Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Turquie

Davutoglu annonce son départ, Erdogan consolide son pouvoir

Plusieurs motifs de contentieux opposent les deux hommes, comme les négociations avec les Kurdes.

Des partisans de l’AKP, le 30 octobre 2015, devant un dessin d’Ahmet Davutoglu (à gauche), et Recep Tayyip Erdogan à Konya. Reuters/Umit Bektas/File Photo

Le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu a annoncé hier son retrait prochain de la tête du parti au pouvoir et du gouvernement, une décision qui devrait consolider l'emprise du président Recep Tayyip Erdogan sur le pays. Dans ce contexte, le Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) se réunira le 22 mai pour un congrès extraordinaire. « Je ne pense pas que je serai candidat dans les circonstances actuelles » lors de ce congrès, a déclaré M. Davutoglu lors d'un discours à Ankara au siège de cette formation au pouvoir depuis 2002. M. Davutoglu, dont l'AKP a remporté haut la main les dernières élections législatives le 1er novembre lui conférant un mandat de quatre ans, a tenu à souligner que sa décision n'était « pas le fruit d'un choix (personnel), mais d'une nécessité », une critique à peine voilée des cadres de l'AKP loyaux au chef de l'État qui ont récemment décidé de raboter ses prérogatives au sein du parti. Pendant son discours, le chef du gouvernement a défendu son bilan politique et économique et nié tout conflit avec M. Erdogan, le véritable maître de la Turquie qui tient les rênes de l'AKP, même s'il est censé être constitutionnellement au-dessus de tout parti. « Je n'ai pas de reproches, je n'éprouve ni colère ni rancœur », a-t-il dit, assurant qu'il était déterminé à défendre l' « honneur de son frère » Erdogan, qui l'a nommé à la tête du gouvernement en août 2014 après avoir été élu à la présidence du pays.
La mise à l'écart de M. Davutoglu, 57 ans, de la direction de l'AKP signifiera donc la fin de son mandat de Premier ministre, le chef du parti ayant toujours été également à la tête du gouvernement. Cette décision a été prise lors d'une réunion de la direction de l'AKP au lendemain d'informations faisant état d'une rupture consommée entre MM. Davutoglu et Erdogan. Les tensions entre les deux hommes, longtemps restées discrètes, ont brusquement affleuré cette semaine, et une réunion de la dernière chance mercredi soir n'a pas permis de les surmonter. Qualifié de « marionnette » à son arrivée au pouvoir, M. Davutoglu, perçu comme une figure modérée contrairement à l'agressif mais populaire président, s'est cependant taillé sa propre place sur la scène politique. M. Erdogan n'aurait pas apprécié que son Premier ministre occupe le haut de l'affiche dans les négociations avec Bruxelles qui ont abouti à l'accord sur les migrants. Autre motif de contentieux : la volonté affichée par M. Davutoglu de reprendre les négociations avec la rébellion kurde.
Le chef de l'opposition Kemal Kiliçdaroglu a dénoncé une « révolution de palais », fustigeant une intervention inacceptable de M. Erdogan dans les affaires de l'exécutif. En effet, depuis son élection à la tête de l'État, M. Erdogan ne cache pas son ambition de modifier la Constitution pour instaurer un régime présidentiel, un projet publiquement soutenu par M. Davutoglu, qui a toutefois semblé peu pressé de le mettre en œuvre.
L'arrivée d'un allié plus docile à la tête du gouvernement pourrait lui permettre d'atteindre ce but. Plusieurs noms circulent, notamment ceux de Binali Yildirim, compagnon de route de M. Erdogan et ministre des Transports, et Berat Albayrak, ministre de l'Énergie et gendre du président. Les cadres de l'AKP, fondé par M. Erdogan, assurent que la transition se fera en douceur. « L'AKP ne connaîtra aucun problème en interne », a assuré hier le vice-Premier ministre Yalçin Akdogan, également successeur potentiel de M. Davutoglu. Ce dernier a indiqué qu'il continuerait d'occuper son poste de député après le congrès.
Comme pour entretenir un sentiment de normalité, les services du Premier ministre ont fait savoir que son déplacement en Bosnie-Herzégovine prévu aujourd'hui aurait bien lieu, démentant des informations de presse.

(Source : AFP)

Le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu a annoncé hier son retrait prochain de la tête du parti au pouvoir et du gouvernement, une décision qui devrait consolider l'emprise du président Recep Tayyip Erdogan sur le pays. Dans ce contexte, le Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) se réunira le 22 mai pour un congrès extraordinaire. « Je ne pense pas que je...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut