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Économie - Liban - Rapport

Remises des expatriés : le scénario catastrophe de la Banque mondiale

Pour la Banque mondiale, la principale menace pesant sur l’économie libanaise cette année résiderait dans l’hypothèse de licenciements massifs...

« La crise régionale, et particulièrement la guerre en Syrie, pose de sérieuses menaces de sécurité sur le Liban, le calme relatif récent n'est pas une garantie de stabilité (économique) » : tel est le constat dressé par la dernière édition du rapport semestriel sur l'économie libanaise publiée hier par la Banque mondiale (BM).
Résultat, la BM a revu à la baisse son estimation de la croissance du PIB libanais en 2016 à 1,8 %, contre 2,5 % lors de sa dernière estimation en novembre. À moyen terme, elle table toujours sur une stabilisation aux alentours des 2,5 %. « L'échec des services publics de base ainsi que du processus démocratique continue d'éroder la structure de l'État », note ainsi la BM. Par ailleurs, elle a maintenu ses prévisions d'avril dernier concernant le taux d'inflation, à -3,7 % en 2015 ; soit une baisse de 4,9 points de pourcentage par rapport à 2014 et un plus bas depuis la fin de la guerre.

Inquiétude sur les remises
Mais, selon le rapport, la principale menace pesant sur l'économie libanaise résiderait dans l'hypothèse de licenciements massifs de Libanais expatriés dans les pays du Golfe. « Ce scénario est devenu la principale préoccupation, non seulement alimentée par des rumeurs mais également par des licenciements à petite échelle, notamment de la part des Émirats arabes unis », note le rapport. Mi-février, les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) – sauf Oman – avaient appelé leurs ressortissants à ne pas se rendre au Liban ou à quitter le pays ; depuis, 74 Libanais expatriés dans les pays du Golfe se sont fait expulser, selon le ministère libanais des Affaires étrangères.
« L'impact (d'un scénario de licenciement massif) sur les remises des expatriés représente un défi macroéconomique à court et moyen terme (...) La balance des paiements et la consommation seraient les plus impactées par une baisse des remises, du fait que les expatriés ont tendance à soutenir leurs familles vivant au Liban », explique le rapport. En 2015, les remises ont représenté 3,4 % du PIB, soit 7,16 milliards de dollars, contre 6,1 % du PIB en moyenne lors de la décennie précédente.
Le scénario de la BM, qui prend pour hypothèse initiale une baisse de 20 % des remises, se traduirait par une baisse de la croissance réelle du PIB de 2,1 points de pourcentage en 2016, de 0,7 point en 2017 et de 0,3 point en 2018. De plus, une baisse des remises entraînerait un infléchissement de la croissance des recettes de la TVA de 0,3 point de PIB en 2016, de 0,5 point en 2017 et de 0,3 point en 2018, entraînant un élargissement équivalent du déficit public. Elle se traduirait également par une détérioration de la balance courante d'un point de PIB en 2016, puis de 0,8 point en 2017 et de 0,5 point en 2018. Enfin, le ratio de la dette sur le PIB devrait augmenter de 6,7 points de PIB en 2016, de 9 points en 2017 et de 7,2 points en 2018.

Corruption endémique
Un scénario catastrophe qui confirme que « l'économie libanaise est largement dépendante structurellement des entrées de capitaux pour financer son déficit de la balance courante », note la BM. Or, en 2015, la décélération des entrées de capitaux a été plus prononcée que les trois années précédentes, enregistrant une baisse de 25,4 %. « Cela a plus que compensé une amélioration de la balance commerciale, privant l'économie d'environ 3,4 milliards de dollars d'avoirs étrangers, contre une baisse de 1,4 milliards en 2014 », explique le rapport. Selon la Banque mondiale, les aides internationales à destination des réfugiés a partiellement compensé la perte d'entrée de capitaux depuis 2010. Selon la Banque mondiale, le déficit de la balance courante, l'un des plus élevé du monde, reste une source de risque de refinancement considérable, malgré une réduction de son déficit de 3,5 points de pourcentage en 2015, atteignant ainsi 23,2 % du PIB.
Par ailleurs, pour la BM, en l'absence de réformes structurelles, le déficit public devrait continuer à s'agrandir à moyen terme. Le fait que le ministère des Finances ait procédé à deux émissions d'Eurobonds – l'une de 2,2 milliards en février, l'autre de 1,6 milliard en novembre – prouve l'important besoin de financement de l'État. « De plus, le goulet d'étranglement des finances publiques au niveau structurel est une manifestation importante de la corruption endémique et du mauvais fonctionnement politique, alors que le budget n'a pas été ratifié depuis 2005 », note le rapport. Ainsi, selon la BM, les dépenses publiques devraient croître du fait de l'augmentation du service de la dette entraîné par la hausse des taux d'intérêt de la Fed américaine et de la future hausse des prix du pétrole, impactant de facto les transferts d'Électricité du Liban au Trésor.

 

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