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Liban - Focus

À Tyr, le tandem Hezbollah-Amal n’est plus seul

Les efforts en faveur d'une liste unie de l'opposition auraient été torpillés par Charbel Nahas.


Alors que l'on s'attendait à une journée électorale sans batailles ce dimanche au Liban-Sud, du fait du stéréotype hégémonique quasi total du tandem Hezbollah-Amal dans le mohafazat, le troisième round du scrutin pourrait bien prouver le contraire, et c'est une première.
Dans le caza de Tyr, et plus particulièrement dans la ville qui porte le même nom, où les électeurs sont appelés à élire 21 membres du conseil municipal (13 chiites, 4 sunnites et 4 chrétiens), la liste du président sortant du conseil municipal Ibrahim Dbouk, qui brigue un second mandat, soutenue par le mouvement Amal et le Hezbollah, affrontera une autre appuyée par l'ancien ministre du Travail, Charbel Nahas.
À l'origine, l'ancien ambassadeur Khalil Kazem el-Khalil, un opposant de longue date à l'hégémonie du tandem chiite dans la région, comptait former une liste d'opposition. Il a cependant échoué. Ses efforts ont volé en éclats « à la suite de l'intervention de M. Nahas », dit-il, et la liste d'opposition s'est scindée en plusieurs microlistes.
« Les habitants de la ville de Tyr se plaignent aujourd'hui des comportements du conseil municipal sortant, notamment des atteintes contre les commerçants (élargissement des trottoirs près des magasins), et les actions allant à l'encontre des libertés publiques », souligne Khalil el-Khalil à L'Orient-Le Jour. « Face à ce tableau, j'ai essayé d'encourager des jeunes à présenter leurs candidatures au conseil municipal pour tenter de changer les choses, mais je n'ai pas pu atteindre mon objectif, du fait de l'intervention de Charbel Nahas. Pour moi, l'action politique est une action à long terme, et l'important pour moi reste ma présence à ce niveau. Je n'ai donc plus formé de liste, mais j'ai laissé aux gens la chance d'exprimer leur mécontentement », indique l'ancien ambassadeur.

« Il est grand temps de changer »
Quelle est la probabilité de victoire d'une liste anti-Hezbollah-Amal dans un caza comme Tyr où le tandem n'a fait que consolider sa présence pendant des années ? « La liste opposée à cette alliance traditionnelle a implosé en plusieurs listes, ce qui réduit considérablement les chances de victoire », répond Khalil el-Khalil, dépité.
Commentant ce changement notable dans le paysage électoral à Tyr, il estime que « certaines personnes agissent d'une façon inacceptable au nom de la Résistance, ce qui pousse les gens à réagir et à s'élever contre elles ». « Depuis la tutelle syrienne, une seule force a exercé une hégémonie totale au Liban-Sud et il est grand temps de changer la situation. » « Nous soutenons tous la Résistance lorsqu'elle affronte l'ennemi israélien, mais cela ne signifie aucunement que nous tolérons les actes dont elle se rend responsable et qui vont à l'encontre des libertés publiques », souligne-t-il.
Concernant le rôle des chrétiens et des sunnites dans la bataille électorale à Tyr, sachant que le vote chrétien avait fait toute la différence lors de municipales antérieures, M. Khalil affirme que « parmi 7 000 chrétiens inscrits sur les listes électorales, seuls 2 000 voteront, puisqu'une grande proportion d'entre eux a préféré émigrer, sans oublier qu'ils constituent (avec les sunnites) des minorités qui ont peur, et pourraient donc préférer ne pas aller aux urnes dimanche ».

« Un nouveau phénomène »
Pour l'ingénieur Riad el-Assaad, un rival traditionnel du président de la Chambre et chef du mouvement Amal Nabih Berry, dont Tyr est l'un des bastions, « il faut remarquer qu'à Tyr, comme dans l'ensemble du Liban-Sud, nous sommes face à un nouveau phénomène : celui des batailles électorales proprement dites, dans un grand fief du Hezbollah et du mouvement Amal ».
À L'OLJ, M. Assaad souligne que « ce nouveau paysage électoral émane d'une volonté de changement et de demande de comptes, ainsi que d'un refus de résumer une communauté entière à deux formations politiques ». L'ingénieur ne manque pas, toutefois, de lier cet état des choses à un contexte plus général, qui inclut notamment les relations tendues entre les partis politiques, la percée de la société civile lors des municipales de Beyrouth, et enfin ce climat de méfiance et de rejet des partis politiques qui se manifeste de plus en plus au sein de la population.

Alors que l'on s'attendait à une journée électorale sans batailles ce dimanche au Liban-Sud, du fait du stéréotype hégémonique quasi total du tandem Hezbollah-Amal dans le mohafazat, le troisième round du scrutin pourrait bien prouver le contraire, et c'est une première.Dans le caza de Tyr, et plus particulièrement dans la ville qui porte le même nom, où les électeurs sont appelés...

commentaires (3)

Ne vendons pas l'ours avant de l'avoir tué! Une telle déconfiture risque de créer une réactions sanglante de la part du parti Iranien si les indépendants arrivent a placer ne serai-ce qu'un de ses membres a la municipalité. Je doute que le Hezbollah laisse faire et tout comme dans certaines regions a Baalbeck, il s'assurera, par les armes s'il le faut, que personne ne le dérangera. Que faire si le colt a un effet dissuasif pour ceux qui ne sont pas prêt a mourir pour une poignée de cents.

Pierre Hadjigeorgiou

10 h 56, le 19 mai 2016

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Commentaires (3)

  • Ne vendons pas l'ours avant de l'avoir tué! Une telle déconfiture risque de créer une réactions sanglante de la part du parti Iranien si les indépendants arrivent a placer ne serai-ce qu'un de ses membres a la municipalité. Je doute que le Hezbollah laisse faire et tout comme dans certaines regions a Baalbeck, il s'assurera, par les armes s'il le faut, que personne ne le dérangera. Que faire si le colt a un effet dissuasif pour ceux qui ne sont pas prêt a mourir pour une poignée de cents.

    Pierre Hadjigeorgiou

    10 h 56, le 19 mai 2016

  • LES CHIITES COMMENCENT A SE REVEILLER... ET A REMUER LA POUSSIERE QUI LES COUVRE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 49, le 19 mai 2016

  • Comme leur peine leur semble plus ou moins légère, à présent que l’adversité qui les faisait courber fait plier ; enfin un peu ; leurs "imbéciles et fascisants" adversaires !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    08 h 08, le 19 mai 2016

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