De nouveaux incidents aériens ont accentué les crispations mardi entre la Turquie et la Russie dont les avions ont poursuivi leurs frappes en Syrie en ciblant pour la première fois le groupe jihadiste Etat islamique (EI) à Palmyre.
Dans le dernier incident en date depuis l'intervention militaire russe dans le conflit en Syrie le 30 septembre, l'armée turque a affirmé que ses F-16 avaient été victimes lundi d'un nouvel "harcèlement" de la part d'un MIG-29 non-identifié à la frontière turco-syrienne, après un incident similaire dimanche. Elle a fait aussi état d'un autre "harcèlement" visant ses mêmes avions, cette fois par une batterie de missiles sol-air SA déployée en Syrie.
Samedi, des avions turcs ont intercepté un chasseur de l'armée de l'air russe et l'ont forcé à faire demi-tour. Mais selon Moscou, cette incursion a été causée par les "mauvaises conditions météo".
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"Ce n'est pas un accident. Il s'agit d'une sérieuse violation", a déclaré le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg en référence aux incidents du week-end dernier. Il a demandé à Moscou que "cela ne se reproduise pas".
La Turquie a convoqué à deux reprises l'ambassadeur de Russie pour l'avertir que Moscou "serait tenue responsable" si de tels incidents se reproduisaient. Le président turc Recep Tayyip a été jusqu'à appeler la Russie à ne pas "perdre l'amitié de la Turquie". "Nous ne pouvons nous asseoir et regarder, tolérer ça", a-t-il martelé.
En fait, l'aéroport où sont basés les appareils russes acheminés en renforts, est situé près de la cité de Lattaquié dans le nord-ouest syrien, elle-même à moins de 50 km de la Turquie.
La Russie est intervenue pour venir en aide au régime de Bachar el-Assad et sa chasse frappe l'EI, qui contrôle la moitié du territoire syrien, ainsi que les groupes rebelles islamistes et ceux dits "modérés" qui se trouvent notamment à la lisière de la frontière turque.
Premiers raids sur Palmyre
L'armée de l'air russe a visé notamment l'EI dans son fief à Raqqa (nord-est) et dans d'autres régions, ainsi que des groupes rebelles comme le Front al-Nosra, la branche syrienne d'el-Qaëda, et ses alliés islamistes.
Mais lundi pour la première fois, elle a frappé l'EI dans la ville de Palmyre, mondialement connue pour sa cité antique classée au patrimoine de l'Humanité, et ses alentours, selon une source militaire syrienne.
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), 30 raids russes ont fait 15 morts jihadistes dans la ville située dans le désert du centre du pays.
Depuis qu'il en a pris le contrôle en mai, l'EI y a détruit progressivement les plus beaux monuments. Dimanche il a démoli l'arc de Triomphe, qui date de l'empereur Septime Sevère (193 à 211).
Depuis le début de l'intervention de Moscou, la polémique n'a cessé d'enfler sur les cibles de son aviation, les Etats-Unis et leurs alliés l'accusant de viser des groupes rebelles "modérés" qu'ils soutiennent et de chercher à voler au secours d'Assad dénoncé comme "un tyran" par Washington.
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'Stratégie russe'
Les Etats-Unis sont eux à la tête d'une coalition d'une soixantaine de pays, qui poursuit depuis plus d'un an des frappes quotidiennes contre l'EI en Syrie et en Irak voisin, sans parvenir à venir à bout du groupe jihadiste.
Expliquant la stratégie russe, un haut responsable militaire syrien a affirmé que durant la première semaine de leur intervention à la demande de M. Assad, les appareils russes avaient surtout cherché à couper les liaisons entre rebelles dans les provinces du centre, du nord et de l'ouest syrien. Il a indiqué au quotidien libanais al-Akhbar que "les frappes visent dans une première étape des points de concentration des groupes armés situés à l'intersection de différentes provinces". Il a donné comme exemple Talbissé et Rastane qui relient celles d'Homs et d'Hama, ou Jisr al-Choughour entre celles d'Idleb et Lattaquié. Ces positions sont tenues par les islamistes et le Front Al-Nosra.
Une source militaire syrienne a précisé à l'AFP que les opérations étaient "toujours dans la première étape" mais qu'elles allaient "s'étendre et durer plusieurs mois". "Elles ont visé pour le moment des secteurs stratégiques qui relient entre elles les capitales provinciales", a-t-il souligné.
Cette source a démenti les informations "sur une opération militaire terrestre imminente" car "c'est maintenant le temps des opérations aériennes menées par les russes". Elle a précisé que "les mouvements du Hezbollah et de l'Iran", deux soutiens actifs du régime, n'avaient "pas changé depuis un an".
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commentaires (5)
LES TURCS ONT UNE MAIN OU UN PIED... CAR ILS N,EN ONT QUE DEUX PIEDS... DANS CHAQUE MERDE...
LA LIBRE EXPRESSION
12 h 49, le 07 octobre 2015