Rechercher
Rechercher

À La Une - proche-orient

En Israël, les écoles chrétiennes veulent une égalité de traitement avec les écoles juives

Pour Mgr Giacinto-Boulos Marcuzzo, vicaire patriarcal latin pour l’État hébreu, les écoles chrétiennes ont été victimes de discrimination.

Durant tout le mois de septembre, les 47 écoles chrétiennes d'Israël ont fait la grève pour protester contre les coupes budgétaires de l’État. Photo AFP.

Alors que la rentrée des écoles en Israël était prévue pour le 1er septembre, ce n’est que lundi dernier que les écoles chrétiennes ont ouvert leurs portes. La raison de ce retard : une grève suivie depuis le 1er septembre par 47 écoles chrétiennes qui exigeaient une égalité de traitement avec les écoles juives. Elle a été levée le 28 septembre suite à la conclusion d'un accord entre le ministère de l'Éducation et les écoles chrétiennes. Retour sur un bras de fer qui dure depuis maintenant plusieurs années.


« Depuis 2009, le ministère israélien de l’Éducation réduit progressivement les subventions aux écoles chrétiennes, un cas de discrimination évident », explique à L’Orient-Le Jour Mgr Giacinto-Boulos Marcuzzo, vicaire patriarcal latin pour Israël. « L’année dernière, ces établissements ont seulement reçu 29% de ce qu’ils auraient dû recevoir et ont dû demander des frais de scolarisation trop lourds aux familles des élèves », précise-t-il.

Il y a quelques années, l’État israélien finançait 65% du budget des écoles chrétiennes. Mais au fil des années, ce chiffre est progressivement tombé jusqu’à 29%.

Pourtant, poursuit l’évêque, l’État doit assurer l’enseignement pour tous et la diversité des systèmes d’éducation. Les écoles chrétiennes considérées comme « reconnues et non publiques » devraient recevoir de l’État des subventions à hauteur de 75% de leur budget, comme le stipule la loi, poursuit-il. C'est parce que leurs protestations n'étaient pas entendues que les écoles ont décidé de se mettre en grève.  

 

Identité chrétienne menacée
Si un enfant juif a droit à une scolarité financée à 100% par l’État israélien, ce n’est pas le cas pour l’élève qui fréquente une école chrétienne. Une situation que Mgr Marcuzzo qualifie de grande injustice.

Pour régler la question de leur financement, l’État israélien a proposé aux institutions chrétiennes de passer en statut d'écoles « publiques », ce que les responsables ont totalement refusé. « Dans le contexte socioculturel et religieux d’Israël, ce serait perdre l’identité de l’éducation spécifique à nos écoles. Nos établissements deviendraient complètement à la merci, matériellement, culturellement et même politiquement, des municipalités et du ministère, estime Mgr Marcuzzo. Nos écoles et nos jeunes seraient absorbés dans l’esprit du milieu sioniste environnant. Il y aurait là une perte irréparable d’identité chrétienne avec toutes les conséquences que cela comporte ».

 

Les meilleures écoles d’Israël
Et l'évêque de mettre en exergue la réussite et la diversité des écoles chrétiennes. « Les chrétiens constituent 2% de la population, nos écoles couvrent 4% du système scolaire général, 30% des étudiants sont issus de nos écoles, 80% de ceux qui travaillent dans le domaine de la haute technologie viennent de nos écoles et la majorité des membres arabes de la Knesset ont reçu une éducation au sein de nos écoles », affirme-t-il.

Les 47 écoles chrétiennes d’Israël accueillent au total 33.000 élèves, 60% de chrétiens et 40% de musulmans parmi la minorité arabe-israélienne, encadrés par 3.000 professeurs. Mgr Marcuzzo se dit fier de cette « mixité positive » qui permet « l’unité et la réconciliation sociales ». Dans les écoles chrétiennes de Jaffa, les écoliers sont chrétiens, musulmans et juifs. « C’est une très belle réalité, car c’est la meilleure garantie pour un avenir de coexistence spéciale pacifique », estime le religieux.

Des élèves chrétiens peuvent être inscrits dans des écoles juives, reconnaît le vicaire patriarcal. Mais s'ils sont « financièrement traités comme tous les autres élèves, ils ne reçoivent néanmoins pas d’enseignement chrétien et, souvent, ils n’apprennent même pas la langue arabe et leur histoire, dénonce le prélat. Cela nous confirme l’importance des écoles chrétiennes pour l'avenir de l’Église en Terre Sainte ».

 

La grève levée
La grève a été levée le 28 septembre, quand les écoles ont « obtenu le minimum nécessaire pour entamer l’année scolaire », selon l'évêque. L'accord conclu avec le ministère de l’Éducation prévoit notamment le versement de 50 millions de shekels (13,7 millions de dollars) pour l'année scolaire 2015-2016. Les parents vont également bénéficier d'une réduction de 25% des droits de scolarité, qui doivent ainsi passer en moyenne de 1.000 à 750 dollars par an.Les enseignants des établissements chrétiens vont par ailleurs être intégrés dans les différents programmes de formation du ministère de l’Éducation, dont ils étaient exclus jusqu'à présent. Les élèves, quant à eux, pourront bénéficier d'heures supplémentaires à l'école, leur permettant de se renforcer dans différentes matières.

 

Le pape François était intervenu durant la grève en demandant « une solution adéquate » au président israélien Reuven Rivlin lors de sa visite au Vatican. Cette intervention a-t-elle eu un effet ? « Certainement, répond Mgr Marcuzzo. Quand le chef de l’État et le ministre de l’Éducation ont vu que les échos de la crise ont atteint le Vatican, ils ont été impressionnés et ont alors fait pression en vue d'une solution rapide ».

Avec la grève, « un grand mouvement d’unité, de solidarité et de coopération, entre toutes les religions et les confessions, les institutions et les associations, est né", affirme le prélat. Le 7 septembre, la plupart des écoles arabes d'Israël avaient fait grève en solidarité avec les établissements de l'enseignement privé chrétien.

Deux commissions officielles ont en outre été créées dans le cadre de l'accord. La première sera chargée de traiter les points en suspens pour parvenir à une égalité entre toutes les écoles, explique Mgr Marcuzzo. La deuxième devra discuter du statut légal des écoles chrétiennes en Israël, qui a un impact direct sur leur financement. 

Le dossier est donc toujours ouvert.
 

 

Pour mémoire
Des milliers de manifestants réclament l'« égalité » pour les écoles chrétiennes en Israël

Alors que la rentrée des écoles en Israël était prévue pour le 1er septembre, ce n’est que lundi dernier que les écoles chrétiennes ont ouvert leurs portes. La raison de ce retard : une grève suivie depuis le 1er septembre par 47 écoles chrétiennes qui exigeaient une égalité de traitement avec les écoles juives. Elle a été levée le 28 septembre suite à la conclusion d'un accord...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut