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À La Une - Gouvernement

Électricité : ébauche de compromis « à la libanaise »

Faute de pouvoir trancher entre deux propositions, on fait du collage...

Rien ne va plus ou peu de chose en tous les cas. Alors que la grogne sociale se répand à une vitesse vertigineuse, la crise ayant touché un secteur après l’autre, c’est la sécurité frontalière qui est une fois de plus remise en cause, avec la dégradation de la situation dans la région de Kaa qui s’est trouvée hier prise entre deux feux, ceux de l’armée syrienne régulière et ceux de l’ASL qui s’affrontaient tout près du territoire libanais. C’est en tous les cas la thèse avancée par les parties, dont l’armée libanaise, qui ont démenti certaines informations faisant état d’une incursion en bonne et due forme en territoire libanais, comme en avaient témoigné certains habitants de la région.

 

Mais quelle que soit la réalité militaire sur le terrain, une chose est certaine : une fois de plus, il y a atteinte à l’intégrité territoriale du Liban, notamment du fait que des obus et des balles perdues ont touché des maisons libanaises, blessant un citoyen et poussant plusieurs autres à fuir la région, avant que l’armée libanaise, qui a renforcé ses positions sur les lieux, ne se déploie a posteriori malheureusement après que le mal a été fait.

 

Ces nouveaux incidents – qui se rééditent à un rythme régulier depuis le début de la crise syrienne – ne manqueront pas de relancer de plus belle la polémique sur les questions de souveraineté et de délimitation des frontières, sans parler de l’embarras dans lequel sont placés à chaque fois l’armée libanaise mais aussi le gouvernement, paralysé par la politique du « maintien à l’écart » que vient alourdir la politique de l’autruche pratiquée par l’équipe actuelle.

 

Les incidents tragiques à la frontière n’ont toutefois pas éclipsé le bras de fer qui s’est poursuivi hier, par conférences de presse interposées, entre le ministre de l’Énergie et le Premier ministre sur l’affaire des navires producteurs de courant. Comme on devait s’y attendre, Gebran Bassil n’a pas ménagé le chef du gouvernement en présentant, dans les moindres détails et chiffres à l’appui, les arguments en faveur de son projet qu’avait rejeté le Premier ministre. M. Bassil persiste et signe : l’acheminement du courant via les centrales flottantes coûtera moins cher à l’État, et certainement moins cher au citoyen puisque ce dernier parviendra à économiser en coût versé aux propriétaires des générateurs électriques. M. Bassil, qui a défendu bec et ongles son plan, a relevé les « erreurs et inconsistances » figurant dans le projet que M. Mikati entend soumettre en Conseil des ministres, ne manquant pas au passage d’égratigner une fois de plus la réputation du chef du gouvernement, l’accusant implicitement de protéger ses intérêts personnels.

 

La virulence des propos de M. Bassil, qui a été jusqu’à brandir l’épouvantail de la démission si le gouvernement devait se transformer en « machine improductive », ne laissait pas présager en tous les cas une solution imminente sur ce plan. Cependant, et en dépit du ton ferme et du verbe haut utilisés par le ministre, il a laissé la porte ouverte à un éventuel compromis, laissant entendre qu’une solution médiane serait envisageable : celle qui cumulerait à la fois le projet de location des centrales flottantes et la construction de nouvelles usines, plan que compte soumettre aujourd’hui Nagib Mikati au gouvernement.

 

Cette solution mixte n’aurait d’autre objectif que de sauver la face au chef du gouvernement, estime une source proche du dossier, puisqu’il est désormais prouvé que les navires producteurs de courant sont incontournables si l’on veut épargner au pays une catastrophe. Selon la source précitée, il est évident que M. Mikati aura tout le mal du monde à trouver immédiatement le financement pour son projet, et qu’il devrait du reste jeter du lest en acceptant l’idée de la location des navires, ne serait-ce que pour une période écourtée. C’est peut-être ce qui expliquerait les rumeurs faisant état en soirée d’un compromis qui aurait été trouvé, suivant l’éternelle formule libanaise qui veut qu’il n’y ait ni vainqueur ni vaincu. Il faudra toutefois attendre la séance du Conseil des ministres pour voir quel scénario sera adopté à ce propos, à moins que le dossier ne soit reporté une fois de plus, histoire de laisser faire le temps et les médiations en cours.

 

Mais quelle que soit la solution ou le compromis qui sera adopté aujourd’hui en Conseil des ministres, il est désormais certain que l’offre iranienne en matière de production d’électricité, qui semble en tous points alléchante, ne sera pas retenue, en dépit de l’ultimatum lancé hier par l’ambassadeur d’Iran sur la chaîne de télévision al-Manar. Le rejet de la proposition n’a absolument rien à voir avec les sanctions internationales contre l’Iran, relève une source autorisée, mais plutôt avec des considérations électorales, le Premier ministre ne pouvant justifier devant ses électeurs sunnites l’importation ou la production de courant aux mains des Iraniens.

 

Entre-temps, le citoyen lambda n’a pas chômé en matière de revendications. Après les menaces de grève brandies par le secteur hospitalier et médical, celui des carburants, les employés de l’EDL et les enseignants du primaire, c’est au tour des enseignants contractuels du secteur public de venir rejoindre le bataillon des mécontents, prévenant d’un mouvement de protestation prochain qui pourrait aller crescendo jusqu’au boycott de la correction des examens officiels. Les employés de l’EDL ont poursuivi pour leur part leur grève ouverte dans l’espoir de faire entendre leur voix. La grogne populaire s’est même étendue aux habitants et commerçants de la région de Jal el-Dib, qui ont protesté hier contre les déviations faites au niveau du pont, lesquelles ont fini par entraver l’accès à une région vitale au plan du commerce notamment.

 

C’est donc une bataille sur plusieurs fronts qui attend l’exécutif dans les semaines à venir à moins que celui-ci ne décide de poursuivre la politique de la fuite en avant, en reportant ad vitam aeternam l’examen des dossiers en suspens. Cette situation peu enviable a d’ailleurs servi de tremplin au chef des Forces libanaises, Samir Geagea, qui est revenu hier à la charge pour égrener la pléthore de problèmes vitaux et les « scandales en série » avant d’exhorter le gouvernement à rendre son tablier, la situation locale étant devenue, selon lui, « insupportable ».

 

Rien ne va plus ou peu de chose en tous les cas. Alors que la grogne sociale se répand à une vitesse vertigineuse, la crise ayant touché un secteur après l’autre, c’est la sécurité frontalière qui est une fois de plus remise en cause, avec la dégradation de la situation dans la région de Kaa qui s’est trouvée hier prise entre deux feux, ceux de l’armée syrienne régulière et...

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