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À La Une - Événement

Wajdi Mouawad, l’écho d’un Liban polyphonique

Arrivé au Liban pour présenter une sélection d’œuvres pour le Festival Samir Kassir, qui aura lieu au printemps et dont il est l’invité d’honneur, l’homme de théâtre, auteur, metteur en scène et comédien s’est vu remettre le prix Phénix pour son livre « Anima ».

Vue de la conférence : l’ambassadrice du Canada Hilary Childs-Adams,Tania Saleh, Wajdi Mouawad, Gisèle Khoury et Randa Asmar. Photos Michel Sayegh

Durant la conférence qui a eu lieu à l’hôtel Riviera en présence de l’ambassadrice du Canada Hilary Childs-Adams, de Carole Prat (attachée audiovisuelle) et de Martine Gillet, responsable du bureau du livre de l’Institut français, et des représentants de médias, les grandes dates du festival ont été dévoilées. «C’est à travers les chemins croisés qu’on arrive à mieux comprendre son pays, surtout cette région, témoin de grands changements», soulignera l’ambassadrice du Canada. Quant à Carole Prat, elle avouera être ravie de recevoir Wajdi Mouawad chez lui, soulignant que l’Institut français a soutenu dès le début le festival Samir Kassir et qu’elle a par ailleurs suivi personnellement de très près la carrière de cet artiste libanais qui se poursuit entre la Canada et la France. 

Le retour... 
«Cette édition sera particulière, commence par annoncer Gisèle Khoury, d’abord parce qu’elle marque un tournant dans la vie de cet événement qui, initié il y a quelques années, sera désormais thématique, ensuite parce que cette édition reçoit par ailleurs comme invité d’honneur Wajdi Mouawad, auteur de théâtre et écrivain déjà honoré au Canada et en France.»


Aux côtés de Mouawad s’est installée Tania Saleh. La jeune interprète libanaise, qui présentera également au festival un récital inédit, ressemble, selon Gisèle Khoury, «à cette génération faite de réalisme et de rêves inachevés». Ce à quoi Mouawad répondra: «Tania Saleh et moi sommes un résumé de la cellule d’artistes libanais, ceux qui ont quitté le pays durant la guerre et ceux qui sont restés. Et pourtant, chacun de nous n’avait pas le choix. Il le lui a été dicté. Nous sommes les jouets du destin mais nous portons en nous, à travers notre expression artistique, la responsabilité de la mémoire». Tania Saleh, elle, qui s’est dit ravie et à la fois fébrile d’assurer l’ouverture de ce festival, promet que ce concert sera plus doux, plus tendre et empreint d’émotions. «Différent de mes anciens récitals rock », précisera t-elle.

 

 

Le discours de remerciement de Wajdi Mouawad recevant le prix Phénix à Beyrouth 

 


La première question qui vient à l’esprit de tous et que se posera Mouawad lui-même: «Qu’est-ce que ça me fait de revenir ici?» On sait que l’artiste, exilé très jeune de son pays à cause de la guerre et qui a écrit sa première pièce de théâtre à l’âge de dix-neuf ans, n’a jamais cessé de penser et de parler du Liban. Dans toutes ses pièces, ses livres, le pays du Cèdre est présent, voire omniprésent, même si, après avoir présenté Littoral (écrite en 1997) au Monnot, l’artiste n’était plus retourné pour donner à voir ses autres œuvres. Aperçu dans le documentaire de Jihane Chouhaib Pays rêvé, c’était le seul à s’être arrêté aux portes de l’aéroport. Alors, qu’est-ce qui explique aujourd’hui ce retour?» Je ne me suis jamais considéré d’origine libanaise mais libanais. À cet instant, l’émotion est si forte d’avoir été invité par le festival, et particulièrement celui-ci, que mes phrases se retrouvent incomplètes, un peu exsangues pour bien exprimer ce que je ressens.» Lui, le faiseur de mots, «l’accordeur» des lettres, ne saura que dire des mots syncopés. «Cela me touche, c’est drôle, douloureux; c’est laid, beau, violent, rigolo.» Il accumulera des verbes, et à travers ces onomatopées linguistiques, on comprendra que le cerveau de ce dramaturge bouillonne. Entre images du passé et du présent, tout se précipite et se bouscule. Pour lui, les noms des rues évoquent des combats comme «la Quarantaine; le Musée». Par ailleurs, il redécouvre un pays en reconstruction, une sorte d’élévation vers un ailleurs et, pourquoi pas, de «mue», lui qui aime tant le bestiaire?


«J’ai toujours rêvé d’être un héros, dira-t-il. Les événements ont prouvé que je ne pouvais l’être. Pour moi, la mort de Samir Kassir est le geste le plus héroïque. Mourir pour sa “parole” relève d’un grand courage et renvoie au caractère des héros légendaires comme Antigone. C’est pourquoi cette invitation au festival de Samir Kassir est non seulement un honneur, mais porte aussi une signification particulière à mes yeux. Un sens juste, dans le vrai sens du terme, surtout que les représentations sont ouvertes au public. Il fallait donc que je réponde présent à cet appel et que la manière de présenter mes œuvres dans mon pays de naissance ne soit pas banale.»


Le festival Samir Kassir s’ouvrira donc, annoncera la directrice de la programmation Randa Asmar, par le concert de Tania Saleh Chababick Beyrouth le 26 mai à 21 heures dans le jardin Samir Kassir. Les 27 et 28 mai, Wajdi Mouawad présentera la pièce de théâtre Incendies à al-Madina. Cette dernière fait partie de la trilogie Fôrets, incendies et ciels, écrite par l’auteur en 2002. Le 29 mai, ce sera au tour de Jane Birkin, invitée par Mouawad lui-même, qui lira un texte qu’il aura écrit pour elle et intitulé «La Sentinelle». Cette lecture aura lieu aux thermes romains en plein air. Elle sera précédée d’une conférence de l’auteur. Enfin, les 30 et 31 mai, une performance écrite et réalisée par le metteur en scène libanais et baptisée «Seuls» clôturera cette édition spéciale.

 

Dans L'Orient Littéraire : La généalogie de la violence selon Wajdi Mouawad

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