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À La Une - Liban - Conjoncture

Sauver l’économie libanaise : une épreuve de titan, mais pas impossible, selon Nicolas Nahas

Agir vite, très vite, pour éviter au pays de sombrer dans un scénario catastrophe à la grecque, mais agir parallèlement à long terme, en prévoyant un plan économique clair, cohérent et centré sur la croissance. Tel était le message du ministre de l’Économie et du Commerce, Nicolas Nahas, au cours d’une intervention hier à l’USEK en présence de plus d’une centaine d’étudiants.

Le ministre de l’Économie et du Commerce, Nicolas Nahas, au cours de son intervention hier à l’USEK.


Une bonne et une mauvaise nouvelle pour l’année 2012. Commençons par la mauvaise : elle hérite d’indicateurs en berne d’une année 2011 caractérisée par un recul de la croissance dans un grand nombre de secteurs économiques. La bonne – et c’est presque un euphémisme –,
c’est qu’il sera difficile de faire pire. C’est du moins l’idée principale qu’a voulu mettre en avant le ministre de l’Économie et du Commerce, Nicolas Nahas, au cours d’une conférence donnée hier à l’Université Saint-Esprit Kaslik (USEK) sur les défis et les perspectives de l’économie libanaise en 2012.
« Le pays a atteint une situation tellement critique qu’il risque de faire faillite à n’importe quel moment », a souligné le ministre de l’Économie et du Commerce, chiffres à l’appui. Tout d’abord, M. Nahas a évoqué les problèmes du secteur réel. Le secteur de la construction s’essouffle : les surfaces couvertes par les permis de construire ont diminué de 10 % par rapport à 2010 et les transactions immobilières ont enregistré une baisse de 17 %. « Le tourisme a lui aussi beaucoup souffert en 2011, notamment à cause de l’instabilité politique et sécuritaire qui sévit dans la région », a souligné M. Nahas. Selon les chiffres qu’il avance, le nombre de touristes a régressé de 25 % et le taux d’occupation des hôtels est passé de 68 % en 2010 à 55 % en 2011.
Sur le plan externe, les résultats ne sont guère plus encourageants. « Le déficit de la balance commerciale a dépassé la barre des 14 milliards de dollars, soit deux fois plus que le niveau atteint il y a cinq ans », a déploré le ministre de l’Économie et du Commerce. En valeur, les importations ont augmenté de 10 % en 2011, contre une augmentation de 7 % des exportations.
Quant au secteur public, M. Nahas qualifie sa situation de catastrophique. « Les revenus de l’État reculent face à la baisse de la taxe sur l’essence, le recul des importations de voitures (-35 % en 2011) et la baisse des taxes foncières », a affirmé M. Nahas. « Parallèlement, les dépenses augmentent à cause du déficit financier de l’Électricité du Liban (EDL), la progression de la masse salariale et la hausse du service de la dette », a-t-il ajouté. La dette publique elle-même se creuse dangereusement. « Elle a atteint aujourd’hui 54 milliards de dollars, soit près de 170 % du PIB ! »
Le résultat de ce sombre tableau est une croissance très faible, « qui est passée d’une moyenne de 8 % entre 2007 et 2010 à environ 1,5 % estimée pour 2012 », a affirmé M. Nahas. « Le Liban comptait beaucoup sur les flux de capitaux pour sauver le pays de la récession ; aujourd’hui même, la balance financière est déficitaire », a-t-il ajouté. En 2009, l’excédent était de 8 milliards de dollars, en 2010 il est passé à 3,3 milliards, et en 2011, c’est un déficit de 2 milliards qu’affiche la balance financière du pays, « une situation inédite depuis plus de 10 ans ! »

Pour une économie basée sur la productivité
« Tout n’est pourtant pas encore perdu, a assuré le ministre de l’Économie et du Commerce. S’il y a des éléments sur lesquels on ne peut pas agir, comme la crise économique mondiale où la diaspora libanaise est très active, ou la situation politique et sécuritaire dans la région, d’autres dossiers peuvent être tout à fait maîtrisés. »
Selon le ministre de l’Économie et du Commerce, la priorité pour le gouvernement est d’adopter un plan global, capable d’assurer la croissance du pays à long terme. En résumé, il faudra se mettre d’accord sur la direction à donner à ce plan en définissant le niveau maximal de déficit que le pays ne doit pas dépasser, le plafond de la dette par rapport au PIB ou encore les réformes prioritaires à mettre en place.
« Il faut que l’économie libanaise soit plus productive », a insisté à maintes reprises M. Nahas. Pour cela, les secteurs agricole et industriel ont une place prépondérante à jouer, selon lui. « Si les projets agricoles sont bien appliqués, d’ici à 5 ans la part du secteur agricole dans le PIB passera de 4 à 9 % », a indiqué le ministre. Mais un autre élément, majeur selon le ministre, doit être considéré : la formation des jeunes. « Aujourd’hui, sur un 1,2 million d’actifs, 80 % n’ont pas de diplôme universitaire », a déploré M. Nahas. Selon lui, c’est tout le système éducatif qu’il faudrait réformer, « afin de tirer au mieux profit de la main-d’œuvre active et d’augmenter sa valeur ajoutée », a-t-il souligné.
Rendre l’économie plus productive, c’est aussi, selon le ministre, réduire les déficits publics liés au secteur de l’énergie par exemple, associer le secteur privé aux activités du secteur public, soutenir activement les petites et moyennes entreprises, et créer un environnement favorable aux investissements, autant sur le plan juridique que financier. Un tableau encourageant en théorie et une kyrielle d’opportunités à saisir ; reste à voir ces projets se concrétiser ou du moins se mettre en place.
Une bonne et une mauvaise nouvelle pour l’année 2012. Commençons par la mauvaise : elle hérite d’indicateurs en berne d’une année 2011 caractérisée par un recul de la croissance dans un grand nombre de secteurs économiques. La bonne – et c’est presque un euphémisme –,c’est qu’il sera difficile de faire pire. C’est du moins l’idée principale qu’a voulu...

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