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Liban - Biens fonciers

À Lassa, le recensement des cadastres à nouveau au centre des querelles

Un nouvel accrochage entre l'Église maronite et la communauté chiite du village a rappelé au public que les conflits relatifs aux biens-fonds chrétiens dans cette localité du jurd de Jbeil n'ont toujours pas été réglés.

Plaque de bienvenue à Lassa. Photo d’archives.

Les litiges sur la délimitation des cadastres entre le diocèse maronite de Jounieh et la communauté chiite du village de Lassa sont à nouveau sur le devant de la scène.

Un incident a eu lieu hier dans le village lorsqu'un topographe travaillant pour l'État s'y est rendu pour une étude des dénivellations du terrain sur lequel est construit un édifice relevant de l'archevêché maronite à Lassa. Il a été empêché de continuer son travail par le cheikh Mohammad Itaoui (proche du Hezbollah) et une dizaine de jeunes du village qui lui ont demandé de démonter son matériel, reprochant au wakf maronite d'empiéter sur des terrains appartenant à la communauté chiite.

Cet incident n'est pas le premier du genre dans le village puisqu'un conflit a éclaté en 2011 à Lassa, quand des topographes accompagnés d'une délégation de la Ligue maronite ont tenté de délimiter les biens-fonds appartenant au patriarcat maronite. La visite de la délégation intervenait alors que le patriarcat avait été informé de l'existence de chantiers illégaux sur des terrains lui appartenant. Plusieurs accrochages du genre ont suivi depuis.

 

(Pour mémoire : Lassa : nouvelle tentative de mettre fin aux violations sur les terrains de l’évêché maronite)

 

Quarante-cinq procédures pénales
Joint hier par téléphone par L'Orient-Le Jour, Me André Bassil, avocat du diocèse maronite de Jounieh auquel Lassa est rattaché, a confirmé l'incident qui s'est produit hier, ajoutant que les différends sur le sujet sont monnaie courante depuis un an et demi. « Nous évitons de les évoquer pour ne pas alimenter la discorde », a-t-il dit, avant de révéler que le diocèse a présenté dernièrement 45 procédures pénales concernant des empiétements sur les biens-fonds de l'Église maronite à Lassa.

Me Bassil s'est dit désolé que certains habitants du village refusent de reconnaître le caractère légal et officiel du recensement des cadastres mené en 1939 et suivi dans les années soixante-dix de l'émission des titres de propriété. « La justice a déjà tranché, mais ils refusent de se conformer à ces décisions et personne n'ose régler le problème des empiétements et des constructions illégales. Ils disent que les cadastres de l'État ne sont pas corrects », a-t-il précisé.

Pour le secrétaire général du 14 Mars, Farès Souhaid, qui est de la région, l'incident survenu hier est un « nouvel épisode » qui s'inscrit dans le cadre de conflits sur la délimitation des cadastres remontant à 2001. « Le topographe aurait dû prévenir la gendarmerie de Qartaba pour qu'elle l'escorte, comme il est d'usage », a-t-il indiqué. M. Souhaid a en outre révélé que sur les 5 000 000 de m2 de superficie du village, 3 500 000 m2 appartiennent au clergé maronite et 1 500 000 aux habitants, chrétiens et musulmans (sachant que Lassa est à très grande majorité chiite). « Certains territoires sont disputés entre l'Église et quelques habitants du village. L'État assume une certaine responsabilité dans ces conflits puisqu'il n'a pas terminé le recensement des cadastres à Lassa », a-t-il souligné.

Le secrétaire général du 14 Mars a par ailleurs dénoncé une « arrogance de la part des habitants due à l'appui du Hezbollah » et qui est selon lui une des causes de l'émergence de ce conflit. Il a également fait porter une certaine responsabilité à l'Église qui, selon lui, n'est pas assez ferme dans sa manière de répondre aux infractions commises sur ses terres. « L'Église court-circuite la justice quelquefois, en organisant des rencontres de dialogue et des réunions pour trouver des solutions, au lieu de recourir aux moyens légaux. C'est en évitant de trouver une solution définitive à ce dossier qu'on entretient le risque que la situation s'enflamme », a-t-il dit. M. Souhaid a par ailleurs rappelé que trois autres villages du caza de Jbeil n'ont toujours pas été entièrement cadastrés : Afqa, Aqoura et Michmich.

 

« Nous n'accepterons pas qu'il y ait des tensions confessionnelles »
Un habitant chiite de Lassa a pour sa part indiqué à L'OLJ que certains terrains qui appartiennent au wakf chiite et aux habitants ont été attribués par erreur au wakf maronite, d'où le conflit actuel. « Les habitants du village n'ont pas été prévenus quand le recensement des cadastres a eu lieu, en 1939. L'enregistrement des terrains a eu lieu dans les années 70 et c'est alors que les habitants ont été surpris d'en voir les résultats. Le problème perdure depuis », a-t-il déclaré.

« Les problèmes ont réellement commencé dans les années 90 quand le wakf maronite a dit que ces terrains étaient les siens. Nous ne sommes pas contre qu'il ait des terrains et la propriété est un droit sacré, mais nous demandons que justice soit faite et que les erreurs de 1939 soient réparées », a ajouté cet habitant. « La carte des cadastres de l'archevêché est truquée et nous avons été en procès contre le diocèse à ce sujet entre 1992 et 2000. La justice n'a jamais tranché dans cette affaire », a-t-il ajouté.

Il a toutefois rejeté toute possibilité de discorde confessionnelle, appelant à une solution pacifique. « Nous n'accepterons pas qu'il y ait des tensions confessionnelles. Le problème peut être résolu de façon pacifique. Ce n'est pas la peine d'en faire toute une histoire », a-t-il conclu.

 

 

Pour mémoire

La construction illégale se poursuit à Lassa, au nez et à la barbe des FSI...

Les litiges sur la délimitation des cadastres entre le diocèse maronite de Jounieh et la communauté chiite du village de Lassa sont à nouveau sur le devant de la scène.
Un incident a eu lieu hier dans le village lorsqu'un topographe travaillant pour l'État s'y est rendu pour une étude des dénivellations du terrain sur lequel est construit un édifice relevant de l'archevêché maronite...

commentaires (1)

tant que la justice n'a pas tranche, il ne peut y avoir de construction. pourquoi forcer le fait accompli avec des constructions illegales?? on dirait l'etat d'israel...en tout cas moi je ne vois plus de difference entre le hezbolla et israel

George Khoury

07 h 37, le 03 août 2016

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Commentaires (1)

  • tant que la justice n'a pas tranche, il ne peut y avoir de construction. pourquoi forcer le fait accompli avec des constructions illegales?? on dirait l'etat d'israel...en tout cas moi je ne vois plus de difference entre le hezbolla et israel

    George Khoury

    07 h 37, le 03 août 2016

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