été dernier à Burgas. C’est un autre chapitre de la saga du rial persan qu’évoque la mort violente, dans des circonstances encore obscures, en Syrie, du général Shateri.

Héros de la guerre irano-irakienne, ingénieur, Hassan Shateri, alias Hessam Khoshnevis, qui a été inhumé en grande pompe jeudi dans son pays, arborait plus d’une casquette. Il était un des chefs des gardiens de la révolution, et plus précisément de la branche de cette garde prétorienne qui a pour mission d’exporter la révolution islamique. Représentant personnel du président Ahmadinejad au Liban, il était en outre le directeur de la commission iranienne chargée de reconstruire les habitations et routes détruites durant la guerre de l’été 2006 entre Israël et le Hezbollah.

C’est en cette noble et charitable qualité, mais fort curieusement sous son nom de guerre, et dans le cadre de la traque occidentale de l’argent révolutionnaire, qu’en 2010 Shateri/Khoshnevis se voyait placer, en même temps que les responsables d’autres officines iraniennes, sur la liste noire du soutien financier au terrorisme. Washington soutenait en effet que ladite reconstruction au Liban ne se limitait guère aux habitations et routes dévastées par les bombardements, mais qu’elle s’étendait à la reconstitution de l’arsenal de la milice chiite comme à l’aménagement de son réseau privé de télécommunications. À ces largesses, les mauvaises langues ne manquent pas d’ajouter les subsides octroyés à des chefs politiques, partis et médias libanais.

Quoi qu’il en soit, la disparition de Shateri, vraisemblablement tombé dans une embuscade tendue par les rebelles syriens sur son chemin entre Damas et Beyrouth, suscite, ne serait-ce que pour la forme il est vrai, deux questions au moins. Qu’était allé faire le chef pasdaran en Syrie ? On se doute bien de la réponse, bien sûr. Et on ne s’attarde pas trop sur les indications ampoulées fournies par certains des amis locaux de Téhéran : la plus excentrique voulant que fidèle à son personnage de (re)bâtisseur, Shateri œuvrait, sur place, à un plan de reconstruction de la bonne ville d’Alep que les protagonistes de la guerre civile s’acharnent pourtant, en ce moment même, à détruire allègrement !

Mais surtout, que faisait encore au Liban Hassan Shateri, quel chantier supervisait-il, près de sept ans après la guerre de l’été 2006 ? Cela, aucun organe de contrôle financier libanais ne risque de vous le dire.

Issa GORAIEB

igor@lorient-lejour.com.lb

L’argent, c’est bien connu, est le nerf de la guerre, aussi bien celle de l’ombre que celle livrée sur les champs de bataille. Contrairement à l’adage cependant, l’argent a bel et bien de l’odeur, et celle-ci laisse souvent des traces.À en croire ainsi les autorités bulgares, ce sont de simples, de banales informations bancaires fournies par le Canada et l’Australie qui ont...

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