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À La Une - Éclairage

Baba Amr ouvre en grand le dossier de la frontière libanaise avec la Syrie


Les drames humains causés par l’assaut systématique mené par l’armée syrienne contre le quartier de Baba Amr à Homs ne cachent pas le fait que cette opération militaire constitue une phase décisive dans l’évolution des événements en Syrie. Selon des rapports diplomatiques occidentaux parvenus aux responsables libanais, le régime syrien aurait ainsi réussi à entraîner l’opposition sur le terrain où il est le plus fort, celui des combats armés, se donnant ainsi la possibilité de créer des équations du type « vainqueur et vaincu », alors que si l’opposition était restée pacifique, il lui aurait été impossible de la briser militairement. Avec « l’opération » de Baba Amr, le régime syrien aurait donc réussi à s’imposer comme un élément incontournable de tout règlement éventuel. De plus, le fait de bombarder avec sauvagerie des villes sunnites n’a pas provoqué de scission significative au sein de l’armée qui reste unie et efficace, contrairement aux pronostics arabes et occidentaux. En dépit du tollé international provoqué par l’assaut militaire contre ce quartier de Homs, l’opération peut donc être qualifiée de succès sur le plan purement militaire. Après l’attaque contre Jisr el-Choughour, Deraa, Hama et Zabadani, l’armée syrienne semble déterminée à poursuivre ses opérations contre les foyers des opposants, notamment ceux des Frères musulmans, des groupes salafistes et des membres de l’Armée syrienne libre. Les mêmes rapports diplomatiques précisent que les Russes semblent avoir donné leur feu vert aux opérations militaires, convaincus qu’il ne peut y avoir de dialogue fructueux entre le régime et l’opposition tant que ces foyers de rébellion armée existent et tant qu’ils exercent des pressions sur les parties de l’opposition qui pourraient accepter un dialogue avec le régime.
Mais le plus important dans ce qui s’est passé à Baba Amr, c’est que le régime a profité, pour réussir son coup, des divisions apparues au cours de la conférence de Tunis dans les rangs de l’opposition, ainsi que de la position américaine hostile à l’armement de l’opposition, clairement apparue dans les propos de la secrétaire d’État américaine Hillary Clinton. En réalité, l’administration américaine serait de plus en plus inquiète d’un renforcement des courants radicaux musulmans dans la région, d’autant que si les Frères musulmans devaient l’emporter en Syrie, cela renforcerait les Frères musulmans en Égypte aux dépens de l’armée laïque et provoquer ainsi des dérapages incontrôlables.
Les rapports diplomatiques précisent aussi que depuis l’opération de Baba Amr, la situation semble évoluer en faveur du régime. Ce dernier aurait ainsi réussi à pacifier autant que possible ses frontières avec la Turquie et la Jordanie. En Turquie, les développements en Syrie commencent à avoir des conséquences sur le tissu social interne turc, avec la présence notamment de près de 15 millions d’alaouites dont un peu moins de deux millions sont d’origine arabe. Sans oublier le fait que si la Turquie adoptait des positions trop en flèche contre le régime syrien, cela pourrait affecter son économie. C’est pourquoi la Turquie a mis un frein à sa volonté de créer une zone d’exclusion à sa frontière avec la Syrie, alors que le régime poursuit ses opérations militaires à Idleb. De même, la Jordanie qui, au début, a été tentée d’aider Deraa, elle aussi foyer des Frères musulmans, se contente désormais d’accueillir près de 80 000 réfugiés syriens, mais elle a fermé ses frontières au passage des armes et des combattants, par crainte de troubles sur son propre territoire. Seule la frontière avec le Liban reste ouverte et active, en dépit des opérations menées il y a quelques mois à Tall Kalakh et plus récemment à Zabadani dans la banlieue proche de Damas. Selon les autorités du pays, l’opposition cherchait, en investissant Zabadani, à encercler la capitale, à prendre le contrôle de l’aéroport et à couper la route reliant Damas à la frontière libanaise. L’armée a donc effectué une opération dans cette zone, avant de se concentrer sur Homs. Après la « prise » de Baba Amr, l’armée syrienne maintient la pression militaire sur la région s’étendant entre ce quartier de Homs et la frontière libanaise, notamment à Koussaïr et à Rastan. Elle a ainsi détruit un tunnel de trois kilomètres, mais la question de la frontière libanaise reste entière, le régime syrien estimant que cette zone est devenue le terrain d’activité et de circulation favori des opposants. Cette question a d’ailleurs été évoquée par l’ambassadeur de Syrie au Liban, Ali Abdel Karim Ali, au cours de son entretien d’hier avec le Premier ministre Nagib Mikati. Le diplomate réclame une action plus ferme de la part de l’armée libanaise au Nord et dans la Békaa, tout en mesurant la division interne libanaise au sujet du dossier syrien. Ce problème brûlant vient s’ajouter aux autres qui se posent actuellement au gouvernement libanais, lequel espère un règlement politique en Syrie au plus tôt. Les derniers développements sur le terrain dans ce pays montrent en tout cas qu’une solution à la libyenne ou à la yéménite est impossible. C’est pourquoi les regards se tournent désormais vers la Russie et la Chine, en particulier vers la rencontre du ministre russe des AE avec les ministres arabes samedi et vers la mission du nouvel émissaire chinois dans la région.
Les drames humains causés par l’assaut systématique mené par l’armée syrienne contre le quartier de Baba Amr à Homs ne cachent pas le fait que cette opération militaire constitue une phase décisive dans l’évolution des événements en Syrie. Selon des rapports diplomatiques occidentaux parvenus aux responsables libanais, le régime syrien aurait ainsi réussi à...

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