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Liban - Communautés

La tentative d’interdiction de la vente d’alcool à Kfarremane s’envenime

Des cheikhs lancent une seconde pétition dans les lieux de culte, mais les réactions dans ce village de Nabatiyeh sont très diverses.

Le village de Kfarremane à Nabatiyeh est secoué par une polémique depuis quelques jours autour de la consommation d'alcool : des cheikhs ont lancé une première pétition il y a quelques jours pour demander la fermeture des endroits qui vendent de l'alcool (épiceries ou restaurants) ou, du moins, l'interdiction de cette vente, sous prétexte que ces endroits répandent les mauvaises habitudes et nuisent aux traditions religieuses. Ils se sont adressés une première fois à la municipalité, qui leur a répondu n'avoir pas la prérogative juridique pour entreprendre une telle démarche. Les cheikhs ont lancé une seconde pétition qui, selon l'agence al-Markaziya, « aurait déjà recueilli quelque 2 000 signatures », mais « aurait aussi créé une profonde division dans la société ».

Ahmad Ismaïl, un habitant et militant d'un village voisin, explique à L'Orient-Le Jour que « la première pétition n'avait pas recueilli le nombre de signatures escompté par ses auteurs. Voilà pourquoi ceux-ci en ont lancé une seconde, dans une démarche plus agressive visant à pousser les associations et les clubs, ainsi que les individus, à y apposer leur nom, poursuit-il. Cette pétition a été placée dans les lieux de culte. Je pense qu'une certaine intimidation est exercée sur les signataires, les auteurs jouant sur la corde sensible de la religion ».
Le militant ajoute que ces cheikhs « sont réputés proches du Hezbollah ». Il met l'affaire dans son contexte : « Kfarremane est traditionnellement un village où les courants de gauche sont très puissants. Depuis quelques années, la présence du Hezbollah et d'Amal, les deux grandes formations chiites, est nettement plus marquée, mais les partis de gauche y sont toujours très bien implantés. Ce n'est pas la première fois qu'on tente d'interdire l'alcool et les soirées à Kfarremane, peut-être parce que sa capitulation, dans ce sens, serait hautement symbolique et pousserait les autres localités de Nabatiyeh à suivre cette voie. »

Interrogé sur les risques d'agression contre ces endroits par des individus zélés (à l'instar de ce qui s'est passé dans d'autres localités comme Tyr), Ahmad Ismaïl pense que cela est possible, certains pouvant profiter de cette atmosphère pour régler des comptes ou parce qu'ils pensent rendre service aux forces politiques. « Mais ce n'est pas le risque principal, dit-il. Ces gens qui ont ouvert les endroits dont on parle sont, pour la plupart, des émigrés rentrés au pays, et qui n'ont d'autre alternative que de tenir un commerce. Ils répondent presque tous à un profil d'anciens résistants de gauche contre l'occupant israélien. Les obliger à fermer leurs commerces ou leurs cafés équivaut à les ruiner. De plus, j'ai le net sentiment qu'il s'agit là d'une pression politique. Certains n'avaient pas hésité à réagir aux photos de famine parvenant de Madaya (NDLR : village en Syrie encerclé par le Hezbollah et le régime), critiquant par la même occasion l'intervention du Hezbollah en Syrie. »

Malgré toute la tension, le militant estime que « la situation est normale dans le village ». Il précise que les endroits concernés sont principalement un restaurant et quelques épiceries. « Par le passé, des individus avaient réussi à convaincre, par de fausses promesses, certains propriétaires de restaurants dans cette région d'arrêter d'offrir des boissons alcoolisées, raconte-t-il. Résultat : ceux-ci ont à terme dû mettre la clé sous la porte faute de clients. »


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Le village de Kfarremane à Nabatiyeh est secoué par une polémique depuis quelques jours autour de la consommation d'alcool : des cheikhs ont lancé une première pétition il y a quelques jours pour demander la fermeture des endroits qui vendent de l'alcool (épiceries ou restaurants) ou, du moins, l'interdiction de cette vente, sous prétexte que ces endroits répandent les mauvaises...

commentaires (3)

Des cheikhs lancent une seconde pétition dans les lieux de culte, mais les réactions dans ce village de Nabatiyeh sont très diverses ET DIRE QU'ILS PRETENDENT S'OPPOSER AUX PRATIQUES DE DAESCH

Henrik Yowakim

16 h 42, le 16 janvier 2016

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Commentaires (3)

  • Des cheikhs lancent une seconde pétition dans les lieux de culte, mais les réactions dans ce village de Nabatiyeh sont très diverses ET DIRE QU'ILS PRETENDENT S'OPPOSER AUX PRATIQUES DE DAESCH

    Henrik Yowakim

    16 h 42, le 16 janvier 2016

  • L,ALCOOL INTERDIT ET LES BARBITURIQUES ET AUTRES STUPEFIANTS ET DROGUES A L,HONNEUR...

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 07, le 16 janvier 2016

  • Quid du Captagon et du Hasch ?

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    09 h 54, le 16 janvier 2016

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