Souhaid prône une nouvelle « intifada » face aux armes illégales

« Il n'est pas d'usage de voir le coordinateur du 14 Mars faire seul une apparition médiatique pour l'anniversaire du 14 Mars. L'usage était de voir tous les leaders du 14 Mars, y compris les membres du secrétariat général, composer une scène qui est restée, pendant dix ans, synonyme d'unité et de continuité », a souligné hier, d'entrée de jeu, le coordinateur du 14 Mars, l'ancien député Farès Souhaid, lors d'une conférence de presse au siège du secrétariat général de la coalition, à Achrafieh. C'est en toute franchise qu'il a fait état d'un malaise prolongé et profond au sein de la coalition.
Il a ainsi qualifié de « très dangereuse » l'absence d'une cérémonie de célébration du 14 Mars cette année, « surtout qu'il n'y a ni force majeure ni raisons urgentes ou contraignantes qui justifient cette absence de cérémonie ». Celle-ci « ne s'explique pas non plus, exclusivement, par le litige portant sur les candidatures à la présidence de la République, contrairement aux insinuations de plusieurs responsables concernés ». Le problème dépasse le dossier de la présidentielle, « et renvoie à des divergences accumulées pendant des mois et des années. Des divergences que je suis tenu d'exposer, ni vous avez besoin d'écouter, étant donné qu'elles se sont déjà manifestées à plusieurs occasions », a-t-il poursuivi, avant de faire un diagnostic global de la situation.
« À mon avis, et d'une manière générale, l'instant présent a cela de dangereux qu'il est le produit naturel d'un état prolongé de repli : les principales composantes politiques et partisanes du 14 Mars se sont respectivement repliées sur elles-mêmes, mettant en avant leurs propres priorités (par rapport aux priorités nationales). Et ces priorités propres aux factions politiques sont de nature confessionnelle et partisane et, je le le répète, elles contreviennent à la priorité nationale absolue qui s'était exacerbée le 14 mars 2005 », a-t-il insisté. Il a également noté que l'état des lieux actuel « est aussi le fruit d'une opération qui a réduit la vaste mouvance populaire à un groupe limité de chefs de partis politiques ».
En réponse aux questions des journalistes, il a pointé du doigt les dérapages des leaders du 14 Mars, vers « un mimétisme du modèle communautariste du Hezbollah ». Or, « à l'heure où les composantes du 14 Mars ont le plus besoin l'une de l'autre, il n'est pas permis que l'une occulte les priorités de l'autre. Il n'est pas permis aux chrétiens de s'absenter lorsqu'il s'agit de priorités concernant les musulmans, et vice versa ». Insistant sur le fait que « la crise au sein du 14 Mars n'est pas d'ordre administratif », il a appelé les parties à « un retour à l'espace national commun » sur lequel s'était constituée leur alliance. Il a relevé à cet égard que «l'unité intérieure reste le seul moyen de faire face aux armes du Hezbollah ».
Parmi les principes qui devraient guider « une action de renouvellement du soulèvement de l'indépendance », celui de « l'unité intérieure comme synonyme de la souveraineté ».
« La souveraineté et l'indépendance ne sauraient s'accomplir sans une vision nationale uniforme. L'épreuve de la guerre civile l'a prouvé. Une rupture de l'unité intérieure s'étendrait à chaque confession et chaque groupe, qui connaîtrait un sort similaire d'éclatement », a expliqué le coordinateur du 14 Mars.
Un autre principe serait celui de l'impossibilité d'une « cohabitation viable entre les armes de l'État et les armes illégales. De la même manière que l'accord du Caire de 1969 avait abouti à la conflagration au Liban, la cohabitation forcée entre la République libanaise et l'armée syrienne d'occupation avait neutralisé le pays, jusqu'au soulèvement de l'indépendance. C'est, de même, l'expérience de la cohabitation de l'État avec les armes du Hezbollah qui a abouti à la paralysie des institutions, jusqu'à l'annulation de la présidence de la République », a-t-il poursuivi. Loin de présager de la fin des armes illégales, cette cohabitation a incité les parties du 14 Mars à « troquer la souveraineté du pays contre la stabilité et quelques gains au niveau des sièges et des nominations. Et c'est ce troc, effectué sous le label de la paix civile, qui profite le plus au Hezbollah ».
« Une nouvelle intifada face aux armes illégales » serait donc incontournable et c'est « notre volonté nationale qui est en mesure de la réaliser », a-t-il conclu, sur un ton de résilience.