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À La Une - Analyse

L'attitude de l'Irak envers la Syrie dictée par les clivages confessionnels

Les chiites se sentent plus d'affinités avec Bachar el-Assad, issu de la communauté minoritaire alaouite, qu'avec les sunnites qui pourraient une fois au pouvoir soutenir leurs frères de religion irakiens et déstabiliser le pays.

Les dirigeants chiites irakiens, notamment Moktada Sadr, ont condamné les mesures prises par les pays arabes contre la Syrie.

"Notre pays est profondément divisé confessionnellement et les chiites ont voté pour Bachar el-Assad en réagissant de manière communautaire", affirme à l'AFP Hamid Fadel, professeur de sciences politiques à l'université de Bagdad.

 

Après 80 ans de domination de la minorité sunnite en Irak, les chiites ont pris le pouvoir après la chute de Saddam Hussein dans le sillage de l'invasion conduite par les États-Unis en 2003.

Ils se sentent plus d'affinités avec Bachar el-Assad, issu de la communauté minoritaire alaouite, qui est une émanation du chiisme, qu'avec les sunnites, majoritaires en Syrie, qui pourraient une fois au pouvoir soutenir leurs frères de religion irakiens et déstabiliser le pays.

 

"Les divisions confessionnelles sont déjà une réalité chez nous, avec la volonté de certains responsables politiques de créer des régions sunnites et chiites. Et il arrivera en Syrie la même chose que ce qui se passe chez nous. La Syrie sera comme l'Irak et le Liban", prédit M. Fadel.

 

Si tous les dirigeants chiites ont affirmé soutenir les aspirations à la liberté du peuple syrien, ils ont dans le même temps condamné les mesures prises contre Damas par les pays arabes, en très grande majorité sunnites.

"Suspendre la Syrie est inadmissible d'autant que la Ligue arabe n'a pas agi ainsi contre d'autres pays qui font face à des crises plus grandes que la Syrie", a affirmé le porte-parole du gouvernement, Ali el-Dabbagh, en allusion à Bahreïn, où une révolte animée par les chiites, majoritaires dans le royaume, contre la dynastie sunnite au pouvoir a été maté dans le sang en mars.

Le chef radical chiite irakien Moqtada Sadr a lui aussi dénoncé la décision de l'organisation panarabe, par 18 voix sur 22 (l'Irak s'est abstenu, le Yémen, le Liban et la Syrie ont voté contre) de suspendre la participation de la Syrie à ses réunions et de la menacer de sanctions en cas de poursuite des violences.

"Soyez assurés que je crois totalement à votre cause", a-t-il écrit dans une lettre adressée aux "révolutionnaires de notre chère Syrie". Il n'a cependant pas appelé à la chute du régime, soulignant la "grande différence" entre les événements en Syrie et "les grandes révolutions de Tunisie, d’Égypte, de Libye, du Bahreïn et du Yémen".

"L'une des raisons est que Bachar el-Assad est opposé à une présence américaine et israélienne, et son attitude est claire, contrairement à celle de ceux qui sont tombés avant lui, ou vont tomber", a-t-il insisté.

 

Pour Ali al-Saffar, analyste d'Economist Intelligence Unit, basé à Londres, Bagdad préfère le statu-quo car d'une "certaine manière, il a peur que la chute d'Assad ne renforce la majorité sunnite en Syrie et provoque une instabilité qui débordera sur l'Irak".

Le long des 605 km de frontières entre la Syrie et l'Irak, les provinces limitrophes irakiennes sont sunnites et ont été des fiefs de l'insurrection contre les États-Unis et le gouvernement dirigé par les chiites.

 

Pour Ihsan el-Chamari, professeur de sciences politiques à l'université de Bagdad, l'Irak s'inquiète aussi de l'attitude des pays du Golfe. "Craignant que certains mouvements, hostiles au système politique en Syrie et liés aux monarchies du Golfe, deviennent prédominants, l'Irak veut faire comprendre à ces pays qu'il s'opposera à leur désir d'accentuer la crise en Syrie", estime-t-il.

"Notre pays est profondément divisé confessionnellement et les chiites ont voté pour Bachar el-Assad en réagissant de manière communautaire", affirme à l'AFP Hamid Fadel, professeur de sciences politiques à l'université de Bagdad.
 
Après 80 ans de domination de la minorité sunnite en Irak, les chiites ont pris le pouvoir après la chute de Saddam Hussein dans le sillage de...

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