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Moyen Orient et Monde - Conflit

Kerry à Moscou pour proposer à Poutine une coopération militaire plus étroite en Syrie

À Alep, 12 civils ont péri sous les bombardements de l'aviation syrienne.

Le secrétaire d’État américain, John Kerry, serrant la main du président russe, Vladimir Poutine, avant leur réunion à Moscou, hier. Vassily Maximov/AFP

Le secrétaire d'État américain John Kerry a rencontré hier soir à Moscou Vladimir Poutine pour lui offrir une coopération militaire plus étroite en Syrie et relancer le processus de paix dans ce pays.
D'après un document du gouvernement américain révélé par le quotidien américain Washington Post, M. Kerry s'apprête à proposer aux Russes d'unir leurs efforts pour lutter ensemble contre l'État islamique (EI) et le Front al-Nosra, la branche syrienne d'el-Qaëda. En échange, Moscou devra limiter ses frappes aériennes à des cibles choisies avec les États-Unis et le régime syrien devra cesser de bombarder les rebelles modérés.
Arrivé en début de soirée dans la capitale russe, M. Kerry a commencé à s'entretenir à 19h00 GMT avec le chef de l'État russe, flanqué de son chef de la diplomatie Sergueï Lavrov qui devait poursuivre ce matin les discussions avec son homologue américain. Rien n'a filtré de la proposition américaine au début de leur rencontre.
La Russie et les États-Unis « aspirent vraiment et sincèrement non seulement à coopérer (...), mais aussi à obtenir des résultats », a déclaré Vladimir Poutine en prélude. Le chef de l'État russe a dit espérer qu'à l'issue de leurs entretiens, John Kerry pourrait informer le président américain Barack Obama qu'ils ont « avancé dans les discussions et dans le règlement des questions pour lesquelles nous nous sommes réunis ». « Espérons que nous serons capables de faire quelques véritables progrès qui seront mesurables et applicables et qui pourront faire une différence dans le cours des événements en Syrie », lui a répondu M. Kerry.
Pour un haut responsable du département d'État, le plan de Washington pourrait permettre de résoudre deux des problèmes qui, selon lui, entravent un règlement en Syrie : le non-respect de la trêve par le régime de Bachar el-Assad et la montée en puissance d'al-Nosra. « Nous avons besoin d'une solution à ces deux problèmes », a-t-il déclaré, soulignant qu'en cas d'échec des discussions entre MM. Kerry et Poutine, Washington devra opter pour une approche « très différente ». Les États-Unis n'ont « pas une patience infinie », a-t-il prévenu.

Changement de stratégie
Avant la rencontre, le Kremlin n'avait pas souhaité commenter les informations de la presse américaine mais avait pris soin de rappeler que Vladimir Poutine souhaitait de longue date que « la lutte contre le terrorisme en Syrie et dans les États voisins » se fasse « en commun ».Selon le Post, la proposition américaine consiste à établir un centre de commandement commun en Jordanie pour diriger une intense offensive aérienne contre les combattants de l'EI et d'al-Nosra, qualifiés de groupes terroristes par le Conseil de sécurité de l'Onu. Exclus du cessez-le-feu convenu en février entre l'armée régulière et les opposants modérés sous le parrainage des Russes et des Américains, ils sont la cible de bombardements russes. Mais Washington accuse Moscou d'également viser au cours de ces raids aériens des rebelles modérés opposés au président Assad, dont le Kremlin est le principal allié. La Russie dément et exige que les États-Unis demandent aux rebelles de se retirer des lieux occupés par al-Nosra et l'EI.
Si la proposition américaine était adoptée par Moscou, elle constituerait un tournant majeur dans la stratégie des États-Unis en Syrie puisqu'elle serait synonyme d'un rapprochement de facto avec le régime du président Assad.
Tout accord risque d'être fortement controversé car il pourrait être perçu, notamment par les critiques de Barack Obama tout comme par certains alliés des États-Unis, comme une approbation tacite donnée au maintien de Bachar el-Assad au pouvoir.
Le chef de la diplomatie saoudienne Adel al-Jubeir a ainsi rappelé hier que Washington et Moscou devaient avant tout travailler à arriver à une « nouvelle Syrie sans Bachar el-Assad ». Or, le sort du président syrien reste la principale pierre d'achoppement dans les différents cycles de pourparlers organisés jusqu'à présent sous l'égide de l'Onu à Genève.
Dans une interview diffusée hier matin par la chaîne de télévision américaine NBC News, M. Assad affirme que les Russes « n'ont jamais dit un mot » concernant son départ du pouvoir et affirme ne pas nourrir d'inquiétudes quant à la possibilité que Russes et Américains décident un jour de son sort.

12 morts à Alep
Concernant le processus de paix, au point mort depuis des mois, l'envoyé spécial de l'Onu pour la Syrie, Staffan de Mistura, accusé par Moscou de « se défausser de ses responsabilités », a affirmé hier qu'il visait une troisième session de pourparlers en « août ». Il avait auparavant espéré une reprise des discussions en juillet, afin d'amorcer une transition politique en août.
Sur un autre plan, le Pentagone a confirmé hier avoir tenté d'éliminer par une frappe aérienne Omar le Tchétchène, l'un des principaux chefs de l'EI, sans confirmer officiellement son décès, pourtant annoncé par les jihadistes eux-mêmes. Le groupe jihadiste a de son côté affirmé avoir abattu hier un avion de combat MIG du régime syrien dans la région de Deir ez-Zor dans l'est du pays, entraînant la mort de son pilote.
Parallèlement, les combats faisaient toujours rage dans plusieurs régions en Syrie, notamment à Alep, où au moins 12 civils ont été tués hier dans des attaques du régime syrien ou de l'aviation russe. Pour sa part, l'armée russe n'a pas évoqué de frappes à Alep mais a annoncé avoir effectué depuis mardi plus de 50 raids aériens contre l'EI près de Palmyre. Par ailleurs, la situation à Daraya, au sud-est de Damas, est catastrophique. L'armée du régime étrangle chaque jour un peu plus la ville, obligeant les habitants à se regrouper vers le centre. Le conseil local de Daraya a adressé hier, jour de la fête nationale française, une lettre ouverte au président François Hollande, via le blog Un œil sur la Syrie, du quotidien Le Monde, l'implorant d'agir avant que « "Daraya la pacifique" ne devienne un nouveau Guernica syrien ».
(Sources : AFP/ OLJ)

Le secrétaire d'État américain John Kerry a rencontré hier soir à Moscou Vladimir Poutine pour lui offrir une coopération militaire plus étroite en Syrie et relancer le processus de paix dans ce pays.D'après un document du gouvernement américain révélé par le quotidien américain Washington Post, M. Kerry s'apprête à proposer aux Russes d'unir leurs efforts pour lutter ensemble...

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