Après un peu plus de trois heures de dialogue, place de l'Étoile, durant desquelles la rue bouillonnait au rythme des manifestations anti-gouvernementales, les leaders des partis politiques se sont contentés d'assurer "leur soutien au gouvernement" et de promettre de nouvelles discussions la semaine prochaine.
"Des approches politiques et constitutionnelles ont été avancées dans le but de débloquer la crise présidentielle et de trouver des points communs dans les interventions afin qu'ils soient développés lors des prochaines séances", a déclaré le secrétaire général du Parlement, Adnan Daher, lisant le communiqué publié à l'issue de la séance. "Les personnes présentes ont assuré leur soutien au gouvernement afin qu'il mette en application les décisions prises pour traiter les principaux dossiers de la vie quotidienne", a-t-il poursuivi. Une troisième séance de dialogue a été fixée au 22 septembre.
Dès 6h mercredi matin, les forces de sécurité avaient barricadé les alentours du Parlement et coupé toutes les routes menant à la Place de l’Étoile, au centre-ville de Beyrouth. Trois heures plus tard, répondant à l'appel du collectif "Vous puez!", les activistes se sont rassemblés devant l'immeuble d'an-Nahar avec pour objectif d'empêcher les politiciens de se rendre à la deuxième séance de la table de dialogue convoquée par le président de la Chambre Nabih Berry.
Les activistes du collectif avaient qualifié hier sur leur page Facebook la réunion entre les leaders politiques d'"illégale et anticonstitutionnelle". "Préparez les casseroles, les œufs, les déchets et les légumes", avaient-ils écrit en prévision de la manifestation d'aujourd'hui. Mais contrairement à la première séance de dialogue, les activistes n'ont pas réussi à atteindre les voitures des leaders politiques qui ont commencé à arriver dès 10h au Parlement.
"Pas de salut sans dialogue"
Deux heures plus tard, le président de la Chambre Nabih Berry a ouvert la séance de dialogue, en présence du Premier ministre Tammam Salam. M. Berry a souligné "l'importance du dialogue national surtout dans ces circonstances difficiles que traverse le Liban". "Pas de salut sans dialogue", a martelé M. Berry, qui avait décidé de convoquer cette nouvelle table de dialogue après des manifestations massives en août, contre l'incurie du gouvernement, notamment en ce qui concerne la crise des déchets qui sévit au Liban depuis la mi-juillet. Le ministre des Affaires sociales, Rachid Derbas, a fait savoir que le président de la Chambre refuse "toute proposition qui viole la Constitution".
Le chef sortant du Courant patriotique libre, le général Michel Aoun, était parmi les grands absents à cette deuxième séance. Il était représenté par le ministre Gebran Bassil et le député Ibrahim Kanaan. Etaient également présents autour de la table du dialogue : le ministre des Finances Ali Hassan Khalil, le chef du Parti syrien national social Assaad Hardane, le chef du bloc parlementaire du Hezbollah, Mohammad Raad, le président des Marada Sleiman Frangié, le chef du Parti socialiste progressiste Walid Joumblatt, le président des Kataëb Samy Gemayel, le chef du Parti démocratique libanais, Talal Arslane. Le ministre du Tourisme Michel Pharon, le ministre de l'Energie Arthur Nazarian, le ministre des Télécommunications Boutros Harb et le vice-président de la Chambre Farid Makari faisaient également partie des présents.
Le président du bloc du Futur Fouad Siniora, qui a également pris part à la réunion, a affirmé au moment d'entrer au Parlement qu'il fallait "donner à la table du dialogue toutes les chances de réussir".
Avant même la fin de la réunion, Walid Joumblatt a quitté la place de l'Etoile, pour "des raisons personnelles", selon une déclaration à la presse. "(...) L'ambiance est excellente", avait-il fait savoir.
Au terme de la séance, M. Makari a fait savoir que l'instauration d'un suffrage universel pour l'élection d'un président de la République est inenvisageable".
Contacté par L'Orient-Le Jour, le vice-président de la Chambre a assuré que la séance de dialogue était "meilleure que la précédente". "La tension a diminué, chacun écoute l'opinion de l'autre", a-t-il affirmé. Le déblocage de la présidentielle se trouve en tête de l'ordre du jour, a noté M. Makari. "Mais cette question ne sera pas réglée en une séance ou deux", a-t-il ajouté.
Au sujet des manifestations qui avaient eu lieu ce matin, M.Makari a estimé que les protestataires "devaient être plus nombreux parce que toutes leurs demandes sont justes".
Commentant l'absence de Michel Aoun à la table dialogue, M. Makari a indiqué ne pas en connaître les raisons. "Mais il pourrait être présent à la prochaine séance. La porte n'est pas fermée", a-t-il poursuivi.
Le ministre des Télécoms Boutros Harb a pour sa part fait savoir que "la séance était positive", soulignant que les personnes réunies ont abordé en premier lieu le dossier de la présidentielle. La magistrature suprême est vacante depuis le 25 mai 2014. Une nouvelle séance électorale a été fixée au 30 septembre.
Lire aussi
Chehayeb : Que la politique ne se serve pas de l'environnement comme d'une barricade
Les grévistes de la faim persistent et signent : Machnouk doit démissionner
La conférence de dialogue reprend aujourd'hui alors que la crise politique risque de s'envenimer, l’éclairage de Philippe Abi-Akl
"Des approches politiques et constitutionnelles ont été avancées dans le but de...
commentaires (5)
PAS DE PERCÉE ? OU : LA PERSÉE ?
LA LIBRE EXPRESSION
12 h 07, le 17 septembre 2015