Bassma Kodmani, membre de la délégation du Haut Comité des négociations sur la Syrie, a exprimé publiquement ses réserves quant à l'attitude jugée « ambiguë » de
Washington sur le rôle de Bachar el-Assad dans le processus de transition. Mme Kodmani a laissé entendre que l'opposition attend une confirmation claire de la part de Washington sur le sort du président syrien. Selon Mme Kodmani, les États-Unis doivent montrer qu'« ils peuvent se faire entendre par Moscou ». Dans cet entretien express, Fabrice Balanche, spécialiste de la géographie politique de la Syrie et chercheur invité au Washington Institute, analyse ce qu'il affirme être une convergence russo-américaine sur le maintien d'Assad durant la période de transition.
Dans quel contexte intervient cette déclaration ?
Je pense que l'opposition se sent abandonnée par les États-Unis. Le secrétaire d'État américain a dû expliquer à Bassma Kodmani que le maintien d'Assad au pouvoir pendant la période de transition est acceptable pour les États-Unis. Les Américains au nom de la Realpolitik ne veulent pas risquer d'exclure le président syrien avant le rétablissement de la paix et de la sécurité sur le terrain. Ils ont également conscience aujourd'hui que l'Europe est au bord de l'implosion principalement en raison de sa gestion de la crise syrienne. On assiste à la montée de partis de droite prorusses, les opinions publiques européennes adhèrent de plus en plus à l'approche des Russes, dont le succès dans la lutte contre le groupe État islamique (EI) est tangible face à l'efficacité limitée de la coalition constituée par les États-Unis.
Les États-Unis ont-ils la maîtrise de l'évolution du calendrier diplomatique sur la question du sort de Bachar et les moyens de négocier l'option d'un départ du président syrien ?
Les États-Unis ne souhaitent pas le départ de Bachar el-Assad à n'importe quel prix et au risque de voir s'installer le chaos en Syrie. Ils considèrent que le pouvoir est beaucoup trop personnalisé, et la dernière chose qu'ils souhaitent c'est de voir des groupes comme l'EI ou le Front al-Nosra profiter du vide pour s'imposer. Même à supposer qu'ils se rallient à cette option, qu'auraient-ils à proposer aux Russes en échange du départ d'Assad ?
Que peuvent-ils imposer aux groupes d'opposition ?
Ont-ils les moyens de suspendre le soutien de leurs alliés turcs et saoudiens aux groupes jihadistes ? Quelles garanties peuvent donner les Américains ? Je ne le pense pas.
Les Russes, qui jouent un rôle central sur le terrain, tentent aujourd'hui d'amener Bachar el-Assad à faire des concessions politiques. Est-il concevable qu'ils finissent par renoncer au président dans la recherche d'une solution pacifique ?
Il est clair que les Russes aujourd'hui ont une présence profonde en Syrie, ils sont à la fois très impliqués dans l'encadrement et l'équipement de l'armée syrienne, et tentent de favoriser la représentation de petits groupes d'opposition au processus de Genève. Les Russes ne prendront jamais le risque d'un éclatement de la Syrie et ils s'entendent parfaitement avec les Iraniens sur ce point. Contrairement à ce qui a été affirmé dans la presse occidentale, ni les Iraniens ni le régime syrien n'ont été surpris par le retrait partiel russe dont ils ont été informés avant. Chaque acteur cherche aujourd'hui à obtenir des gages et conforter sa présence en Syrie, mais on voit mal qui pourrait remplacer Assad.
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ET LA CONNIVENCE EST EN MARCHE... N,EN DEPLAISE AUX MOUMANA3ISTES...
LA LIBRE EXPRESSION
12 h 28, le 05 avril 2016