Rechercher
Rechercher

À La Une - Revue de presse

Crise locale ou importée de Syrie : la presse libanaise divisée

Après la mort du cheikh Abdel Wahed dimanche et le regain de tension, du Akkar à Beyrouth...

De l’arrestation, la semaine dernière, du jeune islamiste libanais Chadi Mawlaoui, entraînant l'explosion de la scène tripolitaine, au meurtre hier du cheikh sunnite, Ahmad Abdel Wahed et de son compagnon dans le Akkar, en passant par l’appel du leader politique libanais alaouite Rifaat Eid à l’intervention de l'armée syrienne et les accusations contre Beyrouth du représentant de Damas à l’ONU, Damas est pointé du doigt, dans certains organes de presse libanais.

 

Encore une fois, les Akkariotes, après les Tripolitains, ont fait échouer la tentative syrienne de déstabiliser le Liban, se félicite ainsi lundi le quotidien al-Moustaqbal (opposition, 14 Mars). "Les Libanais du Nord ont évité le piège de la discorde (...) Ils ont protégé de leurs vies la paix civile, seule réponse au plan d'Assad et de sa clique au Liban de faire exploser le pays", poursuit le quotidien. "Les tentatives syriennes d'importer leurs crimes au Liban et de taxer les Libanais de terrorisme auraient été stoppées sur-le-champ si le Liban était doté d'un gouvernement qui respecte son pays et peuple", écrit le quotidien du Courant du futur (de Saad Hariri) dans une critique directe adressée au Premier ministre Nagib Mikati. Remettant en question la politique de "mise à l'écart" de la crise syrienne prêchée par M. Mikati pour garantir la stabilité du Liban, al-Moustaqbal se demande "ce qui reste de cette stabilité et où Mikati emmène le Liban et les Libanais".

 

Même son de cloche dans les colonnes d'an-Nahar sous la plume de Rozana Bou Mouncef, qui estime que les récents développements sur la scène libanaise placent la Syrie sur le banc des accusés. En tentant d'importer sa crise au Liban, le régime syrien met le gouvernement Mikati dans une situation embarrassante, écrit la journaliste. Pour elle, "la réponse de Nagib Mikati aux accusations syriennes à l’ONU n'est pas suffisante". Nagib Mikati a assuré vendredi dernier que les propos tenus par le représentant syrien à l’ONU (qui a accusé le Liban d'être la source du terrorisme en Syrie) reviennent à jeter de l’huile sur le feu.

Citant des sources diplomatiques, Rozana Bou Mouncef explique que le Liban devrait répondre par le même canal que celui choisi par Damas : un message officiel transmis au secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon. "Le silence du Liban officiel est interprété comme une approbation de ce qui a été écrit dans la lettre syrienne et fait porter au gouvernement la responsabilité" des événements à venir, ajoute la journaliste.

 

Pour les quotidiens affiliés à la majorité (8 Mars), les derniers développements sur la scène libanaise ne relèvent pas tant de la crise syrienne que d'un problème local.

Pour l'éditorialiste du quotidien as-Safir, Talal Salmane, le confessionnalisme qui ronge le Liban et ses institutions est seul responsable de la dégradation de la situation. La révolte en Syrie n'a fait qu'exacerber des tensions confessionnelles latentes dans un pays divisé entre adversaires et partisans du régime du président Bachar el-Assad.

C'est dans ce cadre que M. Salmane explique "la confrontation non intentionnelle et non planifiée" à Halba entre l'armée libanaise et le cheikh sunnite Abdel Wahed. "Au Liban, il y a beaucoup de mini-États et pas d’État, beaucoup de confessions et peu de religion, beaucoup d'armes et peu aux mains de l'armée et beaucoup de milices qui dirigent l’État en dehors de toute légitimité", martèle l'éditorialiste.

En appelant leurs ressortissants à éviter de se rendre au Liban, les Émirats arabes unis, Qatar et Bahreïn participent à l'aggravation d'une situation déjà explosive au Liban. Pour Talal Salmane, ces décisions ont des motivations non seulement politiques mais surtout confessionnelles et communautaristes. "Ainsi les Libanais subissent une double peine : ils perdent leur État fragilisé et rongé par le confessionnalisme, mais sont aussi punis par leurs "proches" pour des raisons également confessionnelles", déplore l'éditorialiste.

 

Dans al-Akhbar, Ibrahim el-Amine renvoie pour sa part le dérapage sécuritaire au Liban-Nord à un conflit au sein de la rue sunnite. Face à un gouvernement qui prêche la "maintien à l'écart" de la crise syrienne, la base sunnite en ébullition aujourd'hui au Liban veut rétablir des "droits" qu'elle considère violés. "Au-delà d'une reprise d'un rôle décisif au sein du pouvoir, cette base veut s'octroyer le droit de soutenir l'opposition syrienne en l'armant et en la finançant, et non uniquement par des prises de position", écrit le journaliste. "C'est une base qui n'a pas confiance dans l’État quand il n'est pas sous sa supervision. Les gens réclament aujourd'hui une application réelle du slogan de Saad Hariri : Moi et la colère des gens".

 

Lire aussi nos éclairages et analyses


Glissement sur commande

Le Nord dans l’attente de deux enquêtes et d’une décision...

 

 

Et retrouvez l'actu

Le Liban entraîné de force dans la tourmente syrienne

De l’arrestation, la semaine dernière, du jeune islamiste libanais Chadi Mawlaoui, entraînant l'explosion de la scène tripolitaine, au meurtre hier du cheikh sunnite, Ahmad Abdel Wahed et de son compagnon dans le Akkar, en passant par l’appel du leader politique libanais alaouite Rifaat Eid à l’intervention de l'armée syrienne et les accusations contre Beyrouth du...

commentaires (2)

La presse libanaise divisée prouve encore une fois que la critique a toujours eu mauvaise presse ; le critique, bonne conscience. Antoine Sabbagha

Sabbagha Antoine

09 h 50, le 21 mai 2012

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • La presse libanaise divisée prouve encore une fois que la critique a toujours eu mauvaise presse ; le critique, bonne conscience. Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    09 h 50, le 21 mai 2012

  • Quand on sait l'appartenance de ceux qui sont perchés sur les hauteurs de Tripoli et leurs provocations continuelles ont sait si la crise est exportée ou importée chez nous et par qui. MA BIDDA MNAJEM MIGHRABI !

    SAKR LEBNAN

    09 h 18, le 21 mai 2012

Retour en haut