Geagea : « Les failles structurelles » du 14 Mars n’iront pas plus loin que la présidentielle

Pour le 11e anniversaire du 14 Mars, le leader des Forces libanaises, Samir Geagea, a tenu une conférence de presse succincte à Meerab, valorisant « le caractère constant et définitif de la volonté populaire éclose en 2005 », et minimisant la portée des divergences actuelles entre les factions politiques du 14 Mars.
« J'ai tenu à cette conférence de presse aujourd'hui (hier, à Meerab) pour trois raisons fondamentales, la première est de saluer chaque citoyen qui a vu dans l'intifada de l'indépendance, l'espoir que le Liban redevienne un État et un modèle (...) », a-t-il souligné, d'emblée, en mettant l'accent sur la préservation du 14 Mars citoyen. « Aussi difficiles que soient les défis, nous ne reculerons devant rien pour réaliser les aspirations de l'opinion publique indépendantiste et les objectifs qui sont ceux de la révolution du Cèdre », a-t-il affirmé.
Voulant rassurer cette « opinion publique souverainiste », Samir Geagea a précisé que « la crise à l'intérieur du 14 Mars n'est pas substantielle, mais circonstancielle et transitoire. Elle s'est révélée au grand jour à la suite des développements liés à la présidentielle, et c'est avec ce dossier que la crise prendra fin, si ce n'est pas avant ». Il reste qu'il « n'y a absolument aucune divergence sur les fondamentaux, liés aux trois légalités : la légalité libanaise, qui trouve son appui dans le projet de l'État, la légalité arabe, c'est-à-dire l'attachement à Taëf, et la légalité internationale, qui prend en compte la profonde dimension arabe du Liban ».
Les deux autres raisons que Samir Geagea a invoquées ont servi à justifier l'absence d'une cérémonie officielle de célébration du 14 Mars. « Même si les circonstances de cette année se sont prêtées à des allocutions individuelles, au lieu d'une apparition fédératrice, cela ne signifie en aucune façon que le 14 Mars a pris fin, ni qu'il n'existe plus », a-t-il expliqué. Pour lui, en effet, « les facteurs qui ont conduit au soulèvement sont toujours là, et nous y croyons toujours. Le 14 Mars est une idée et un esprit, avant d'être une organisation. C'est un projet, avant d'être un mouvement ». Cette lecture « ne veut pas minimiser l'importance du cadre organisationnel et structurel, ni la portée de l'image fédératrice (du 14 Mars politique) », a-t-il précisé, « mais il faudrait savoir renoncer aux traditions et coutumes, lorsque celles-ci ne servent plus qu'à camoufler les failles structurelles ».
Le chef des FL a enfin mis l'accent sur le précepte d'intégrité envers le public (la troisième raison de son discours). « Parce que nous ne sommes habitués qu'à dire la vérité aux gens, nous avons préféré ne pas organiser de cérémonies officielles, voyant que les discours n'allaient rien apporter de nouveau à un public qui réclame des actes et non des paroles. » « Ce qui est demandé aujourd'hui est un choc positif qui pousse toutes les parties à réfléchir aux moyens de sortir de la crise actuelle, et non l'image d'un cérémonial qui n'aurait qu'un effet anesthésiant ou qui ne produirait qu'une fuite en avant », a fait remarquer Samir Geagea.
Il a lancé enfin un double appel : un appel à « un travail d'introspection et de révision », qu'il a adressé à « tous les leaders du 14 Mars afin de surmonter les clivages actuels et honorer le projet du 14 Mars, celui du Liban-rêve ».
Il a appelé en même temps l'ensemble des acteurs et militants du 14 Mars à « cesser l'autoflagellation, à se focaliser sur la moitié remplie du verre et à ne pas perdre de vue que le projet du 14 Mars n'a jamais eu droit à une confrontation politique, mais à une confrontation par les armes et les assassinats ». « Il suffit d'examiner l'état des lieux dérisoire du pays, que ce soit au niveau interne, ou au niveau de ses rapports avec le monde arabe et la communauté internationale, pour comprendre que le 14 Mars défend la cause juste », a conclu Samir Geagea.