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À La Une - L’éclairage

Le régime syrien ordonne à ses alliés de faire pression pour libérer Samaha... par tous les moyens

La situation au Liban est particulièrement difficile à l’heure actuelle, et la seule issue est le dialogue, passage obligé pour dépasser cette étape dangereuse et transcender les dangers qui guettent le pays du fait de la crise syrienne. Tels sont, en substance, les propos que tient devant ses hôtes l’une des principales autorités religieuses du pays, qui est si inquiète des développements locaux qu’elle se dit prête à collaborer à la tenue d’un sommet spirituel si cela s’avérait nécessaire, car « rien n’empêche de se rencontrer ». Selon cette autorité, les informations circulant concernant l’affaire Samaha sont effectivement terrifiantes et dangereuses, et menacent la stabilité du Liban, comme l’a dit le président de la République, Michel Sleiman, lorsqu’il a reçu à Beiteddine le directeur général des FSI, le général Achraf Rifi, et le directeur de la branche des renseignements des FSI, le général Wissam el-Hassan, pour les féliciter de leur exploit.


Selon les milieux de l’opposition, les déclarations de sympathie envers le régime syrien devraient en principe cesser au lendemain de l’affaire Samaha. C’est désormais les discours de ralliement au Liban, à sa sécurité et à son État qui devraient au contraire prévaloir. Partant, la politique de distanciation n’est plus valide, surtout après que des poursuites eurent été engagées à l’encontre du général syrien Ali Mamlouk, le responsable de la sécurité nationale, et son associé, et compte tenu de l’énormité du complot fomenté par le régime de Damas contre le Liban. Un député de l’opposition qui suit de près le dossier Samaha affirme ainsi que les milieux de la majorité ont tenté de justifier le transport de bombes de Damas à Beyrouth en arguant du fait qu’elles étaient destinées à contenir les rebelles syriens présents dans le Akkar et les dissuader d’utiliser le Liban comme foyer révolutionnaire contre le régime. Mais ces prétextes sont évidemment peu convaincants, dans la mesure où la mission de préserver la sécurité et de protéger les frontières incombe exclusivement aux services militaires et sécuritaires. La Syrie n’a pas le droit de protéger ses frontières sur le territoire libanais et doit se cantonner à le faire à partir de son propre territoire. Ce qui n’a évidemment pas empêché le régime de Damas de violer à plusieurs reprises la souveraineté du Liban à travers ses incursions répétées en territoire libanais depuis le début de la révolution, poussant le président de la République à mettre en garde contre le danger de telles démarches. Michel Sleiman avait alors demandé au ministre des Affaires étrangères de convoquer l’ambassadeur syrien Ali Abdel Karim Ali et de lui remettre une lettre de protestation contre ces ingérences, qui avaient fauché des vies humaines et provoqué des dégâts matériels tout le long de la frontière libanaise avec la Syrie, de la Békaa au Liban-Nord.


Toute l’affaire Samaha n’est pas sans réveiller de vieilles blessures, s’agissant d’ingérences syriennes et de respect du périmètre de la souveraineté et des frontières... depuis les années 50, et, de l’affaire de Deir el-Achaër au dossier du tracé des fermes de Chébaa, en passant par l’afflux intensif d’armes et de terroristes de Syrie au Liban, à l’instar de Chaker el-Absi et de Fateh el-Islam à Nahr el-Bared... C’était d’ailleurs vers la Syrie que Absi avait fui lors de la prise de contrôle du camp de réfugiés par l’armée libanaise. À ce sujet, un responsable militaire indique que le Liban avait demandé aux autorités syriennes des informations sur Chaker el-Absi après le début de la crise syrienne. « Il n’est pas chez nous », avait répondu Damas.


Tant de parties libanaises affirment d’ailleurs avoir été témoins de cet afflux massif d’armes de Syrie au Liban, y compris le Hezbollah, dont le secrétaire général a maintes fois déclaré qu’il avait reçu de l’aide militaire (syrienne ou iranienne) en provenance de Damas, sans que l’État n’en soit informé, naturellement, et sous l’ombrelle de l’aide à la résistance. N’est-ce pas là des exemples supplémentaires d’ingérences de la part des responsables syriens, qui n’ont eu de cesse qu’ils n’agissent comme si le Liban était une province syrienne et n’ont jamais reconnu son indépendance ? Il suffit d’ailleurs de retourner à la fameuse déclaration de l’ancien chef de la diplomatie syrienne Abdel Halim Khaddam au Figaro...


Face aux derniers développements et à la nécessité de contrôler la frontière, des sources ministérielles concernées soulignent que le Liban a rempli son devoir à ce niveau concernant les points de passage légaux et a fermé tous les points illégaux à Ersal et dans le Akkar. Une unité entière de l’armée, des FSI et de la Sûreté générale a d’ailleurs été affectée à cette tâche. Mais des milieux parlementaires ne sont pas sans s’interroger sur les raisons qui justifient l’arrêt des réunions de la commission sécuritaire mixte présidée par l’ancien ministre Jean Oghassabian et dont la tâche était, sous le cabinet Hariri fils, de réviser le traité de fraternité et de coopération, et d’étudier le dossier du tracé des frontières à partir du Nord, conformément aux desiderata syriens. Après l’avènement du cabinet Mikati, cette mission fut confiée au ministre de l’Intérieur, mais les réunions s’arrêtèrent rapidement et le projet de tracé des frontières demeura sans suivi. Or, affirme un homme politique, si Damas avait accepté de traiter d’égal à égal et d’État à État avec le Liban et n’avait pas agi avec arrogance et condescendance, l’on n’en serait pas là aujourd’hui.


Pour le 14 Mars, l’équation est simple. Il est inadmissible de mettre sur le même pied d’égalité la sécurité du Liban et l’atteinte au régime syrien, comme le font actuellement les milieux du 8 Mars avec l’affaire Samaha, privilégiant l’intérêt syrien au détriment de l’intérêt national libanais, au nom de la « guerre cosmique » qui serait actuellement menée pour provoquer la chute du régime Assad et « l’axe de la résistance ». Or il est désormais clair et établi que le régime syrien a commandé à ses alliés de prendre toutes les mesures pour assurer la libération de Michel Samaha. Un ministre va même jusqu’à dire qu’un acte sécuritaire d’envergure visant à libérer Samaha n’est pas à écarter et que ce dernier devrait être fait prisonnier par l’armée libanaise. En parallèle, il est tout aussi clair que le président de la République, le Premier ministre et certains chefs sécuritaires sont désormais au centre de cette campagne menée par le régime syrien. Ce qui fait dire à un politique chevronné du 14 Mars que tout est désormais possible : l’affaire Samaha a libéré le Liban de ses chaînes, et tout le monde a désormais les yeux rivés sur Damas, en attendant la réponse a ce qui a été considéré, sur les rives du Barada, comme une « offense ».


Une menace qui ne fait pas vaciller l’Occident, lequel considère, lui, que le complot déjoué au Liban constitue une condamnation sans appel du régime Assad et contribuera probablement à accélérer sa chute pour l’empêcher de mettre en application son complot diabolique et destructeur à l’égard du pays du Cèdre.

 

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