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À La Une - Coups d'épingle

Pas très catholique...

Carlos Eddé accuse toute la classe politique de ne pas dire la vérité sur la loi électorale « parce que chacun de son côté voudrait faire passer la loi qui lui permet de remporter les élections ». Pour ce qui est du constat, le Amid du Bloc national a raison dans une large mesure. Mais il a sûrement tort pour ce qui est de la cause. Certaines formations politiques n’hésitent pas ces jours-ci à se joindre à des options plutôt mauvaises pour leur camp, dans l’objectif à peine dissimulé d’obtenir en échange un quitus moral de la part de leurs coreligionnaires le jour où, dans le processus de marchandage en cours, ces options finiront par tomber définitivement.


En somme, ce que ceux-ci sont en train de nous dire, c’est qu’ils « font tout pour que ça marche, mais que si, au bout du compte, ça ne marche pas, qu’on n’aille surtout pas le leur reprocher » ! Ils nous disent autre chose aussi : « Cette fois-ci, l’arroseur a été arrosé » ou encore : « À surenchère, surenchère et demie ! »


Mais, au fait, y a-t-il jamais eu un « orthodoxe » dans la salle ? Sincèrement, on peut en douter. On espère pour l’inventeur de la formule incriminée, l’emphatique Élie Ferzli, qu’il ne se soit pas gouré au point d’y avoir cru à un moment ou à un autre. On a les promoteurs qu’on peut et, dans le cas qui nous intéresse, ce sont précisément les pires.


À commencer par les premiers, ceux par qui tout le mal est arrivé, comme il arrive presque toujours. « Changement et réforme », clament-ils tout haut en brandissant la trouvaille ferzlienne. Et tout bas : « À nous les enchères ! » En volts, en bulletins de vote ou en petite monnaie, tout va...


L’opinion chrétienne se trouvant dans l’état où elle est, le reste coule de source. On n’a pas besoin d’être un génie de la manipulation pour en prendre totalement possession. Postés en embuscade, ceux d’en face le savent. Depuis 2005, ils ont appris la leçon : tout faire pour éviter le tsunami. Donc bâbord toute (ou tribord, qui s’en moque) ! On prend le TGV en marche. Tant pis pour ceux qui restent derrière, alliés ou pas.


« Avec des amis pareils, qui a besoin d’ennemis », serait-on tenté de rétorquer chez les lâchés. Voilà qu’en effet, on fournit au parti-État, celui-là même qui depuis vingt ans fait tout ce qui est en son pouvoir pour vider systématiquement les élections de leur substance, l’occasion inespérée de jouer la partie du grand seigneur. Celui qui, comme saint Martin, donne la moitié de son manteau à ces pauvres chrétiens pour qu’ils soient bien au chaud et ne se sentent plus esseulés !


La ficelle est grosse ! Et elle l’est d’autant plus que la marchandise elle-même est encore plus avariée que ses promoteurs. La représentation chrétienne est en jeu, nous dit-on. Et alors ? Ne peut-on pas la corriger sans faire exploser la baraque ?


Bon d’accord : Atef Majdalani, Nabil de Freige et Hadi Hobeiche ne sont guère élus par des majorités chrétiennes. En revanche, Gilberte Zouein, Youssef Khalil et Edgar Maalouf le sont. Est-ce pourtant faux d’observer que les premiers sont nettement plus actifs et présents que les seconds en tant que parlementaires ?


Ce serait très bien que tous les députés soient représentatifs de leurs communautés, mais ce serait encore mieux que les élus ne soient pas que des nombres dans l’escarcelle du zaïm. Après les deux décennies qui viennent de s’écouler, n’a-t-on pas encore appris que toute formule fondée sur les grandes circonscriptions, à l’instar du monstre ferzlien, ne peut être au Liban qu’une fabrique à pions ?


Or voilà très précisément ce que recherche le parti-État : quatre, cinq ou six fabricants de pions qui phagocytent à eux seuls l’ensemble de la législature, puis le gouvernement,... l’État. Le bébé de Ferzli donne au Hezbollah cela et bien plus encore : il casse la représentation sunnite modérée en ouvrant la voie à la surenchère islamiste, pendant que lui-même continue de verrouiller les régions chiites.


Ce qui est incompréhensible, en revanche, c’est de voir le général-réformateur autoproclamé passer toute l’année à fustiger le péril islamiste sunnite et puis venir lui faire son lit dans un projet de loi électorale.


Et encore plus incompréhensible est l’attitude du chrétien de base qui, plus dindon de la farce que jamais, donne encore dans le panneau.

 

 

Lire aussi

Le « projet orthodoxe » : ségrégation des Libanais et instauration de la « wilayat al-faqih » dans toutes les communautés !, l'article de Fady Noun

 

Veto respectifs et surplace garanti, l'article de Michel Hajji Georgiou

Carlos Eddé accuse toute la classe politique de ne pas dire la vérité sur la loi électorale « parce que chacun de son côté voudrait faire passer la loi qui lui permet de remporter les élections ». Pour ce qui est du constat, le Amid du Bloc national a raison dans une large mesure. Mais il a sûrement tort pour ce qui est de la cause. Certaines formations politiques n’hésitent pas...

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