Un nombre record d’États signent l’accord de Paris à l’Onu

Le Palais de verre a vécu hier un « moment historique » avec une participation record d'États à la cérémonie de l'accord sur le climat. La signature de cet accord, conclu à Paris le 12 décembre dernier, qui s'est déroulée en présence des représentants de 175 pays, est perçue comme une victoire pour toute la planète. « C'est un moment historique. Jamais auparavant un aussi grand nombre de pays n'avait signé un accord international en une seule journée », a déclaré le secrétaire général de l'Onu Ban Ki-moon dans son discours d'ouverture de la cérémonie, dans l'enceinte de l'Assemblée générale des Nations unies. « Il va falloir maintenant agir rapidement pour le ratifier à un niveau national afin qu'il puisse entrer en vigueur dès que possible », car « aujourd'hui, c'est une journée pour nos enfants, nos petits-enfants et toutes les générations à venir », s'est-il réjoui.

Course contre la montre
Le secrétaire général de l'Onu a présidé la séance aux côtés de la princesse Lalla Hasna du Maroc, dont le pays accueillera la COP22 en novembre prochain, du président français François Hollande et de la présidente de la COP21, Ségolène Royal.
M. Ban a également rappelé que l'accord de Paris avait été conclu lors de la 21e Conférence des États parties à la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), dite COP21. « Dans le cadre de cet accord, les 196 États parties à la convention-cadre se sont engagés à prendre des mesures pour maintenir l'élévation de la température mondiale en dessous de 2 degrés Celsius d'ici à la fin du siècle. Nous battons des records dans cette salle – ce qui est une bonne nouvelle. Mais des records sont également battus à l'extérieur. Températures mondiales records. Fonte des glaces record. Niveaux records de carbone dans l'atmosphère. Nous sommes engagés dans une course contre la montre », a-t-il averti, soulignant que la fenêtre de tir qui permettrait de maintenir la hausse de la température globale en dessous de 2 degrés Celsius, voire de 1,5 degré, est en train de se fermer rapidement.

« Décarboner » l'économie
« L'ère de la consommation sans limites est terminée et les États doivent désormais redoubler d'efforts pour "décarboner" notre économie. Pour cela, la communauté internationale doit aider les pays en développement à faire cette transition. Les plus pauvres et les plus vulnérables ne doivent pas faire les frais d'un problème qu'ils n'ont pas créé », a insisté M. Ban. Loin d'être un « fardeau », l'action climatique offre de nombreux avantages. « Elle peut notamment aider à éliminer la pauvreté, créer des emplois verts, prévenir l'instabilité et améliorer la vie des filles et des femmes. Elle est également indispensable pour atteindre les objectifs de développement durable », a souligné le secrétaire général.
Il est nécessaire que ce pacte se traduise rapidement en actes « pour le compte de la jeune génération actuelle et de toutes celles qui la suivront, des actes qui réduisent le risque climatique et protègent les communautés, des actes qui nous engagent dans une voie plus sûre et plus intelligente », a-t-il souligné. Avec la signature de ce pacte, « le pouvoir de construire un monde meilleur est entre vos mains », a conclu Ban Ki-moon.
Le président français François Hollande a salué, à son tour, l'action du secrétaire général et de tous les représentants de tous les États, ainsi que la représentante du royaume du Maroc, « puisque c'est à Marrakech qu'aura lieu la prochaine réunion de la conférence ». Et de rappeler le contexte de la « journée historique » du 12 décembre 2015, « dramatique et tragique » après les attentats terroristes de la capitale française, « lorsque Laurent Fabius, alors président de la COP21, marqua le consensus avec un coup de marteau, qui restera dans les mémoires, nous avons tous vécu un moment d'émotion, comme il y en a peu dans une vie de responsable politique ». Il a aussi rappelé les engagements pris par les gouvernements, les entreprises, les collectivités locales, les citoyens et par la société civile qui ont précédé l'accord de Paris.

Leonardo DiCaprio
« Le monde nous regarde (...), plus de beaux discours, plus d'excuses, plus de manipulation de la science et des politiques par les entreprises liées aux énergies fossiles » comme le pétrole ou le charbon, a martelé à la tribune l'acteur et défenseur de l'environnement Leonardo DiCaprio. « Oui, a-t-il dit, l'accord de Paris est une raison d'espérer, mais ce ne sera pas assez. »
Une soixantaine de chefs d'État et de gouvernement étaient présents au siège de l'Onu pour cette séance de signature. La société civile s'est réjouie de ce coup de pouce donné à l'accord. « C'est un tournant pour l'humanité, afin qu'elle s'oriente vers une économie propre à 100 % », a affirmé Michael Brune, directeur exécutif du Sierra Club.
Le mois dernier a été le mois de mars le plus chaud jamais enregistré, selon les météorologues américains. L'accord de Paris engage ses signataires à limiter la hausse de température « bien en deçà de 2 °C », et à « poursuivre leurs efforts » pour limiter cette hausse à 1,5 °C. Cet objectif très ambitieux exigera une volonté soutenue et des centaines de milliards de dollars pour assurer la transition vers des énergies propres. L'accord reste ouvert pendant un an à la signature des 195 pays qui l'ont négocié. Quinze petits pays très exposés, dont Fidji, Tuvalu, les Maldives, Belize, la Barbade ou Samoa, l'ont ratifié dès hier.