Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Éclairage

Daech frappe hors de son califat pour compenser ses échecs en Syrie et en Irak

Le Liban, la Turquie et la France sont en tête de la liste des pays à attaquer.

Confronté à des revers sur le terrain au sein même du califat qu'il a instauré en Syrie et en Irak, et à l'intensification des frappes aériennes de la coalition internationale menée par les États-Unis, l'État islamique (EI – Daech selon son sigle arabe) pourrait avoir décidé au mois de septembre de porter le combat en France et ailleurs.
D'après un combattant de l'EI joint dans le nord de la Syrie, le porte-parole du groupe sunnite ultraradical, Abou Mohammad al-Adnani, a donné la consigne d'agir à l'étranger. « Il a envoyé un ordre écrit à tous les secteurs et à toutes les brigades de sécurité de commencer à bouger, notamment au Liban et en Turquie. Le Liban et la France, et d'autres endroits, font tous partie des opérations ordonnées il y a deux mois », explique le combattant syrien, contacté via les réseaux sociaux.
En moins de 24 heures, Daech a revendiqué les attentats de Paris et Saint-
Denis, vendredi soir en représailles aux frappes aériennes en Syrie, ainsi que le double attentat-suicide jeudi à Bourj el-Brajneh à Beyrouth. L'EI a également revendiqué la destruction d'un avion de ligne russe au-dessus de la péninsule du Sinaï le 31 octobre, après le début des frappes aériennes russes en Syrie. L'EI a également menacé d'attaquer l'Arabie saoudite, les États-Unis et la Russie. Par ailleurs, les autorités turques soupçonnent un dirigeant jihadiste qu'elles ont interpellé la semaine dernière d'avoir eu l'intention de préparer des attentats proches de ceux de Paris.
La consigne du porte-parole al-Adnani n'a pu être authentifiée. Selon des combattants et des sympathisants de l'EI, elle a été donnée à des cellules dormantes dans plusieurs endroits. « Les messages qu'ils nous envoient sont envoyés dans le sang et le carnage, aussi nous leur renvoyons leurs messages de la même façon, c'est simple », commente le combattant de l'EI contacté en Syrie.

Une organisation secrète
Daech agit dans le plus grand secret et possède une organisation compliquée. En général, son calife, Abou Bakr al-Baghdadi, est le décisionnaire ultime, mais il a aussi un adjoint qui a du pouvoir. Tous deux consultent un Conseil de la choura, où siègent notamment des dirigeants militaires et religieux qui donnent leur avis au calife sur la stratégie militaire. Une version très stricte de l'islam y est pratiquée, qui considère que tous ceux qui s'y opposent sont des infidèles qui doivent être tués.
L'EI a attiré des milliers de jihadistes du monde entier et notamment d'Europe. Mais les contrôles plus stricts en matière de sécurité imposés par certains pays européens ont empêché les candidats au jihad de partir rejoindre le groupe en Syrie et en Irak. En vue de surmonter ce problème, Daech a établi des contacts avec des candidats à partir de ses bases au Proche-Orient et les a encouragés à agir en tant que « loups solitaires », ou à s'organiser en petites cellules pour mener des attentats individuels à l'intérieur de pays où ils habitent et travaillent.
Selon un combattant, les cellules dormantes n'ont pas de contact entre elles mais toutes répondent à une structure spéciale chargée des « opérations étrangères », auprès de laquelle elles prennent leurs ordres pour attaquer. Il n'a pas donné d'autres indications. Selon lui, le chef de cet appareil serait un Jordanien qui travaille en étroite collaboration avec la direction en Syrie et en Irak, et qui se déplace entre les deux pays. On ne le connaît que par un surnom. « Il dirige ces opérations, entre en contact avec les sympathisants, les guide pour l'entraînement, ainsi que pour les opérations et les cibles », explique le combattant. Son récit n'a pu toutefois être corroboré.

Moral retrouvé
Les combattants de Daech disent que les attentats de Paris ont redonné le moral au sein de l'organisation, après une semaine lors de laquelle elle a perdu une ville stratégique en Syrie proche de la frontière irakienne, ainsi que Sinjar en Irak. En outre, l'armée syrienne et ses alliés du Hezbollah, soutenus par les frappes aériennes russes, ont brisé le siège d'une base aérienne assiégée par l'EI depuis près de deux ans.
Parmi les pays occidentaux que l'EI souhaite frapper, la France occupe une place de choix, expliquent des jihadistes, parce que, disent-ils, les musulmans y font l'objet de discriminations. « Ce n'est que le commencement. Nous n'avons pas non plus oublié ce qui s'est passé au Mali », déclare un combattant islamiste non syrien contacté sur Internet, en faisant allusion à l'intervention française pour lutter contre les islamistes qui s'étaient emparés du nord du Mali en 2013. « L'amertume provenant du Mali, l'arrogance des Français ne seront pas du tout oubliées. Leurs atrocités en Syrie et leur soutien à la tyrannie s'ajoutent à cela », a-t-il dit, en saluant les attentats de Paris.
Les partisans de l'EI disent ne pas être impressionnés par les frappes de la coalition internationale en Syrie. « Nous travaillons à partir d'une idéologie. Comment voulez-vous vaincre une idéologie ou quelqu'un qui croit? Plus grande sera la guerre contre nous, contre l'islam, le véritable islam, plus forte sera notre foi et notre engagement envers notre califat. L'État ne dit pas ce qu'il va faire demain. Il a dit au monde qu'il sera puni et il en sera ainsi », déclare un fidèle.
(Source : Reuters)

Confronté à des revers sur le terrain au sein même du califat qu'il a instauré en Syrie et en Irak, et à l'intensification des frappes aériennes de la coalition internationale menée par les États-Unis, l'État islamique (EI – Daech selon son sigle arabe) pourrait avoir décidé au mois de septembre de porter le combat en France et ailleurs.D'après un combattant de l'EI joint dans le...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut