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Moyen Orient et Monde - Éclairage

Al-Nosra/el-Qaëda : divorce à l’amiable ou manœuvre politique ?

Jolani déclare vouloir s'incruster davantage dans la cause pour laquelle la branche syrienne d'el-Qaëda se bat depuis sa création : la révolution contre Bachar el-Assad.

Abou Mohammad al-Jolani lors de son discours. Photo Orient TV/Reuters

Alors que le doute planait depuis plusieurs semaines, le chef du Front al-Nosra, Abou Mohammad al-Jolani, a annoncé jeudi la rupture avec l'organisation jihadiste el-Qaëda, au nom de laquelle il se battait depuis avril 2013. « Nous avons décidé d'arrêter d'opérer sous le nom de Front al-Nosra et de recréer un nouveau groupe (...) portant le nom de Front Fateh el-Cham (Conquête de la Syrie, en arabe). » Le chef du deuxième plus important groupe jihadiste en Syrie après l'État islamique a souligné que cette décision visait à « protéger la révolution syrienne » et à « dynamiter les prétextes avancés par la communauté internationale » pour viser le groupe classé « terroriste » par Washington.

El-Qaëda encourage...
« Cette annonce était la dernière carte à jouer pour la survie du Front al-Nosra », affirme Hasni Abidi, politologue et spécialiste du monde arabe interrogé par L'Orient-Le Jour. Apparu officiellement en janvier 2012, le groupe allié à la rébellion anti-Assad est confronté à de nombreuses difficultés ces dernières années. D'une part, il est visé par les frappes de la coalition dirigée par Washington, ainsi que par les bombardements de la Russie. De l'autre, il doit faire face à des déserteurs qui rejoignent les rangs de son principal rival, l'État islamique.
Pour justifier sa rupture avec le réseau fondé par Oussama Ben Laden, le groupe rebelle affirme vouloir s'incruster davantage dans la cause pour laquelle il se bat depuis sa création : la révolution syrienne. Une décision qui a même été encouragée par un haut responsable d'el-Qaëda, le cheikh Ahmad Hassan Abou el-Kheir, quelques heures avant l'officialisation de la séparation : « Nous appelons le commandement du Front al-Nosra à aller de l'avant (dans l'annonce de la rupture) de manière à préserver l'intérêt de l'islam et des musulmans, et à protéger les gens du jihad en Syrie », avait-il annoncé dans un enregistrement audio diffusé sur Internet. « Nos frères menant le jihad en Syrie sont devenus une force qui ne peut être sous-estimée », a-t-il ajouté en référence à al-Nosra.

(Repère : Le Front al-Nosra, un groupe allié à la rébellion anti-Assad)

Manœuvre
Les justifications de la rupture ne sont-elles pas un prétexte au Front al-Nosra pour se targuer d'être une organisation modérée ? Ne cherche-t-il pas à échapper aux bombardements ? Pour Fabrice Balanche, il n'y a aucun doute : « Il fallait bien trouver une manœuvre pour éviter d'être traité de la même façon que l'EI. Ce discours est avant tout stratégique et cette séparation ne va changer ni l'idéologie d'al-Nosra ni ses pratiques sur le terrain. » Même son de cloche chez Hasni Abidi, qui insiste sur le fait que l'organisation restera quoi qu'il arrive un « mouvement jihadiste qui souhaite l'application de la charia ».

Cette annonce intervient une semaine après l'accord inédit entre les chefs des diplomaties russe et américaine, Sergueï Lavrov et John Kerry, à propos de la lutte commune contre l'État islamique et al-Nosra. « Les États-Unis ont bien compris que l'élimination de l'EI au profit du Front al-Nosra n'était pas la bonne stratégie », souligne Fabrice Balanche, spécialiste de la Syrie, également interrogé par L'OLJ. Considéré comme une organisation terroriste par l'Onu depuis 2013 en raison de ses liens avec el-Qaëda, le front jihadiste est désormais dans la ligne de mire de Washington au même titre que Daech.

Avant de prêter allégeance à el-Qaëda, les rebelles du Front al-Nosra avaient rejoint l'État islamique en Irak (EII), qui deviendra ultérieurement l'État islamique (EI). Si les deux organisations possèdent de nombreuses similitudes idéologiques, telles que l'appel à un jihadisme mondial, l'application de la charia et la haine des Occidentaux, elles se livrent néanmoins une guerre sans merci. Devant la progression de l'EI, le réseau dirigé actuellement par l'Égyptien Aymane al-Zawahiri entend bien revenir sur le devant de la scène internationale. Pour Hasni Abidi, la rupture annoncée permettrait à el-Qaëda de montrer qu'elle fait un « sacrifice » pour « soutenir la lutte du peuple syrien ». À terme, ce divorce à l'amiable renforcerait-il les deux ex-(et peut-être toujours) alliés ?

 

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Alors que le doute planait depuis plusieurs semaines, le chef du Front al-Nosra, Abou Mohammad al-Jolani, a annoncé jeudi la rupture avec l'organisation jihadiste el-Qaëda, au nom de laquelle il se battait depuis avril 2013. « Nous avons décidé d'arrêter d'opérer sous le nom de Front al-Nosra et de recréer un nouveau groupe (...) portant le nom de Front Fateh el-Cham (Conquête de la...

commentaires (1)

A part fabius qui avait déclaré que nosra faisait du bon boulot en Syrie , sous complot " alliés" occident/wahabite , je ne pense pas que la métamorphose va pouvoir leurrer quelqu'un sur la planète des hommes ... Les russes et les américains sous connivence (hahaha) ont décidé de ne pas répondre à cette manœuvre de bassse intensité juste bomme à faire diversion devant les frappes des percutantes des résistants ..

FRIK-A-FRAK

11 h 17, le 30 juillet 2016

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Commentaires (1)

  • A part fabius qui avait déclaré que nosra faisait du bon boulot en Syrie , sous complot " alliés" occident/wahabite , je ne pense pas que la métamorphose va pouvoir leurrer quelqu'un sur la planète des hommes ... Les russes et les américains sous connivence (hahaha) ont décidé de ne pas répondre à cette manœuvre de bassse intensité juste bomme à faire diversion devant les frappes des percutantes des résistants ..

    FRIK-A-FRAK

    11 h 17, le 30 juillet 2016

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