Le bloc Aoun : « Les chrétiens ne sont pas des suiveurs »

Le bloc parlementaire du Changement et de la Réforme a tenu hier sa réunion hebdomadaire sous la présidence de son chef, Michel Aoun, mais c'est le député Ibrahim Kanaan qui a donné lecture du communiqué final, dans lequel il a d'emblée répondu, sans le nommer, au chef du courant du Futur, qui avait mis l'accent sur le respect de la Constitution et des règles du jeu démocratique, dimanche, dans le discours qu'il a prononcé lors de la cérémonie commémorant le 11e anniversaire de l'assassinat de son père, Rafic Hariri.
Saad Hariri avait surtout critiqué sans les nommer le Hezbollah et le CPL pour leur boycottage des réunions parlementaires convoquées pour l'élection d'un président de la République. Le réquisitoire de M. Kanaan était également adressé au ministre des Finances, Ali Hassan Khalil, à cause des permutations effectuées au sein de son département où des chiites ont été nommés à des postes-clés dévolus, selon la tradition, aux chrétiens.
Ibrahim Kanaan s'est donc abstenu de nommer les deux, se contentant de faire référence « aux positions des deux derniers jours portant sur le respect du pacte national, de la Constitution et de la démocratie. Notre réponse est la suivante : les trois se traduisent par un partenariat véritable et par un respect de la volonté populaire. Quid des deux ? » a commenté le député qui a tout de suite évoqué la marginalisation des chrétiens. « Qu'en est-il de la volonté de 86 % des chrétiens ? Les limites du respect du pacte s'arrêtent-elles au niveau de la composante chrétienne dont la représentation est hypothéquée à chaque échéance, qu'il s'agisse des législatives, de la présidentielle ou de la formation d'un gouvernement? » s'est interrogé M. Kanaan. Il a ensuite rappelé les inquiétudes exprimées à La Havane par le pape François et le patriarche de Moscou, Kyrill, au sujet d'une « restriction des droits des chrétiens dans la région », estimant en substance que ces restrictions s'appliquent, toutes proportions gardées, aux chrétiens du Liban.
« C'est parce que nous restons attachés au pacte national que nous rejetons toute tutelle sur nous, notamment celles qui découlent d'une violation de l'accord de Taëf qui est notre Constitution », a poursuivi le député avant de marteler : « Les chrétiens ne sont pas des suiveurs, mais des partenaires au pouvoir. Et toutes les erreurs et les violations commises ne font que torpiller la coexistence. »
Pour ce qui est du respect de la Constitution, M. Kanaan s'est arrêté sur une violation « flagrante de la Loi fondamentale à travers la prorogation, à deux reprises, du mandat du Parlement, dans le seul but de maintenir en place une majorité qui est incapable d'élire un président et qui bloque le partenariat national authentique ». Il a ensuite exposé les propositions de solution qui avaient été avancées par son bloc pour débloquer le dossier de la présidentielle, avant de commenter : « Elles ont toutes été rejetées. De quelle démocratie parlez-vous ? Êtes-vous franchement sérieux lorsque vous réclamez le respect de la démocratie et lorsque vous nous accusez de la bloquer ? »