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Moyen Orient et Monde - Kenya

Dans le pays de ses ancêtres, la visite d’Obama suscite fierté et... business

Le président américain sera ce week-end sur les bords du lac Victoria, pour la première fois depuis qu'il occupe la Maison-Blanche.

Pour Hosea Owuor, un vendeur de T-shirts à Kisumu, la venue du président Obama au Kenya, ce week-end, est « un business ». Denish Ochieng / AFP

« Obama est une marque... » Pour Hosea Owuor, vendeur de t-shirts du centre de Kisumu, troisième ville kényane située en bordure du lac Victoria, la venue du président américain au Kenya ce week-end est « un business ». Dans l'Ouest kényan plus qu'ailleurs, cette visite de Barack Obama, la première depuis qu'il occupe la Maison-Blanche, soulève l'enthousiasme et aiguise le sens des affaires.
Kisumu est la capitale régionale de la terre des ancêtres de M. Obama. Son père, Barack Obama senior, a grandi à Kogelo, petit village situé à une heure de route de Kisumu. Une bonne partie de la famille y vit encore. Barack Obama n'est venu qu'une poignée de fois au Kenya, mais pour la population locale, majoritairement issue de l'ethnie luo, il est d'ici.
Et que le président pousse jusqu'au village ou pas – son programme reste en partie secret –, Hosea Owuor profitera de la visite. D'ordinaire, ce trentenaire vend des vêtements de deuxième main ou des lunettes made in China. Pour l'occasion, il a commandé 400 T-shirts ornés d'un portrait souriant du président.

Obamaland
Le parcours familial de M. Obama, d'un petit village africain à la Maison-Blanche, est source d'immense fierté pour de nombreux Kényans. Son père a grandi à Kogelo avant de partir étudier aux États-Unis, où il a rencontré et épousé sa mère, Ann Dunham. Le couple s'est rapidement séparé et Barack senior transformé en père absent. Ce n'est qu'après sa mort, dans un accident de voiture à Nairobi en 1982, que Barack Obama s'est décidé à venir au Kenya, en quête de ses racines, à la rencontre des membres de sa famille.
Parmi eux, Saïd, son oncle, se remémore cette première visite en 1987 : « Barack se promenait dans le village sans que personne ne le remarque. À Nairobi, nous prenions les matatus (taxis collectifs), pour aller voir des endroits comme (le bidonville de) Mathare, en sautant par dessus les égouts à ciel ouvert et personne n'y prenait garde. » L'entrée en politique du cousin américain a signé la fin de l'anonymat, pour toute la famille. « Kogelo n'était qu'un village endormi, que personne ne connaissait, poursuit Saïd. Son arrivée au pouvoir a vraiment placé Kogelo sur la carte du monde. »
« Quand il est devenu président, on a eu la route goudronnée et de l'eau potable. Cette école s'est vue doter de deux classes supplémentaires, d'un bureau et d'une réserve. Nous avons un poste de police », renchérit Manasseh Oyucho, directeur de l'école primaire. Kogelo a été raccordé au réseau électrique quelques heures après la victoire de M. Obama en 2008. Route pavée et eau courante ont suivi, le gouvernement s'intéressant subitement à ce petit village négligé.

Dani Sarah et nyakwara Barack
La dernière visite de Barack Obama au Kenya, en 2006, alors qu'il était jeune sénateur, avait suscité un vif engouement. Sa venue ce week-end s'annonce comme un sommet de célébrations cocardières chez des Kényans, qui se permettent quelques libertés avec sa biographie.
Barack Obama ? « Un Kényan, un Luo, un Kogelo ! » lance le directeur de l'école, comme s'il était né dans ce village de 3 000 habitants perché sur un plateau verdoyant. Hosea Owuor en est même sûr : Obama « est né à Siaya » – le comté qui abrite Kogelo – aux antipodes de Hawaï, l'île américaine qui a réellement vu naître le président.
La famille de M. Obama insiste, elle, surtout sur la simplicité de ses liens avec le président. « Il m'appelle oncle, je l'appelle Barry, rigole Saïd. Cela ne veut pas dire que je ne le considère pas comme un président, juste que notre relation date de bien avant son élection. » Assise à l'ombre d'un manguier, Sarah Obama, matriarche de la famille (94 ans), confie que Barack s'est mis au luo, l'idiome local. « Mama Sarah » est affectueusement appelée « grand-mère » par son célèbre petit-fils, même s'ils n'ont pas de liens de sang. « Je le saluerai et il me saluera dans cette langue qu'il a apprise », dit-elle près des tombes toilettées de son mari et de son beau-fils – le père de M. Obama –, dans la propriété familiale de Kogelo. « Il me demandera : Idhi nade, dani ? » (Comment vas-tu, grand-mère ? ) ; « Je lui répondrai : Adhi maber, nyakwara » (Je vais bien, mon petit-fils).

Tristan McCONNELL/AFP

« Obama est une marque... » Pour Hosea Owuor, vendeur de t-shirts du centre de Kisumu, troisième ville kényane située en bordure du lac Victoria, la venue du président américain au Kenya ce week-end est « un business ». Dans l'Ouest kényan plus qu'ailleurs, cette visite de Barack Obama, la première depuis qu'il occupe la Maison-Blanche, soulève l'enthousiasme et aiguise le sens...

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