L'armée syrienne a avancé jeudi dans son offensive majeure sur plusieurs fronts lancée avec le soutien du Hezbollah et de l'aviation de la Russie, dont l'engagement dans le conflit inquiète de plus en plus l'Otan.
Les soldats syriens se sont emparés de la majeure partie d'une colline stratégique, Jib Ahmar, qui domine l'ouest de la Syrie, "avec l'aide du Hezbollah", a annoncé à l'AFP une source militaire.
L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) a confirmé cette avancée réalisée par les militaires et "des milliers de miliciens des Forces de défense nationale (FDN) entraînés par les Russes et le Hezbollah".
Au neuvième jour de leur campagne, les Russes ont continué à intensifier leurs frappes en bombardant 27 cibles dans les provinces de Raqqa, Homs et Hama, selon l'armée.
A ce propos, le secrétaire américain à la Défense Ashton Carter a déclaré jeudi s'attendre à ce que la Russie "commence à subir des pertes" humaines "dans les prochains jours".
M. Carter était à Bruxelles pour une réunion des ministres de la Défense des 28 pays membres de l'Otan, dont le secrétaire général Jens Stoltenberg a qualifié d'"escalade inquiétante" l'engagement militaire russe.
L'Alliance, qui n'est pas directement impliquée dans le conflit, a de nouveau exhorté Moscou à cesser de soutenir le régime de Bachar el-Assad, et s'est dite prête à défendre chacun de ses membres, "y compris la Turquie", voisine de la Syrie.
(Repère : Montée en puissance des frappes russes en appui à Assad)
"Capacité de combat" diminuée
Moscou avait annoncé mercredi que ses raids étaient "synchronisés avec les opérations terrestres" de l'armée syrienne, qui tente de reconquérir les territoires conquis ces derniers mois par les groupes rebelles et l'organisation Etat islamique (EI).
"L'armée a commencé une vaste offensive en vue d'écraser les groupes terroristes et libérer les régions et localités qui ont souffert du terrorisme et de ses crimes", a annoncé jeudi matin le général syrien Ali Abdallah Ayoub.
La colline de Jib Ahmar, située sur une chaîne montagneuse à l'intersection des provinces de Hama et de Lattaquié, est une position stratégique car elle domine la plaine de Sahl al-Ghab, dont une partie avait été conquise récement par une alliance des rebelles islamistes et du Front Al-Nosra, branche syrienne d'el-Qaëda.
L'objectif de l'armée est de reprendre le terrain perdu dans cette plaine de 1.000 km2 où alternent villages sunnites et alaouites, afin d'éviter que les insurgés ne coupent les liaisons entre les provinces de Hama et de Lattaquié et surtout la route entre Jeblé et Hama.
L'armée a diffusé une vidéo intitulée "Début de l'opération militaire à Idleb et Hama", dans laquelle on la voit utiliser différents types d'armements: artillerie, tanks, infanterie, hélicoptères et avions.
Une partie de ces équipements ont été fournis par la Russie, dont les bombardements ont commencé à "diminuer la capacité de combat (...) des groupes terroristes", a souligné le général Ayoub.
(Lire aussi : Comment le général Soleimani a préparé les frappes russes en Syrie)
Hélicoptère abattu
Les derniers raids des avions d'attaque au sol Su-25 et Su-24 ont notamment détruit des stocks d'armes et des caches souterraines, a indiqué le ministère russe de la Défense. Ils ont également bombardé "onze secteurs où se trouvaient des camps d'entraînement de combattants de l'EI dans les provinces de Hama et de Raqqa".
Malgré ce soutien, il n'était pas clair si l'armée avait réussi à avancer à Hama. Selon Al-Watan, un quotidien proche du pouvoir, elle avait "récupéré" mercredi 70 km2 et une dizaine de villages. Mais les militants antirégime ont démenti toute avancée.
Les rebelles ont abattu dans cette province un hélicoptère militaire, a indiqué l'OSDH, qui n'a pu préciser si l'engin était syrien ou russe ni ce qu'il était advenu de ses occupants.
En outre, selon une source de sécurité sur le terrain, des combats opposaient l'armée et les jihadistes de l'EI autour du champs gazier de Chaer, dans la province de Homs.
Depuis le début de son intervention le 30 septembre, la Russie a effectué des bombardements depuis des avions de combat et des croiseurs en mer Caspienne mais n'a pas engagé de troupes au sol.
M. Carter a déploré le fait que les Russes aient "tiré des missiles de croisière d'un navire depuis la mer Caspienne sans avertissement" et (qu')ils se sont approchés de quelques kilomètres d'un de nos drones".
"Ils ont lancé une offensive terrestre conjointe avec le régime syrien, faisant fi de l'illusion qu'ils sont intervenus pour combattre l'EI", a-t-il encore accusé.
L'intervention militaire russe a également entraîné de vives tensions avec la Turquie, farouchement opposée à Assad et qui rêve de voir un régime allié prendre sa place pour retrouver une influence régionale perdue.
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commentaires (10)
CORRECTION ! MERCI : ".... homologué comme Chef de Guerre à pied bot en bois de pins maritimes, Douglas, même pas Cédraie...."
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
16 h 09, le 10 octobre 2015